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Société : Les femmes du moukef de l’Agdal, ces oubliées de la crise


Rédigé par Kenza AZIOUZI le Lundi 23 Novembre 2020

Cette crise sanitaire aura au moins permis de rappeler à la société l’existence de ces métiers, souvent méprisés et oubliés, et pourtant d’une importance majeure.



Parmi les victimes de la crise liée due à la Covid-19, on retrouve en première ligne les femmes de ménage, et pas n’importe lesquelles, celles des moukef qui ne survivent que grâce à un travail journalier et incertain. 

Elles se réveillent très tôt pour se rendre, dans la brume des premières lueurs du jour, à leur place habituelle, au moukef de l’Agdal, où elles attendent, pendant de longues heures qu’un client se manifeste.  

Vêtues généralement de leurs jellabas et foulards négligés, ces femmes accourent aux vitres des voitures, pour tenter leur chance auprès du premier client. N’ayant que leur force physique comme qualité et moyen de se faire recruter, ce sont généralement les femmes les plus fortes qui l’emportent.

Ces femmes, qui, subviennent aux besoins de leurs familles, se sont retrouvées depuis plusieurs mois sans travail, si ce n’est un très maigre revenu. Elles étaient une dizaine à pointer au même endroit, à la même heure, attendant un éventuel ‘’employeur’’. Depuis l’arrivée de la pandémie, on ne retrouve que trois ou quatre au maximum, attendant désespérément que l’on fasse appel à elles. « Les étudiants ou jeunes fonctionnaires qui avaient besoin de nous pour le ménage ne nous réclament plus depuis la Covid-19 », témoigne Khadija, 33 ans. 

Les jeunes ne sont pas les seuls clients qu’elles ont perdus, mais aussi les familles pour qui elles travaillaient pour les grands ménages.

 « Avec la Covid-19, les gens ont peur et préfèrent rester prudents et se passent de nous. Mais pour nous, la peur de la maladie n’est pas aussi présente et inquiétante que celle de se retrouver sans travail », déplore Fatima, une veuve, qui doit s’occuper de ses deux enfants. 

Ces femmes sortent et prennent des risques considérables tous les jours, pour chercher leur gagnepain, et c’est le cas de toutes personnes qui exercent dans le secteur informel. Dévastés par la précarité de la paralysie financière qui dure depuis des mois, cette crise pousse plusieurs Marocains à la mendicité.

Entre crise et désespoir
Les femmes du moukef gagnent généralement entre 150 et 200 dirhams, d’après elles, c’est rare où on se montre plus généreux. Après 17h, il ya très peu de chance qu’un client se manifeste, alors elles ont recours à la mendicité. « Je ne suis pas fière, mais qu’est-ce que je peux faire d’autre ? Ce n’est pas un choix mais une nécessité, si je veux survivre », s’indigne une des femmes.  

Ces femmes au regard attristé par la situation, sont fatiguées de devoir se rendre chaque matin chercher du travail, sans aucune visibilité. Une instabilité qui dure et qui ne laisse voir aucune lueur d’espoir.

Kenza AZIOUZI

Encadré

CESE : gestion de la crise sanitaire
Le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) a publié une étude sur « les leviers d’actions envisageables ». Le débat tourne autour de l’impact de l’actuelle crise sanitaire et ses enjeux économiques et sociaux. En ce qui concerne le secteur informel, le rapport atteste que l’actuelle crise a mis à nu le niveau élevé de vulnérabilité des populations exerçant dans des métiers faiblement organisés ou dans l’informel. Le système de protection sociale s’avère inadapté et ne dispose pas des atouts nécessaires pour atténuer notamment les effets des licenciements massifs et de la hausse du travail dans l’informel. Le CESE insiste sur l’urgence de la mise en place d’un système de couverture sociale généralisée et de stratégies innovantes pour intégrer le secteur informel et relancer l’économie.







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