Le gouvernement donne l’image de garder sa sérénité et son flegme au moment où les défis s’accumulent et la situation se complique. A la veille du vote du Projet de Loi des Finances à la Chambre des Représentants, les partis de la Majorité (RNI, Istiqlal et PAM) se sont donné rendez-vous à l’hôtel Tour Hassan à Rabat, qui semble devenir le lieu attitré des rassemblements de l’élite politique et économique dans la capitale. Il s’agit de la quatrième réunion en l’espace de trois mois, la dernière s’étant tenue à la veille de la rentrée parlementaire.
On a l’impression que la Majorité tient à ce que le dialogue soit le moteur de sa cohésion pour veiller à ce que les désaccords ou les divergences des points de vue demeurent objets de concertation. Le souvenir des grabuges répétitifs qui ont sabordé le mandat du gouvernement précédent reste vivace dans les esprits. Le dialogue reste donc le mot d’ordre dès que les nuages assombrissent l’horizon. “C’est une conviction qui s’est érigée en dogme”, s’est félicité le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, au prélude de son discours d’ouverture.
On a l’impression que la Majorité tient à ce que le dialogue soit le moteur de sa cohésion pour veiller à ce que les désaccords ou les divergences des points de vue demeurent objets de concertation. Le souvenir des grabuges répétitifs qui ont sabordé le mandat du gouvernement précédent reste vivace dans les esprits. Le dialogue reste donc le mot d’ordre dès que les nuages assombrissent l’horizon. “C’est une conviction qui s’est érigée en dogme”, s’est félicité le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, au prélude de son discours d’ouverture.
Besoin de parler d’une voix commune
Le dialogue et la concertation n’ont jamais été aussi indispensables pour la Majorité qui avait besoin de parler d’une voix commune au moment où la grogne des enseignants contre le nouveau Statut unifié continue de faire couler beaucoup d’encre. Le bras de fer entre Chakib Benmoussa et les syndicats s’est transformé en un problème politique et social lorsque les grèves répétitives des enseignants ont commencé à agacer les familles, dont plusieurs voix indignées critiquent les répercussions des grèves sur l’apprentissage de leurs enfants, le temps scolaire ayant été quasiment réduit à néant. Donc, il fallait absolument examiner la situation et rassurer l’opinion publique sur la problématique du Statut unifié qui suscite l’attention. Un thème qui a quasiment monopolisé les discussions.
Akhannouch rassure les enseignants
Pour sa part, le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a été clair en appelant les enseignants à cesser les grèves et à reprendre leur travail en échange d’une solution concertée avec les syndicats. Lors de son allocution qui a duré une quarantaine de minutes, le patron du RNI a longuement parlé de la question salariale qui demeure l’une des revendications majeures des grévistes. À ses yeux, la réforme, telle que reflétée dans le Statut unifié récemment adopté par le gouvernement, est mal comprise et fait l’objet de plusieurs fausses interprétations.
Selon Akhannouch, l’Exécutif a tenu sa promesse d’augmenter les salaires des enseignants qui sont “une des composantes fondamentales de la réforme de l’école”. Il a évoqué la mise en place du grade d’excellence qui permet d’obtenir une augmentation de 2700 dirhams. Toutefois, le désaccord concerne le cas des enseignants nouvellement formés. Ceci sera discuté avec les syndicats, a-t-il assuré, ajoutant qu’il va également aborder la question des nouvelles mesures disciplinaires et du nouveau régime des sanctions qui suscitent encore des divergences.
Nizar Baraka plaide pour l’intérêt des élèves
Pour sa part, le Secrétaire Général du Parti de l’Istiqlal, Nizar Baraka, a insisté sur la volonté du gouvernement de poursuivre la réforme de l’école publique pour que les familles marocaines puissent garantir à leurs enfants un enseignement de qualité. Le leader du Parti de la Balance a appelé à mettre l’intérêt de l’élève au-dessus de toute considération, faisant ainsi allusion aux grèves.
Le ministre de l’Équipement et de l’Eau a plaidé également pour que tout le monde, y compris le corps des enseignants, adhère à la nouvelle réforme, tout en soulignant la nécessité de dépasser les désaccords actuels par le dialogue responsable et constructif. “Nous sommes d’autant plus attachés à l’école publique qu’elle seule permet l’ascension sociale des classes populaires”, a expliqué le leader des héritiers d’Allal El Fassi dans une déclaration à la presse, rappelant que près de 80% des élèves sont pris en charge par l’enseignement public.
A la sortie de la réunion, Nizar Baraka a fait part de sa satisfaction du parcours du gouvernement qui poursuit la mise en œuvre de son programme.
La colère de Ouahbi qui appelle à “taper du poing sur la table”
De son côté, le patron du Parti Authenticité et Modernité (PAM) et ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, s’est montré plutôt ferme lorsqu’il a pris la parole en appelant les syndicats à la responsabilité. “Certes, il y a eu des grèves auxquelles ont pris part des milliers d’enseignants, mais une grande partie n’est pas sortie dans la rue et préfère le dialogue”, a-til scandé, ajoutant que le ministre de l’Éducation nationale, Chakib Benmoussa, a mené loyalement le dialogue avec les syndicats. “Le gouvernement a débloqué 9 milliards de dirhams pour le nouveau Statut unifié, il faut que les gens assument leur responsabilité”, a poursuivi Ouahbi sur un ton irrité, tout en refusant que les syndicats tordent le bras au gouvernement et abusent de sa bienveillance.
Les partis de la Majorité ont saisi l’occasion de leur réunion pour apporter leur plein soutien au ministre de tutelle, Chakib Benmoussa, qui a porté cette réforme épineuse. Ce soutien est très nécessaire aux yeux du patron du PAM qui s’est plaint du manque de reconnaissance politique à l’égard des réalisations du gouvernement. Sur un ton de reproche, il s’est montré insatisfait de l’injustice dont est victime la Majorité dont le bilan honorable en matière sociale n’est pas, selon lui, apprécié à sa juste valeur. Généralisation de la couverture sociale, aides directes, réforme de la Santé, nouvelle feuille de route pour l’Education nationale, soutien au pouvoir d’achat… autant d’exemples que Ouahbi a pris soin de mentionner pendant son allocution ponctuée d’applaudissements. Il a plaidé pour changer la façon avec laquelle le gouvernement fait la promotion médiatique des réformes qu’il mène. Cela dit, il faut communiquer plus audacieusement et plus massivement pour que le citoyen ordinaire puisse comprendre ce qui se fait en sa faveur. “Nous avons fait au bout de deux ans seulement ce que les gouvernements précédents n’ont pas réussi à faire”, a-t-il insisté, ajoutant sur un ton ironique que “si nous avons besoin d’une manifestation pour que l’opinion découvre plus ce que nous faisons, nous y sommes prêts”. Un propos qui n’a pas manqué de faire éclater quelques esclaffements.