“Mon équipe est à 100% en télétravail, peu m’importe”, s’en moque Najette Fellache, cheffe d’entreprise, dans un poste sur LinkedIn, confessant que plusieurs salariés de son staff se trouvent dans d’autres pays. Chose qui ne la dérange absolument pas. Pour cette jeune patronne, l’essentiel est que le travail et le rendement soient à la hauteur des attentes. “Tant que le travail est fait, peu importe où les employés sont”, a-t-elle renchéri, en disant fièrement qu’elle n’a pas attendu la pandémie pour proposer du télétravail.
En effet, Najette donne le libre choix à ses salariés de se présenter au bureau ou d’opter complètement pour le travail à distance. Une possibilité accordée aux personnes dont le domicile est très loin du lieu de travail. Finalement, cette option a plu à la totalité de son équipe, tout le monde a choisi la formule 100% télétravail avec la possibilité de se rencontrer régulièrement avec les collègues au restaurant ou lors d’activités d’équipe.
L’engouement des Marocains
Ceci en dit long sur l’état d’esprit des salariés du XXIème siècle, que la révolution numérique a confinés chez eux, en leur permettant de travailler comme s’ils étaient au bureau. Cet état d’esprit prévaut aussi au Maroc, où la majorité écrasante des employés préfèrent le télétravail. En témoigne la dernière enquête du Conseil Economique, Social et Environnemental, dont les conclusions n’ont pas laissé l’ombre d’un doute sur l’appétence des Marocains pour le travail à distance.
Plus de 81,6% des personnes sondées ont estimé que le télétravail est une opportunité. Il s’agit pour ces derniers d’une façon d’économiser du temps et de l’argent. En effet, ici on parle du coût de déplacement que le télétravail épargne aux travailleurs.
En plus de l’économie des frais de transport, le télétravail est d’autant plus commode qu’il a d’autres vertus, surtout sur le plan psychologique. Force est de constater que la moitié des répondants ont estimé qu’il leur permet de réduire le niveau de stress, d’avoir plus d’autonomie dans la gestion des tâches, ainsi qu’une meilleure concentration.
Tendance irréversible ?
Si les travailleurs marocains rechignent de plus en plus à la “sédentarité du bureau”, c’est parce qu’ils ont la certitude que le télétravail s’impose comme nouvelle tendance au Maroc. 89% le pensent franchement, dont 64,4% sont persuadés que ce nouveau mode doit être alterné avec le travail présentiel. En revanche, 35,4% ont tranché en faveur d’un passage complet vers le mode distanciel.
Les personnes sondées parlent en connaissance de cause puisque la majorité d’entre elles ont déjà expérimenté le télétravail. L’enquête du CESE montre que 74% des participants au sondage estiment avoir déjà expérimenté le télétravail. Parmi ces personnes, presque 14% affirment l’avoir pratiqué avant le Covid, et plus de 71% durant le confinement.
Il va sans dire que le mode de travail dans le monde entier se métamorphose en se jetant dans une marche irréversible vers le travail numérisé à distance. Les travailleurs “nomades”, comme on les appelle, sont de plus en plus nombreux, sachant que ce phénomène se développe de façon frappante au point que l’on parle désormais de cités de «travailleurs nomades” dans plusieurs coins du monde regroupant des profils internationaux.
Les patrons marocains rouspètent !
Comme le fait d’embaucher des travailleurs internationaux qui opèrent à distance est un luxe réservé aux multinationales, sa réussite dépend de plusieurs facteurs, surtout dans des pays comme le Maroc. “L’adoption du télétravail est une question de moyens. Ce mode est plus difficile à appliquer pour les entreprises de petite ou moyenne taille”, estime Philippe Montant, directeur général de “Rekrute.com”, qui a fait part de la réticence d’une grande partie des employeurs au Maroc à l’égard du télétravail. 75% seraient contre, selon une enquête menée par sa propre plateforme.
Bien qu’il soit plébiscité par les travailleurs, le télétravail n’a pas que des vertus. Tel que pratiqué par les multinationales qui ont la capacité de permettre ce luxe, il consiste à organiser les réunions la nuit et même les week-ends. Ceci ouvre la voie à la surcharge et au travail permanent. “Il n’y a plus de limite à ce moment-là», reprend M. Montant, qui explique qu’une partie des entreprises préfèrent avoir des salariés présents physiquement avec une durée de travail limitée dans le temps plutôt que d’avoir des salariés à distance mal organisés.
Notre interlocuteur estime que l’interaction humaine est nécessaire, ajoutant que les entreprises en ont besoin pour assurer une organisation efficace, d’autant que la majeure partie des entreprises, notamment au Maroc, manquent d’outils de pilotage pour contrôler l’action de leurs salariés quand ils bossent loin du lieu de travail.
Ce problème est d’autant plus prégnant que le faible débit d’Internet et les problèmes qui en découlent compliquent la coordination au sein d’une même équipe. “Pour un patron, un salarié qui n’est plus là, ne travaille pas forcément», opine M. Montant, ajoutant que les réunions de travail sont souvent plus fructueuses quand elles se déroulent en présentiel.
En effet, Najette donne le libre choix à ses salariés de se présenter au bureau ou d’opter complètement pour le travail à distance. Une possibilité accordée aux personnes dont le domicile est très loin du lieu de travail. Finalement, cette option a plu à la totalité de son équipe, tout le monde a choisi la formule 100% télétravail avec la possibilité de se rencontrer régulièrement avec les collègues au restaurant ou lors d’activités d’équipe.
L’engouement des Marocains
Ceci en dit long sur l’état d’esprit des salariés du XXIème siècle, que la révolution numérique a confinés chez eux, en leur permettant de travailler comme s’ils étaient au bureau. Cet état d’esprit prévaut aussi au Maroc, où la majorité écrasante des employés préfèrent le télétravail. En témoigne la dernière enquête du Conseil Economique, Social et Environnemental, dont les conclusions n’ont pas laissé l’ombre d’un doute sur l’appétence des Marocains pour le travail à distance.
Plus de 81,6% des personnes sondées ont estimé que le télétravail est une opportunité. Il s’agit pour ces derniers d’une façon d’économiser du temps et de l’argent. En effet, ici on parle du coût de déplacement que le télétravail épargne aux travailleurs.
En plus de l’économie des frais de transport, le télétravail est d’autant plus commode qu’il a d’autres vertus, surtout sur le plan psychologique. Force est de constater que la moitié des répondants ont estimé qu’il leur permet de réduire le niveau de stress, d’avoir plus d’autonomie dans la gestion des tâches, ainsi qu’une meilleure concentration.
Tendance irréversible ?
Si les travailleurs marocains rechignent de plus en plus à la “sédentarité du bureau”, c’est parce qu’ils ont la certitude que le télétravail s’impose comme nouvelle tendance au Maroc. 89% le pensent franchement, dont 64,4% sont persuadés que ce nouveau mode doit être alterné avec le travail présentiel. En revanche, 35,4% ont tranché en faveur d’un passage complet vers le mode distanciel.
Les personnes sondées parlent en connaissance de cause puisque la majorité d’entre elles ont déjà expérimenté le télétravail. L’enquête du CESE montre que 74% des participants au sondage estiment avoir déjà expérimenté le télétravail. Parmi ces personnes, presque 14% affirment l’avoir pratiqué avant le Covid, et plus de 71% durant le confinement.
Il va sans dire que le mode de travail dans le monde entier se métamorphose en se jetant dans une marche irréversible vers le travail numérisé à distance. Les travailleurs “nomades”, comme on les appelle, sont de plus en plus nombreux, sachant que ce phénomène se développe de façon frappante au point que l’on parle désormais de cités de «travailleurs nomades” dans plusieurs coins du monde regroupant des profils internationaux.
Les patrons marocains rouspètent !
Comme le fait d’embaucher des travailleurs internationaux qui opèrent à distance est un luxe réservé aux multinationales, sa réussite dépend de plusieurs facteurs, surtout dans des pays comme le Maroc. “L’adoption du télétravail est une question de moyens. Ce mode est plus difficile à appliquer pour les entreprises de petite ou moyenne taille”, estime Philippe Montant, directeur général de “Rekrute.com”, qui a fait part de la réticence d’une grande partie des employeurs au Maroc à l’égard du télétravail. 75% seraient contre, selon une enquête menée par sa propre plateforme.
Bien qu’il soit plébiscité par les travailleurs, le télétravail n’a pas que des vertus. Tel que pratiqué par les multinationales qui ont la capacité de permettre ce luxe, il consiste à organiser les réunions la nuit et même les week-ends. Ceci ouvre la voie à la surcharge et au travail permanent. “Il n’y a plus de limite à ce moment-là», reprend M. Montant, qui explique qu’une partie des entreprises préfèrent avoir des salariés présents physiquement avec une durée de travail limitée dans le temps plutôt que d’avoir des salariés à distance mal organisés.
Notre interlocuteur estime que l’interaction humaine est nécessaire, ajoutant que les entreprises en ont besoin pour assurer une organisation efficace, d’autant que la majeure partie des entreprises, notamment au Maroc, manquent d’outils de pilotage pour contrôler l’action de leurs salariés quand ils bossent loin du lieu de travail.
Ce problème est d’autant plus prégnant que le faible débit d’Internet et les problèmes qui en découlent compliquent la coordination au sein d’une même équipe. “Pour un patron, un salarié qui n’est plus là, ne travaille pas forcément», opine M. Montant, ajoutant que les réunions de travail sont souvent plus fructueuses quand elles se déroulent en présentiel.
Anass MACHLOUKH
3 questions à Philippe Montant
“Le télétravail peine à fonctionner dans des entreprises de taille moyenne”
Philippe Montant, directeur général de Rekrute.com, a répondu à nos questions sur la perception du télétravail par les patrons.
- L’enquête du CESE a montré que les salariés marocains plébiscitent le télétravail, qu’en est-il des patrons d’entreprises ?
- Permettez-moi de partager avec vous les conclusions d’un sondage que nous avions mené et qui montre que 75% des employeurs sont contre le télétravail. Seuls 25% se sont déclarés favorables au mode hybride. Donc, cela prouve que les recruteurs marocains ne sont pas encore disposés à accepter le télétravail comme mode de travail permanent. A partir de ces chiffres, on comprend que les entreprises marocaines, notamment les grandes boîtes, ne sont pas nombreuses à pratiquer le télétravail et ne sont pas encore disposées à l’encourager.
- Qu’est-ce qui explique la réticence des employeurs ?
- Il se trouve que le télétravail est souvent promu dans les grandes entreprises, notamment dans les multinationales qui ont les moyens de contrôler leurs salariés bien qu’ils soient ailleurs.
À mon avis, il y a une raison majeure à cette réticence que l’on voit au Maroc, c’est le manque de moyens. Nombreuses sont les entreprises, notamment les PME, qui manquent d’outils nécessaires pour contrôler leurs salariés. Les employés, pour leur part, n’aiment pas être contrôlés. J’ajoute que les entreprises nous disent souvent que ça marche mieux, qu’on est tous ensemble, parce qu’en distanciel, on perd tous les atouts de l’échange interhumain, fût-il informel. Cet échange est jugé précieux puisqu’il est source d’innovation. Ils nous disent aussi que cette fibre humaine est introuvable dans le télétravail.
- Quelles sont les conditions pour que le télétravail soit productif ?
- Le travail distanciel n’est possible que si certaines conditions sont respectées, c’est-à-dire si tout est piloté à distance et si les tâches sont réparties efficacement avec une grande capacité d’autonomie des salariés. En télétravail, on peine à aboutir à l’innovation et à régler des problèmes subtiles, et surtout à ressentir le plaisir du travail en groupe puisqu’il faut de l’interaction humaine. Vous avez certainement vu l’affaire de Tesla, dont le patron Elon Musk a rappelé tout le monde au bureau, jugeant que le télétravail doit être autorisé mais pas recommandé.
- L’enquête du CESE a montré que les salariés marocains plébiscitent le télétravail, qu’en est-il des patrons d’entreprises ?
- Permettez-moi de partager avec vous les conclusions d’un sondage que nous avions mené et qui montre que 75% des employeurs sont contre le télétravail. Seuls 25% se sont déclarés favorables au mode hybride. Donc, cela prouve que les recruteurs marocains ne sont pas encore disposés à accepter le télétravail comme mode de travail permanent. A partir de ces chiffres, on comprend que les entreprises marocaines, notamment les grandes boîtes, ne sont pas nombreuses à pratiquer le télétravail et ne sont pas encore disposées à l’encourager.
- Qu’est-ce qui explique la réticence des employeurs ?
- Il se trouve que le télétravail est souvent promu dans les grandes entreprises, notamment dans les multinationales qui ont les moyens de contrôler leurs salariés bien qu’ils soient ailleurs.
À mon avis, il y a une raison majeure à cette réticence que l’on voit au Maroc, c’est le manque de moyens. Nombreuses sont les entreprises, notamment les PME, qui manquent d’outils nécessaires pour contrôler leurs salariés. Les employés, pour leur part, n’aiment pas être contrôlés. J’ajoute que les entreprises nous disent souvent que ça marche mieux, qu’on est tous ensemble, parce qu’en distanciel, on perd tous les atouts de l’échange interhumain, fût-il informel. Cet échange est jugé précieux puisqu’il est source d’innovation. Ils nous disent aussi que cette fibre humaine est introuvable dans le télétravail.
- Quelles sont les conditions pour que le télétravail soit productif ?
- Le travail distanciel n’est possible que si certaines conditions sont respectées, c’est-à-dire si tout est piloté à distance et si les tâches sont réparties efficacement avec une grande capacité d’autonomie des salariés. En télétravail, on peine à aboutir à l’innovation et à régler des problèmes subtiles, et surtout à ressentir le plaisir du travail en groupe puisqu’il faut de l’interaction humaine. Vous avez certainement vu l’affaire de Tesla, dont le patron Elon Musk a rappelé tout le monde au bureau, jugeant que le télétravail doit être autorisé mais pas recommandé.
Recueillis par A. M.