À quelques kilomètres d'El Jadida, sur la côte Nord de la station balnéaire Sidi Bouzid, chaque passager peut aisément observer une scène saisissante. Une cinquantaine de femmes et de jeunes enfants dispersés le long du rivage, transportant de grands sacs remplis d'un herbier marin teinté de rouge. Les sentiers laissés par les chariots qui transportent ces sacs sont clairement visibles dans le sable.
En s'approchant, l'image gagne en netteté, et cette tache indistincte aperçue de loin se métamorphose en une représentation vivante de travail collaboratif. Chaque individu remplit son rôle avec précision, transformant l'ensemble en une illustration de coopération harmonieuse. Un homme galope habilement sur les rochers, s'assurant que l’enchaînement de cette besogne laborieuse se déroule sans accroc.
En s'approchant, l'image gagne en netteté, et cette tache indistincte aperçue de loin se métamorphose en une représentation vivante de travail collaboratif. Chaque individu remplit son rôle avec précision, transformant l'ensemble en une illustration de coopération harmonieuse. Un homme galope habilement sur les rochers, s'assurant que l’enchaînement de cette besogne laborieuse se déroule sans accroc.
« Chaque jour, je suis aux côtés de ma mère, aux premières lueurs du jour avant la marée haute, et au crépuscule. Elle recueille "Rbiaa" en la déposant délicatement sur le tissu de son pyjama. Ensuite, elle me la ramène pour que je puisse trier les feuilles prêtes à être transportées. Cette expérience me procure une grande satisfaction. Je me sens proche de ma mère et je passe la majorité de mon temps face à la mer », nous raconte Malak, âgée de 12 ans.
Sa mère, Fatima, âgée de 45 ans, exerce ce métier depuis plus de trois décennies. Elle avance avec précaution sur les rochers humides, ses vêtements imprégnés d'eau salée, attachant son long pyjama autour de sa taille pour ne pas perdre une seule feuille. « Chaque année, à cette période, avec les femmes de Sidi Bouzid, nous récoltons "Rbiaa". Après chaque cueillette quotidienne, nous confions notre récolte à un intermédiaire qui l'achète à six dirhams le kilo », partage Fatima.
Sa mère, Fatima, âgée de 45 ans, exerce ce métier depuis plus de trois décennies. Elle avance avec précaution sur les rochers humides, ses vêtements imprégnés d'eau salée, attachant son long pyjama autour de sa taille pour ne pas perdre une seule feuille. « Chaque année, à cette période, avec les femmes de Sidi Bouzid, nous récoltons "Rbiaa". Après chaque cueillette quotidienne, nous confions notre récolte à un intermédiaire qui l'achète à six dirhams le kilo », partage Fatima.
Concernant la disponibilité de cette algue marine au fil des saisons, Fatima affirme que «"Rbiaa" est toujours abondamment présente, elle borde tout le littoral pendant cette période. Nous effectuons la récolte à marée basse, en commençant directement après l'aube. Vers midi, nous la transportons sur le sable humide pour qu'il puisse sécher, et nous reprenons la collecte en fin d'après-midi jusqu'au coucher du soleil ».
Un autre groupe de jeunes âgés entre 15 et 18 ans a préféré collecter cet "or rouge" en toute indépendance. « C'est un moyen alternatif pour que nous puissions avoir notre argent de poche. Lorsque la collecte est fructueuse, nous nous permettons de nous faire plaisir en achetant ce que nous désirons. Cependant, étant donné que la période scolaire approche, nous mettons de côté une partie de l'argent pour acheter des livres et de nouveaux vêtements », racontent-ils.
Un autre groupe de jeunes âgés entre 15 et 18 ans a préféré collecter cet "or rouge" en toute indépendance. « C'est un moyen alternatif pour que nous puissions avoir notre argent de poche. Lorsque la collecte est fructueuse, nous nous permettons de nous faire plaisir en achetant ce que nous désirons. Cependant, étant donné que la période scolaire approche, nous mettons de côté une partie de l'argent pour acheter des livres et de nouveaux vêtements », racontent-ils.
Algue rouge
Il s'agit de la cueillette du « Gelidium sesquipedale », communément appelé « algue rouge ». Cette activité représente une source de revenus pour de nombreuses familles de cette région rurale, qui possède des champs d'algues marines riches, pendant cette saison. La collecte de cet « or rouge », à partir duquel est obtenu l'agar-agar, un produit précieux et hautement demandé dans les domaines pharmaceutique, cosmétique et agroalimentaire, constitue ainsi la principale source de subsistance pour de nombreux ménages pendant l'été.
D'après des experts que nous avons consultés, « l'algue rouge présente diverses applications dans les domaines mentionnés précédemment. En pharmacie, elle est utilisée pour ses propriétés gélifiantes et épaississantes, trouvant sa place dans la formulation de médicaments sous forme de gélules et de solutions buvables. Dans le domaine cosmétique, ses extraits riches en polysaccharides sont appréciés pour leurs vertus hydratantes et apaisantes, ce qui en fait un ingrédient couramment utilisé dans les produits de soins pour la peau et les cheveux. De plus, grâce à son potentiel gélifiant, elle est un additif alimentaire recherché pour épaissir et stabiliser divers produits alimentaires tels que les confitures, les sauces et les desserts ».
« Dans d'autres régions du Royaume, cette activité adopte des formes plus organisées. Par exemple, dans la région de Safi, on observe la présence d'associations spécialisées dans la cueillette et la commercialisation des algues rouges. Ces associations disposent d'équipes dédiées à la récolte, opérant à des profondeurs allant jusqu'à 20 mètres, à l'aide de compresseurs à air à bord de barques traditionnelles, généralement la propriété des membres des coopératives », expliquent nos interlocuteurs.
D'après des experts que nous avons consultés, « l'algue rouge présente diverses applications dans les domaines mentionnés précédemment. En pharmacie, elle est utilisée pour ses propriétés gélifiantes et épaississantes, trouvant sa place dans la formulation de médicaments sous forme de gélules et de solutions buvables. Dans le domaine cosmétique, ses extraits riches en polysaccharides sont appréciés pour leurs vertus hydratantes et apaisantes, ce qui en fait un ingrédient couramment utilisé dans les produits de soins pour la peau et les cheveux. De plus, grâce à son potentiel gélifiant, elle est un additif alimentaire recherché pour épaissir et stabiliser divers produits alimentaires tels que les confitures, les sauces et les desserts ».
« Dans d'autres régions du Royaume, cette activité adopte des formes plus organisées. Par exemple, dans la région de Safi, on observe la présence d'associations spécialisées dans la cueillette et la commercialisation des algues rouges. Ces associations disposent d'équipes dédiées à la récolte, opérant à des profondeurs allant jusqu'à 20 mètres, à l'aide de compresseurs à air à bord de barques traditionnelles, généralement la propriété des membres des coopératives », expliquent nos interlocuteurs.
Un potentiel mal exploité
Selon les données de « FAO Fishstat » pour l'année 2021, la production mondiale d'algues s'élève en moyenne à 35,7 millions de tonnes annuellement. Cependant, le nombre de pays producteurs d'aquaculture dans ce domaine demeure relativement limité, avec plus de 97 % de la production mondiale provenant de cinq pays asiatiques. L'Afrique, quant à elle, ne représente qu'une part modeste de la production, avec seulement 200.000 tonnes produites chaque année par quatre pays (Tanzanie, Maroc, Afrique du Sud et Madagascar), ce qui correspond à seulement 0,5 % de la production globale.
Ainsi, la production d'algues au Maroc provient principalement de la récolte sauvage d'algues rouges et brunes. Selon les données du ministère de l'Agriculture, la production nationale a augmenté, passant de 19.071 tonnes à 22.219 tonnes en 2020. En termes de valeur, la culture des algues a généré 83,385 millions de dirhams en 2020, comparativement à 66,131 MDH en 2015.
La récolte de cet « or rouge » demeure un secteur d'une grande promesse, capable de devenir une source de revenus pour des centaines, voire des milliers de familles vivant dans les régions côtières du Royaume. Pour cela, une réglementation globale se profile comme une opportunité cruciale. Si l'État décide de réguler cette activité, il pourrait créer un environnement favorable, permettant à ces individus de pratiquer leur métier dans des conditions optimales. Tel un trésor sous-marin, cette réglementation bien pensée pourrait débloquer un potentiel immense, offrant aux communautés littorales la chance de prospérer tout en préservant les ressources marines qui sont si vitales pour elles.
Ainsi, la production d'algues au Maroc provient principalement de la récolte sauvage d'algues rouges et brunes. Selon les données du ministère de l'Agriculture, la production nationale a augmenté, passant de 19.071 tonnes à 22.219 tonnes en 2020. En termes de valeur, la culture des algues a généré 83,385 millions de dirhams en 2020, comparativement à 66,131 MDH en 2015.
La récolte de cet « or rouge » demeure un secteur d'une grande promesse, capable de devenir une source de revenus pour des centaines, voire des milliers de familles vivant dans les régions côtières du Royaume. Pour cela, une réglementation globale se profile comme une opportunité cruciale. Si l'État décide de réguler cette activité, il pourrait créer un environnement favorable, permettant à ces individus de pratiquer leur métier dans des conditions optimales. Tel un trésor sous-marin, cette réglementation bien pensée pourrait débloquer un potentiel immense, offrant aux communautés littorales la chance de prospérer tout en préservant les ressources marines qui sont si vitales pour elles.
Yassine ELALAMI
Diversité des algues aquatiques
Les milieux aquatiques abritent une variété impressionnante de genres d’algues, jouant un rôle vital dans les écosystèmes aquatiques. Parmi eux, on trouve les diatomées, de petites algues unicellulaires aux parois siliceuses exquises, qui contribuent significativement à la production de l’oxygène. Les cyanobactéries, également appelées « algues bleues-vertes », sont essentielles à la chaîne alimentaire aquatique, bien qu’elles puissent causer des problèmes écologiques lorsqu’elles prolifèrent en excès.
Les algues vertes, brunes et rouges, quant à elles, ajoutent de la couleur aux environnements aquatiques et offrent des abris et des sources de nourriture à diverses créatures marines. Cette mosaïque de genres d’algues contribue à la santé et à l’équilibre des écosystèmes aquatiques, illustrant la complexité de la vie sous-marine.
Les algues vertes, brunes et rouges, quant à elles, ajoutent de la couleur aux environnements aquatiques et offrent des abris et des sources de nourriture à diverses créatures marines. Cette mosaïque de genres d’algues contribue à la santé et à l’équilibre des écosystèmes aquatiques, illustrant la complexité de la vie sous-marine.