Le Maroc, à l’instar des autres États du continent, a lancé plusieurs initiatives et programmes pour la relance de son économie post-Covid. Ces mesures seront-elles suffisantes pour la reprise réussie de l’activité économique dans tous ses pans? Autrement dit, quelles sont les marges de manœuvre pour les dirigeants africains dans un contexte où le monde est tourné vers cette difficile équation ?
Pour beaucoup d’analystes, la situation des finances publiques en Afrique varie de manière significative d’un pays à l’autre. Toutefois, il est possible d’identifier plusieurs grandes tendances, qui ont débuté bien avant la période de la crise de la Covid-19. Aujourd’hui, force est de constater que la dette africaine a considérablement augmenté au cours de la dernière décennie, en ligne directe avec le fort développement du continent.
En effet, après une forte réduction de l’endettement de nombreux pays grâce à l’initiative d’allègement de la dette des pays les plus endettés dans les années 1990 et 2000, l’endettement public en Afrique subsaharienne est ainsi passé de 33 % du PIB sur la période 2010-16 à 57 % en 2020. Selon des spécialistes, ce chiffre devrait grimper de façon exponentielle.
Cette dette a également évolué dans sa composition, avec une part accrue de la dette non concessionnelle, par exemple auprès de créanciers privés et d’investisseurs obligataires. En 2000, la dette bilatérale et multilatérale (i.e. concessionnelle) représentait 87 % de la dette extérieure publique totale des pays du continent, contre environ 50 % en 2018. La dernière décennie a également vu l’émergence de nouveaux créanciers, dont la Chine et plus récemment la Turquie.
L’émergence de nouveaux créanciers
L’objectif affiché de cette nouvelle dette est essentiellement de financer des investissements – infrastructures, projets clés pour la souveraineté d’un pays comme par exemple la construction de centrales électriques. Toutefois, les besoins de financement et d’investissements en Afrique restent conséquents et trouver des financements à des coûts attractifs et aux durées adaptées avec la durée des projets qu’ils financent reste un des défis majeurs du continent africain. Ce qui faire dire à Anne-Laure Kiechel, fondatrice de Global Sovereign Advisory, qu’il y a encore trop de défiance vis-à-vis des pays africains, dont les marges de crédit restent plus élevées que celles de pays d’autres continents possédant des notations équivalentes.
Partant de ce constat, dit-elle, l’un des défis majeurs des pays africains pour les prochaines années sera de maintenir des politiques budgétaires et d’endettement adaptées (par exemple en travaillant à l’élargissement de l’assiette fiscale), tout en mobilisant des financements à des taux soutenables en adéquation avec l’horizon des investissements.
En effet, l’environnement de taux historiquement bas offre un contexte favorable. Des instruments innovants comme les émissions « sociales » ou encore ceux comportant des garanties partielles sont des éléments de réponse à ce défi et mériteraient d’être encore plus largement utilisés/ institutionnalisés afin de devenir une vraie classe d’actifs.
Grande disparité entre pays
Pour ce qui est des investissements, la CNUCED fait ainsi état d’une chute mondiale des 49 % des flux d’investissements directs étrangers dans le monde au premier semestre de 2020. Avec une contraction de 28 %, l’Afrique fait toutefois preuve de résilience (ces 28 % sont à mettre en regard avec une baisse de 75 % en moyenne pour les pays avancés), une moyenne qui cache toutefois une grande disparité entre pays.
L’Afrique du Nord est davantage touchée (-44 %) que l’Afrique subsaharienne (-21%) ; différence qui s’explique partiellement par une plus grande exposition de l’Afrique subsaharienne à la Chine, qui a évité la seconde vague et a d’ores et déjà renoué avec la croissance.
A la BAD, on estime qu’à l’avenir et une fois les sujets sanitaires mieux maîtrisés, les actions prises par les pays avancés, qu’elles soient sur le plan budgétaire ou monétaire, permettront de relancer la demande, ce qui sera indirectement favorable aux pays importateurs.
Ainsi, l’Afrique qui, hors commerce intra-zone, exporte majoritairement vers l’Union Européenne (31% des exportations en 2019, d’après l’UNCTAD), la Chine (11%), l’Inde (8%) et les États-Unis (6%), devrait bénéficier des effets de mesures de soutien puis de relance de ces économies. Toujours est-il que sans une large manœuvre, dans la gestion de la dette et dans l’investissement massif, la reprise de l’activité économique dure pour les pays africains.
Pour beaucoup d’analystes, la situation des finances publiques en Afrique varie de manière significative d’un pays à l’autre. Toutefois, il est possible d’identifier plusieurs grandes tendances, qui ont débuté bien avant la période de la crise de la Covid-19. Aujourd’hui, force est de constater que la dette africaine a considérablement augmenté au cours de la dernière décennie, en ligne directe avec le fort développement du continent.
En effet, après une forte réduction de l’endettement de nombreux pays grâce à l’initiative d’allègement de la dette des pays les plus endettés dans les années 1990 et 2000, l’endettement public en Afrique subsaharienne est ainsi passé de 33 % du PIB sur la période 2010-16 à 57 % en 2020. Selon des spécialistes, ce chiffre devrait grimper de façon exponentielle.
Cette dette a également évolué dans sa composition, avec une part accrue de la dette non concessionnelle, par exemple auprès de créanciers privés et d’investisseurs obligataires. En 2000, la dette bilatérale et multilatérale (i.e. concessionnelle) représentait 87 % de la dette extérieure publique totale des pays du continent, contre environ 50 % en 2018. La dernière décennie a également vu l’émergence de nouveaux créanciers, dont la Chine et plus récemment la Turquie.
L’émergence de nouveaux créanciers
L’objectif affiché de cette nouvelle dette est essentiellement de financer des investissements – infrastructures, projets clés pour la souveraineté d’un pays comme par exemple la construction de centrales électriques. Toutefois, les besoins de financement et d’investissements en Afrique restent conséquents et trouver des financements à des coûts attractifs et aux durées adaptées avec la durée des projets qu’ils financent reste un des défis majeurs du continent africain. Ce qui faire dire à Anne-Laure Kiechel, fondatrice de Global Sovereign Advisory, qu’il y a encore trop de défiance vis-à-vis des pays africains, dont les marges de crédit restent plus élevées que celles de pays d’autres continents possédant des notations équivalentes.
Partant de ce constat, dit-elle, l’un des défis majeurs des pays africains pour les prochaines années sera de maintenir des politiques budgétaires et d’endettement adaptées (par exemple en travaillant à l’élargissement de l’assiette fiscale), tout en mobilisant des financements à des taux soutenables en adéquation avec l’horizon des investissements.
En effet, l’environnement de taux historiquement bas offre un contexte favorable. Des instruments innovants comme les émissions « sociales » ou encore ceux comportant des garanties partielles sont des éléments de réponse à ce défi et mériteraient d’être encore plus largement utilisés/ institutionnalisés afin de devenir une vraie classe d’actifs.
Grande disparité entre pays
Pour ce qui est des investissements, la CNUCED fait ainsi état d’une chute mondiale des 49 % des flux d’investissements directs étrangers dans le monde au premier semestre de 2020. Avec une contraction de 28 %, l’Afrique fait toutefois preuve de résilience (ces 28 % sont à mettre en regard avec une baisse de 75 % en moyenne pour les pays avancés), une moyenne qui cache toutefois une grande disparité entre pays.
L’Afrique du Nord est davantage touchée (-44 %) que l’Afrique subsaharienne (-21%) ; différence qui s’explique partiellement par une plus grande exposition de l’Afrique subsaharienne à la Chine, qui a évité la seconde vague et a d’ores et déjà renoué avec la croissance.
A la BAD, on estime qu’à l’avenir et une fois les sujets sanitaires mieux maîtrisés, les actions prises par les pays avancés, qu’elles soient sur le plan budgétaire ou monétaire, permettront de relancer la demande, ce qui sera indirectement favorable aux pays importateurs.
Ainsi, l’Afrique qui, hors commerce intra-zone, exporte majoritairement vers l’Union Européenne (31% des exportations en 2019, d’après l’UNCTAD), la Chine (11%), l’Inde (8%) et les États-Unis (6%), devrait bénéficier des effets de mesures de soutien puis de relance de ces économies. Toujours est-il que sans une large manœuvre, dans la gestion de la dette et dans l’investissement massif, la reprise de l’activité économique dure pour les pays africains.
Wolondouka SIDIBE