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Riposte économique au Covid-19, les non dits de Benchaâboun


Rédigé par N. BATIJE Mercredi 29 Avril 2020

La séance des questions orales à la Chambre des représentants de lundi dernier fut consacrée aux mesures financières et économiques prises pour faire face à la crise causée par la pandémie du Coronavirus.



Séance du 27 avril des questions orales à la Chambre des représentants. Ph. MAP
Séance du 27 avril des questions orales à la Chambre des représentants. Ph. MAP
Cette séance fut aussi l’occasion pour chacune des parties concernées de dresser, à sa manière, une première évaluation des actions jusqu’ici entreprises et de traiter aussi d’un certain nombre de points afférents essentiellement à l’après Covid-19.

Force est de reconnaître que, lors de son intervention, M. Mohamed Benchaâboun, ministre de l’Économie, des Finances et de la Réforme de l’administration, a eu tendance à rester beaucoup plus « confiné » dans une certaine logique comptable plutôt que procéder d’une quelconque démarche prospective à même d’indexer le Budget 2020 sur la réalité du moment ou de mieux renseigner sur l’après confinement.

Ce qui ferait que l’éventualité d’opter pour une quelconque loi de Finances rectificative ne fait pas partie des préoccupations majeures de l’Argentier du Royaume et tout porte à croire que, jusqu’ici, l’Exécutif compte uniquement sur l’élan de solidarité des personnes physiques et des institutions publiques et privées ainsi que sur les ressources du Fonds de lutte contre la pandémie Coronavirus pour apporter le soutien nécessaire à l’économie nationale et absorber , par la, les chocs négatifs provoqués par cette pandémie en termes d’arrêt d’activité et de perte d’emplois.

Un premier bilan

En bon technicien, M. Benchaâboun a livré des chiffres qui, certes, renseignent sur le niveau de la « dépense publique» opérée en pareille circonstance, mais qui omettent de rendre compte de la qualité d’intervention d’un certain nombre d’intervenants qui, pourtant, ne sont pas des moindres et sont membres à part entière du Comité de Veille Economique, à savoir : les banques et les assurances.

Et pourtant des parlementaires ont bel et bien soulevé la question et ont signifié à M. Benchaâboun, en ces temps difficiles, le peu d’engagement de ces institutions notamment pour ce qui est du report sans frais, intérêts ou agios des échéances des crédits bancaires.

Apparemment, M. Benchaâboun avait d’autres soucis, pour ne pas dire calculs, en tête et a plutôt préféré entretenir les parlementaires de la mesure exceptionnelle à travers laquelle le Parlement avait accordé au gouvernement l’autorisation de dépassement du seuil de la dette extérieure défini dans le cadre de la Loi de Finances de 2020.

En plus de l’utilisation de la ligne de précaution et de liquidité, pour le tirage d’un montant de 3 milliards de dollars remboursable sur une période de 5 ans, avec une période de grâce de 3 ans.

Lequel tirage permettrait d’atténuer les effets de cette crise sur l’économie nationale et préserver les réserves de devises à des niveaux confortables dans une conjoncture qui a fortement pesée sur l’amenuisement des principales sources de monnaies étrangères dont le tourisme, l’export, les transferts des MRE et les IDE.

Qu’en est-il des perspectives d’avenir ?

Sur ce registre, et au moment où pour des partis politiques dont celui de l’Istiqlal, la réflexion sur la relance et la gestion des finances publiques de l’après Covid- 19 ne peut être conçue indépendamment d’une loi de finances rectificative ou d’une communication judicieuse à même de mieux capitaliser sur le débit de confiance, l’Argentier du Royaume développe une autre approche et procède à un effet d’annonce : la mise en place d’une méthodologie de réflexion proactive basée sur la définition de scénarios pouvant être mis en oeuvre pour les deux prochaines étapes.

La première étape concerne le retour progressif des différents secteurs à l’exercice de leurs activités dans le cadre de la coordination avec la stratégie de levée de l’état d’urgence sanitaire, et la seconde porte sur la mise en oeuvre des mécanismes appropriés et renouvelables qui permettront de mettre l’économie nationale sur la voie d’une croissance forte et durable, dans le monde d’après la crise du Covid-19.

En attendant, la mobilisation des ressources nécessaires au décollage économique post-crise, passe déjà à travers des réunions avec les différents départements ministériels appelés à une gestion optimale de la dépense publique.

N’aurait-il pas été plus simple ou plus politiquement correct d’opter pour une loi de finances rectificative ?

N. BATIJE

3 questions à Lahcen Haddad, député istiqlalien et ancien ministre du Tourisme

M. Lahcen Haddad
M. Lahcen Haddad
« Privilégier le passage d’une logique de gestion comptable à une démarche plus intégrée »

Présent lundi, lors la séance des questions orales à la Chambre des représentants consacrée aux « mesures financières et économiques prises pour faire face à la crise causée par la pandémie du Coronavirus Covid-19, M. Lahcen Haddad, député istiqlalien et ancien ministre du Tourisme a bien voulu éclairer « L’Opinion » sur un certain nombre de points ayant marqué son intervention.

Vous défendez l’idée privilégiant le passage d’une logique de pure gestion comptable à une démarche beaucoup plus intégrée.


-Est-ce que vous pouvez nous en dire davantage ?
- L’exécutif est en train de s’adresser à chaque département ministériel, à chaque secteur pris individuellement et lui signifie de refaire ses priorisations, et ce, dans le but de procéder par la suite, en concert avec le ministre des Finances, à une révision de la dépense publique.

- Est-ce possible en l’absence d’une loi de finances rectificative?
- En procédant ainsi, l’Exécutif prépare le terrain au passage à la révision de la loi de finances. Face à cette démarche purement comptable, nous leur avons proposé de regarder de plus près l’ensemble des secteurs, de dégager les priorités de manière globale et passer par la suite à la loi de finances rectificative. Une manière de rompre avec cette logique de réduire par ci et d’en rajouter par là.

- Vous insistez sur plus d’implication des banques dans la mobilisation actuelle. Qu’en est-il exactement ?
-Il va sans dire que les banques sont appelées à faire preuve d’une mobilisation beaucoup plus active au profit de leur clientèle que ce soit des personnes physiques ou morales. Et c’est aux pouvoirs publics de les amener vers plus d’implication dans le processus tel qu’il est enclenché aujourd’hui.

Recueillis par N. B.