L’Occident a-t-il été rattrapé par la réalité? Le 1er octobre dernier, Interpol a officiellement confirmé que son système d’échanges mondial d’informations réintégrait le Bureau central national (NCB) de Damas, lui donnant ainsi accès aux bases de données. «Comme les autres NCB, celui de Damas peut envoyer et recevoir directement des messages d’autres pays membres», précise un communiqué de l’organisation internationale, dont le siège est à Lyon.
Concrètement, cette décision permet à la Syrie de procéder à «l’arrestation provisoire d’une personne dans l’attente de son extradition, de sa remise ou de toute autre procédure judiciaire». Damas pourrait aussi en profiter pour collaborer avec des services de renseignement étrangers dans la traque de terroristes sur son territoire. État membre depuis 1953, le gouvernement syrien avait fait l’objet de «mesures coercitives» dès 2012.
En raison des sanctions et des pressions internationales, Interpol avait restreint l’utilisation des communications entre les États adhérents et la Syrie. Cette réintégration discrète dans un système international est, pour Bachar El-Assad, synonyme d’un pouvoir ostensiblement réinvesti d’une nouvelle légitimité.
Une porte d’accès à la scène internationale pour Damas
«C’est un pas de plus vers le retour de la Syrie sur la scène internationale », résume Bassam Tahhan, politologue franco-syrien et exmaître de conférences d’arabe à l’École polytechnique. «Les Occidentaux ont enfin compris qu’Assad avait gagné, même s’ils ne veulent pas l’admettre officiellement, mais cette réintégration en est la preuve la plus concrète. Américains et Européens ont besoin des renseignements syriens pour la recherche, la traque des terroristes. Cette menace est commune. Donc, finalement, ce processus de réintégration est un procédé gagnant-gagnant pour les deux parties», affirme Tahhan au micro de Sputnik.
En effet, malgré leur défaite territoriale en 2019, les terroristes de Daech restent présents en Syrie et en Irak. Compte tenu de la porosité de la frontière irako- syrienne, le déplacement des djihadistes se ferait sans peine, la géographie désertique et montagneuse de la région jouant en leur faveur.
Par le biais d’une collaboration avec les services d’Interpol, la Syrie pourrait être d’une grande aide aux pays occidentaux du fait qu’elle «dispose d’informations précises sur des djihadistes syriens qui ont fui en Turquie et qui voudraient se rendre en France ou en Allemagne», précise Bassam Tahhan. Rien que du point de vue de la France, c’est 160 djihadistes français qui résident encore en Syrie! Et donc, «il est plus que nécessaire pour les gouvernements européens de collaborer avec les autorités syriennes», tranche le géopolitologue.
Une dynamique tributaire du bon vouloir de Washington
Pourtant, les services de renseignements syriens étaient prêts à collaborer avec la France. Et ce, depuis 2013. Le Premier ministre de l’époque, Manuel Valls, avait opposé une fin de non-recevoir à Damas, qui disait disposer d’une liste de terroristes français présents sur son sol. La raison: Paris refusait de rouvrir son ambassade, fermée en 2012. Une décision qui était loin de faire consensus.
Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon avaient alors jugé «nécessaire» de renouer avec Damas et de coopérer en matière de lutte antiterroriste. Cette réintégration de la Syrie dans une organisation internationale s’inscrirait également dans le sillage d’une politique de normalisation des rapports de Damas avec ses voisins arabes. «Ils reprennent conscience de l’importance de la Syrie», résume Bassam Tahhan.
C’est le cas de la Jordanie, qui a rouvert ses frontières terrestres et aériennes avec son voisin, et des Émirats arabes unis, soucieux de développer leurs échanges économiques. Cette nouvelle dynamique régionale reste tout de même tributaire du bon vouloir de Washington.
«Assad n’a retrouvé aucune légitimité à nos yeux, et il n’est pas question pour les États-Unis de normaliser leurs relations avec son gouvernement pour le moment», déclarait le 29 septembre l’un des porte-parole de l’Administration américaine. Mais, en pratique, les États-Unis semblent lâcher du lest. Avec l’aval de Washington, du gaz et de l’électricité de Jordanie et d’Égypte vont être acheminés vers le Liban en passant par la Syrie. Finalement, le dossier syrien semble être à la croisée des chemins.
Concrètement, cette décision permet à la Syrie de procéder à «l’arrestation provisoire d’une personne dans l’attente de son extradition, de sa remise ou de toute autre procédure judiciaire». Damas pourrait aussi en profiter pour collaborer avec des services de renseignement étrangers dans la traque de terroristes sur son territoire. État membre depuis 1953, le gouvernement syrien avait fait l’objet de «mesures coercitives» dès 2012.
En raison des sanctions et des pressions internationales, Interpol avait restreint l’utilisation des communications entre les États adhérents et la Syrie. Cette réintégration discrète dans un système international est, pour Bachar El-Assad, synonyme d’un pouvoir ostensiblement réinvesti d’une nouvelle légitimité.
Une porte d’accès à la scène internationale pour Damas
«C’est un pas de plus vers le retour de la Syrie sur la scène internationale », résume Bassam Tahhan, politologue franco-syrien et exmaître de conférences d’arabe à l’École polytechnique. «Les Occidentaux ont enfin compris qu’Assad avait gagné, même s’ils ne veulent pas l’admettre officiellement, mais cette réintégration en est la preuve la plus concrète. Américains et Européens ont besoin des renseignements syriens pour la recherche, la traque des terroristes. Cette menace est commune. Donc, finalement, ce processus de réintégration est un procédé gagnant-gagnant pour les deux parties», affirme Tahhan au micro de Sputnik.
En effet, malgré leur défaite territoriale en 2019, les terroristes de Daech restent présents en Syrie et en Irak. Compte tenu de la porosité de la frontière irako- syrienne, le déplacement des djihadistes se ferait sans peine, la géographie désertique et montagneuse de la région jouant en leur faveur.
Par le biais d’une collaboration avec les services d’Interpol, la Syrie pourrait être d’une grande aide aux pays occidentaux du fait qu’elle «dispose d’informations précises sur des djihadistes syriens qui ont fui en Turquie et qui voudraient se rendre en France ou en Allemagne», précise Bassam Tahhan. Rien que du point de vue de la France, c’est 160 djihadistes français qui résident encore en Syrie! Et donc, «il est plus que nécessaire pour les gouvernements européens de collaborer avec les autorités syriennes», tranche le géopolitologue.
Une dynamique tributaire du bon vouloir de Washington
Pourtant, les services de renseignements syriens étaient prêts à collaborer avec la France. Et ce, depuis 2013. Le Premier ministre de l’époque, Manuel Valls, avait opposé une fin de non-recevoir à Damas, qui disait disposer d’une liste de terroristes français présents sur son sol. La raison: Paris refusait de rouvrir son ambassade, fermée en 2012. Une décision qui était loin de faire consensus.
Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon avaient alors jugé «nécessaire» de renouer avec Damas et de coopérer en matière de lutte antiterroriste. Cette réintégration de la Syrie dans une organisation internationale s’inscrirait également dans le sillage d’une politique de normalisation des rapports de Damas avec ses voisins arabes. «Ils reprennent conscience de l’importance de la Syrie», résume Bassam Tahhan.
C’est le cas de la Jordanie, qui a rouvert ses frontières terrestres et aériennes avec son voisin, et des Émirats arabes unis, soucieux de développer leurs échanges économiques. Cette nouvelle dynamique régionale reste tout de même tributaire du bon vouloir de Washington.
«Assad n’a retrouvé aucune légitimité à nos yeux, et il n’est pas question pour les États-Unis de normaliser leurs relations avec son gouvernement pour le moment», déclarait le 29 septembre l’un des porte-parole de l’Administration américaine. Mais, en pratique, les États-Unis semblent lâcher du lest. Avec l’aval de Washington, du gaz et de l’électricité de Jordanie et d’Égypte vont être acheminés vers le Liban en passant par la Syrie. Finalement, le dossier syrien semble être à la croisée des chemins.
Avec Sputnik
Erdogan prêt à «réagir rapidement» dans le nord syrien
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est dit prêt lundi à «prendre les mesures nécessaires» pour éliminer rapidement les menaces contre ses forces, après les récentes attaques perpétrées contre elles dans le nord de la Syrie. «Nous sommes déterminés à éliminer nous-mêmes les menaces en provenance de Syrie», a prévenu le président turc à la sortie d’une réunion de cabinet, indiquant que sa «patience est à bout».
Au moins six personnes, dont des civils, ont été tuées lundi dans l’explosion d’une voiture piégée dans une zone du nord de la Syrie sous contrôle des forces turques, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). L’explosion s’est produite dans la ville d’Afrine, située dans la province septentrionale d’Alep, dans le nordouest de la Syrie.
«Les récentes attaques et le harcèlement visant nos forces de police ont atteint leur limite», a poursuivi le président Erdogan. «Nous prendrons les mesures nécessaires dès que possible». «Notre patience est à bout face à ces zones de Syrie d’où proviennent les attaques terroristes visant notre pays», a-t-il insisté. La région kurde d’Afrine, dans le nord-ouest de la Syrie, à environ 70 km d’Idleb, a été conquise en mars 2018 par des forces turques et leurs supplétifs syriens. Le secteur, comme tous les territoires tenus par les rebelles proturcs, est régulièrement secoué par des assassinats ciblés, des attentats et des explosions, imputés généralement par Ankara aux milices kurdes.
Des milliers de combattants et de civils évacués des zones reprises par le régime syrien sont regroupés dans cette zone d’Afrine, dont des membres de Jaich al-Islam (l’Armée de l’islam), l’un des plus importants groupes de l’opposition dans la région de Damas, après le début de la guerre en Syrie en 2011.