Après deux années de continuité, Bank Al-Maghrib (BAM) décide de changer subitement de cap. Réuni mardi 27 septembre, le Conseil de la Banque Centrale a fait passer le taux directeur de 1,5% à 2%. A travers ce relèvement de taux, BAM cherche à «prévenir tout désencrage des anticipations d’inflation et assurer les conditions d’un retour rapide à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix», lit-on dans le communiqué diffusé après la réunion.
En effet, après plusieurs années durant lesquelles le taux d’inflation a flirté avec zéro, il connaît une hausse brutale au cours de l’année en cours. Le communiqué de BAM confirme que «les données relatives aux huit premiers mois de l’année indiquent que l’inflation a poursuivi son accélération pour atteindre 8% en août après 7,7% en juillet, 6,3% en moyenne au deuxième trimestre et 4% au premier». Les projections de la Banque Centrale tablent dorénavant sur une inflation à 6,3% sur l’ensemble de l’année, soit bien plus que le chiffre de 5,3% annoncé lors du précédent Conseil.
Les chiffres s’affolent
«Jusqu’à présent, l’attitude de Bank Al-Maghrib consistait en «wait & see» (attendre et observer, NDLR). Avant de prendre une décision, l’institution voulait être certaine que cette inflation n’était pas que passagère», analyse l’économiste Zakaria Garti. Depuis des mois, le phénomène d’une augmentation généralisée des prix s’est bien installé dans l’économie marocaine.
Comme le relève l’institution dirigée par Abdellatif Jouahri, les produits alimentaires à prix volatiles se sont renchéris de 13,1% en moyenne en juillet et août après 6,4% au deuxième trimestre. Les carburants et lubrifiants, quant à eux, ont connu des hausses de prix de 64% en juillet et de 47% en août, après une augmentation de plus de 53% au second trimestre.
«Sur les 116 sections de produits et services qui composent le panier de référence de l’indice des prix à la consommation, 60,3% ont connu une augmentation de plus de 2% en août contre 42,2% en janvier 2022 et 23% en moyenne entre 2018 et 2019», révèle le communiqué de presse de BAM. Le Maroc ne fait que subir une inflation importée, conséquence de la hausse des prix des matières premières au niveau international. Le prix du baril de Brent est en moyenne de 104,1 dollars cette année, contre 70,4 dollars en 2021.
Même tendance pour les produits alimentaires, puisque, selon les prévisions de BAM, «les prix resteraient élevés en raison de la persistance de la pression sur l’offre mondiale et de l’augmentation des coûts des intrants, notamment énergétiques ». L’indice FAO, qui calcule le prix des produits alimentaires, enregistrerait en 2022 une hausse de 15,4%.
Dos au mur
Devant de tels chiffres, l’attentisme n’est plus permis pour la Banque Centrale.«Il vaut mieux payer un prix léger en agissant rapidement sur l’inflation à travers le relèvement du taux directeur, plutôt que d’attendre de la voir se généraliser et durer dans le temps. Car on serait alors obligés de prendre des mesures draconiennes qui auraient des impacts plus forts aussi bien sur les citoyens que sur les entreprises», a justifié, en conférence de presse, le wali de BAM. La Banque Centrale pouvaitelle aller plus loin, en augmentant encore plus le taux directeur ? Cela pourrait être une solution afin de juguler l’inflation, en ne la laissant pas s’étaler dans le temps.
Selon BAM, l’inflation serait de 2,4% en moyenne pour 2023, alors que l’institution ne prévoyait que 2% en juin dernier. Là encore, le wali a préféré jouer la prudence. En augmentant le taux directeur de 0,5%, «nous avons choisi de ne pas être dans la démesure», a commenté Abdellatif Jouahri. «Si nous voulions revenir à une inflation de 2% en 2023, il aurait fallu augmenter le taux directeur de 75 points de base. Mais nous n’avons pas retenu cette option, car nous estimons qu’il y a encore beaucoup d’incertitudes internes et externes», a-t- il expliqué.
En effet, après plusieurs années durant lesquelles le taux d’inflation a flirté avec zéro, il connaît une hausse brutale au cours de l’année en cours. Le communiqué de BAM confirme que «les données relatives aux huit premiers mois de l’année indiquent que l’inflation a poursuivi son accélération pour atteindre 8% en août après 7,7% en juillet, 6,3% en moyenne au deuxième trimestre et 4% au premier». Les projections de la Banque Centrale tablent dorénavant sur une inflation à 6,3% sur l’ensemble de l’année, soit bien plus que le chiffre de 5,3% annoncé lors du précédent Conseil.
Les chiffres s’affolent
«Jusqu’à présent, l’attitude de Bank Al-Maghrib consistait en «wait & see» (attendre et observer, NDLR). Avant de prendre une décision, l’institution voulait être certaine que cette inflation n’était pas que passagère», analyse l’économiste Zakaria Garti. Depuis des mois, le phénomène d’une augmentation généralisée des prix s’est bien installé dans l’économie marocaine.
Comme le relève l’institution dirigée par Abdellatif Jouahri, les produits alimentaires à prix volatiles se sont renchéris de 13,1% en moyenne en juillet et août après 6,4% au deuxième trimestre. Les carburants et lubrifiants, quant à eux, ont connu des hausses de prix de 64% en juillet et de 47% en août, après une augmentation de plus de 53% au second trimestre.
«Sur les 116 sections de produits et services qui composent le panier de référence de l’indice des prix à la consommation, 60,3% ont connu une augmentation de plus de 2% en août contre 42,2% en janvier 2022 et 23% en moyenne entre 2018 et 2019», révèle le communiqué de presse de BAM. Le Maroc ne fait que subir une inflation importée, conséquence de la hausse des prix des matières premières au niveau international. Le prix du baril de Brent est en moyenne de 104,1 dollars cette année, contre 70,4 dollars en 2021.
Même tendance pour les produits alimentaires, puisque, selon les prévisions de BAM, «les prix resteraient élevés en raison de la persistance de la pression sur l’offre mondiale et de l’augmentation des coûts des intrants, notamment énergétiques ». L’indice FAO, qui calcule le prix des produits alimentaires, enregistrerait en 2022 une hausse de 15,4%.
Dos au mur
Devant de tels chiffres, l’attentisme n’est plus permis pour la Banque Centrale.«Il vaut mieux payer un prix léger en agissant rapidement sur l’inflation à travers le relèvement du taux directeur, plutôt que d’attendre de la voir se généraliser et durer dans le temps. Car on serait alors obligés de prendre des mesures draconiennes qui auraient des impacts plus forts aussi bien sur les citoyens que sur les entreprises», a justifié, en conférence de presse, le wali de BAM. La Banque Centrale pouvaitelle aller plus loin, en augmentant encore plus le taux directeur ? Cela pourrait être une solution afin de juguler l’inflation, en ne la laissant pas s’étaler dans le temps.
Selon BAM, l’inflation serait de 2,4% en moyenne pour 2023, alors que l’institution ne prévoyait que 2% en juin dernier. Là encore, le wali a préféré jouer la prudence. En augmentant le taux directeur de 0,5%, «nous avons choisi de ne pas être dans la démesure», a commenté Abdellatif Jouahri. «Si nous voulions revenir à une inflation de 2% en 2023, il aurait fallu augmenter le taux directeur de 75 points de base. Mais nous n’avons pas retenu cette option, car nous estimons qu’il y a encore beaucoup d’incertitudes internes et externes», a-t- il expliqué.
Trois questions à Zakaria Garti
« L’augmentation du taux directeur n’a pas de répercussions aussi fortes que dans d’autres pays »
Zakaria Garti, économiste et responsable dans une banque internationale, a répondu à nos questions sur l’impact de la hausse du taux directeur sur l’économie.
- Pourquoi BAM a longtemps hésité avant de décider l’augmentation du taux directeur ?
- Jusqu’à présent, il y avait un débat autour de cette inflation, car on ne savait pas si elle était transitoire ou durable. Il ne faut pas oublier qu’elle est en majorité importée, et qu’elle n’est pas accompagnée d’une surchauffe économique, comme dans le cas des Etats-Unis. De plus, la zone Euro n’avait pas augmenté son taux directeur. Maintenant, le caractère durable de cette inflation n’est plus un sujet, puisque tous les indicateurs montrent qu’elle va s’installer dans le temps.
- Une augmentation de 50 points de base sera-t-elle efficace ?
- L’augmentation du taux directeur est avant tout un signal envoyé au marché. Personnellement, je prévoyais une augmentation de 25 points de base, puisque 50 points de base reste une augmentation importante. Le Maroc ne possède pas une économie avec des marchés financiers intégrés, contrairement aux pays européens ou aux Etats-Unis par exemple. L’augmentation du taux directeur n’a pas de répercussions systématiques et aussi fortes que dans ces pays.
- Aura-t-elle des conséquences sur la distribution de crédits ?
- Même lorsque le taux directeur était bas durant la période Covid, la distribution de crédits n’était pas importante. Cette distribution de crédits risque d’être encore plus affectée par cette augmentation du taux directeur, sans pour autant endiguer l’inflation.
- Pourquoi BAM a longtemps hésité avant de décider l’augmentation du taux directeur ?
- Jusqu’à présent, il y avait un débat autour de cette inflation, car on ne savait pas si elle était transitoire ou durable. Il ne faut pas oublier qu’elle est en majorité importée, et qu’elle n’est pas accompagnée d’une surchauffe économique, comme dans le cas des Etats-Unis. De plus, la zone Euro n’avait pas augmenté son taux directeur. Maintenant, le caractère durable de cette inflation n’est plus un sujet, puisque tous les indicateurs montrent qu’elle va s’installer dans le temps.
- Une augmentation de 50 points de base sera-t-elle efficace ?
- L’augmentation du taux directeur est avant tout un signal envoyé au marché. Personnellement, je prévoyais une augmentation de 25 points de base, puisque 50 points de base reste une augmentation importante. Le Maroc ne possède pas une économie avec des marchés financiers intégrés, contrairement aux pays européens ou aux Etats-Unis par exemple. L’augmentation du taux directeur n’a pas de répercussions systématiques et aussi fortes que dans ces pays.
- Aura-t-elle des conséquences sur la distribution de crédits ?
- Même lorsque le taux directeur était bas durant la période Covid, la distribution de crédits n’était pas importante. Cette distribution de crédits risque d’être encore plus affectée par cette augmentation du taux directeur, sans pour autant endiguer l’inflation.
Recueillis par S. C.