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Rentrée scolaire: Amzazi dévoile les ingrédients de sa mystérieuse formule


Rédigé par Anass Machloukh Lundi 24 Août 2020

Dans un contexte particulier marqué par la recrudescence de la Covid-19 au niveau national, la rentrée scolaire n’a jamais suscité autant d’incertitudes et de polémique amplifiées par le dernier communiqué du ministère de l’éducation nationale instituant la scolarité à distance comme la règle et celle en mode présentiel comme l'exception. Said Amzazi a réagi en donnant davantage d’éclaircissements concernant son organisation... sans convaincre.



Rentrée scolaire: Amzazi dévoile les ingrédients de sa mystérieuse formule
La nouvelle année scolaire s’annonce charnière et pleine d’incertitudes avant même son commencement. La volonté du ministère de tutelle de combiner entre les modes d’enseignement présentiel et  distanciel n’a laissé personne indifférent d’autant plus que la façon d’organiser cela s’avère très compliquée. Lors d’une intervention télévisée, le Ministre de l'Education Nationale Said Amzazi a tenté de rassurer l’opinion publique.

Combiner entre deux modes d’enseignement  inconciliables

Le ministère avait indiqué que l'enseignement en présentiel sera assuré pour les apprenants dont les parents optent pour ce modèle  à travers un mécanisme particulier.

Pour ce faire, à partir du 1er  septembre, les parents devront remplir un formulaire soit sur une plateforme électronique soit au niveau des écoles pour faire la demande des cours présentiels, indique le Ministre de l’Éducation nationale Said Amzazi.

Ce dernier a justifié ce choix inattendu par le fait qu’il fallait combiner entre les deux modes d’enseignement vu que 40% des élèves surtout ceux issus des milieux défavorisés n’ont pas  eu accès aux cours à distance pendant le confinement et que la situation épidémiologique ne permet pas d’organiser tous les cours en présentiel.

Cette façon de faire semble être calquée sur la stratégie de reprise scolaire mise en place par le système éducatif français au début de l'été après la fin de la période de confinement dans l'hexagone. En effet, dans leur plan de continuité pédagogique, les autorités françaises avaient laissé la présence des élèves aux cours en présentiel à l’appréciation des familles, en exigeant que les élèves restent en liaison avec leur école à travers un certain nombre de liens dont l’enseignement à distance. Les français avaient également décidé d’assurer un temps de cours en présentiel pour tous les élèves en envisageant la possibilité d’alternance des groupes.

Les difficultés d’organisation

En ce qui concerne l’organisation des cours au Maroc, le Ministre de l’éducation nationale a affirmé que  les directeurs des établissements scolaires auront suffisamment de marge de manœuvre sachant qu’ils devront constituer les classes en répartissant les élèves en fonction du mode d’enseignement choisi par leurs tuteurs. Selon le Ministre, ces derniers bénéficieront de 30 heures de cours par semaine que ce soit en présentiel ou à distance.

La tenue des cours présentiels nécessite des efforts exceptionnels en matière de prévention. Le nombre des élèves par classe se déterminera selon la surface des classes en veillant à ce que la distanciation d’un mètre soit respectée, a précisé le ministre.

S’agissant des inégalités que peut présenter ce mode étrange d'enseignement combinant entre un enseignement présentiel optionnel sur lequel se rabattront certainement les couches les plus défavorisées et un autre à distance généralisé, Said Amzazi a axé son argumentaire sur la gratuité de l’accès à Internet pour les plateformes pédagogiques. Ce qui ne répond aucunement à l'autre contrainte de taille qui est celle de l'équipement des ménages en outils informatiques dont principalement les ordinateurs et les tablettes très peu disponibles parmi les classes modestes de la société marocaine.

Interrogé à ce propos, le ministre a préféré botter en touche avouant l'incapacité de son département à mettre à disposition ce genre d'équipements. «En prenant comme hypothèse un prix de 1.000 DH par tablette, et comme cible les deux millions d'élèves bénéficiaires de Tayssir, il faudrait 2 milliards de DH de budget. Nous ne pouvons pas le dégager aujourd'hui», a en effet reconnu Saïd Amzazi lors d'une entrevue exclusive accordée dimanche à nos confrères de médias 24. Ce qui équivaut à un aveu anticipé d'échec du système d'enseignement à distance préconisé. 

Vers un nouvel affrontement entre les parents et les écoles privés

En attendant, la décision de recourir de nouveau à  l’enseignement à distance risque fort de ressusciter le duel entre les parents et les établissements privés sur les frais d'une scolarité jugée diminuée. On se rappelle ainsi de la polémique survenue pendant les mois du confinement lorsque le lobby des écoles privées avait refusé dans sa majorité de consentir des réductions de frais jugées logiques et légitimes par des parents d'élèves qui s'estimaient lésés. Egalement questionné sur ce point, Amzazi bottera une deuxième fois en touche, invoquant l'absence de compétence de son département dans ce cadre privé régi par des clauses contractuelles convenues entre les établissements et les parents. 

Sur un autre volet, la prochaine rentrée scolaire se retrouve également sous la merci d'une autre menace, celle des conflits sociaux à rallonge qui perdure depuis plusieurs mois entre le ministère et les diverses centrales syndicales. Parmi les dossiers les plus en vue, celui des enseignants contractuels promet de s'envenimer  davantage au vu de l'actuelle ambiance délétère qui sévit dans le secteur et que rien n'indique qu'elle s'achemine vers son dénouement.  

La fédération nationale de l’enseignement (FNE) a ainsi accusé le ministère de se prévaloir du contexte de la pandémie pour se soustraire de ses responsabilités vis-à-vis de plusieurs dossiers non résolus en particulier celui des enseignants contractuels. De l’autre côté, L’UNTM a mis en garde le ministère contre la suspension du dialogue social concernant tous les dossiers. Le syndicat a également appelé à l’associer dans la prise des décisions relatifs à la nouvelle rentrée.

En dépit des assurances de Said Amzazi dont on comprend par ailleurs la posture délicate et franchement compliquée, le Ministère de l’éducation nationale est loin de rassurer les marocains sur le devenir de leur progéniture. Et pour ne rien arranger, cette ambiance de doute et de suspicion ne manquera pas d'être aggravée par les dernières mesures qui donnent l'impression que la responsabilité d'éventuelles contaminations au Covid des élèves dont les parents auront opté pour le présentiel sera mise à l'actif de ces mêmes parents.  

En définitive, dans ces circonstances si particulières, un report de la rentrée scolaire, quoique difficile et douloureux, aurait été une option beaucoup plus sage. 








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