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Transfert des fonds: La manne des MRE se consolide malgré la conjoncture


Rédigé par A. CHANNAJE Lundi 17 Mai 2021

D’après la Banque Mondiale, les transferts de fonds des MRE ont enregistré une hausse de 6,5% à environ 7,4 milliards de dollars en 2020.



Dans son nouveau rapport : « Migration and Development Brief 34 », la Banque Mondiale souligne que les transferts d’argent vers la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) ont augmenté de 2,3% pour atteindre environ 56 milliards de dollars en 2020. Une performance qui est due principalement aux forts flux d’envois de fonds vers le Maroc et l’Égypte. Sachant que la Banque, dans un rapport publié en octobre dernier, avait prédit leur contraction de 19,6% en 2020 en raison de la crise sanitaire.

Dans ce présent rapport, les indicateurs de l’institution de Bretton Woods montrent que les transferts de fonds des Marocains Résidant à l’Etranger (MRE) ont enregistré une hausse de 6,5% à environ 7,4 milliards de dollars en 2020, contre 6,9 milliards de dollars en 2019, soit le même chiffre enregistré en 2018.

Les mêmes indicateurs révèlent que le Royaume est classé deuxième en termes de réception des envois de fonds de migrants dans la région MENA, après l’Égypte qui a reçu des entrées financières importantes de sa communauté à l’étranger d’environ 29,6 milliards de dollars. Les 3 et 4èmes places reviennent respectivement au Liban avec 6,2 milliards de dollars, et la Jordanie avec 3, 9 milliards de dollars. La 5ème place est occupée par la Palestine avec 2,7 milliards de dollars transférés en 2020. Viennent ensuite la Tunisie avec 2,1 milliards de dollars, puis de l’Algérie avec environ 1,7 milliard de dollars, de l’Iran avec 1,3 milliard de dollars et de l’Irak avec 0,7 milliard de dollars…

États-Unis, le plus grand pays d’origine des envois de fonds

Au niveau mondial, la Banque indique que les flux d’envois de fonds se sont révélés résilients pendant la crise du Covid-19. D’après cette institution, les envois de fonds officiellement enregistrés vers les pays à revenu faible et intermédiaire ont atteint 540 milliards de dollars en 2020, soit seulement 1,6% de moins que les 548 milliards de dollars enregistrés en 2019. Elle estime même que les envois de fonds ont dépassé les flux d’investissements directs étrangers en 2020. « À l’exclusion de la Chine, les flux d’envois de fonds ont dépassé la somme des investissements directs étrangers et de l’aide publique au développement. Les envois de fonds constituent un élément de plus en plus important des systèmes mondiaux de protection sociale, ajoute la même source.

Par régions, les envois de fonds vers l’Amérique latine et les Caraïbes ont augmenté de 6,5% en 2020, soutenus par une reprise économique et une amélioration modérée du marché du travail aux États-Unis.

En Asie du Sud, la croissance des envois de fonds a été légèrement modérée en 2020, à 5,2%, tandis que les flux vers l’Europe et l’Asie centrale ont baissé de 9,7%, vers l’Asie de l’Est et le Pacifique de 7,9% et vers l’Afrique subsaharienne de 12,5%.

En 2020, en dollars américains courants, les cinq principaux pays destinataires des envois de fonds étaient l’Inde, la Chine, le Mexique, les Philippines et la République arabe d’Égypte. L’Inde est le plus grand destinataire des envois de fonds depuis 2008.
En pourcentage du produit intérieur brut, les cinq principaux destinataires des envois de fonds en 2020 étaient, en revanche, des économies plus petites : Tonga, Liban, République kirghize, Tadjikistan et El Salvador. Les États-Unis étaient le plus grand pays d’origine des envois de fonds en 2020, suivis des Émirats arabes unis, de l’Arabie saoudite et de la Russie.

Raisons des envois de fonds

D’après la Banque Mondiale, la principale raison des envois de fonds pendant la crise sanitaire est le désir des migrants d’aider leurs familles, d’envoyer de l’argent chez eux en réduisant leur consommation ou en tirant parti de l’épargne. « On pense qu’une augmentation des flux enregistrés était en partie due à un large déplacement des flux des canaux informels vers les canaux formels en 2020. Il y a eu une plus grande utilisation des canaux de transfert de fonds numériques... », estime-t-elle.

La Banque tient à préciser cependant qu’en raison de la faiblesse des prix du pétrole, les envois de fonds des économies tributaires du pétrole ont diminué davantage que dans les économies non pétrolières. « Par exemple, la faiblesse des prix du pétrole a affecté l’emploi des travailleurs migrants dans les pays du Conseil de coopération du Golfe, conduisant plus récemment à une baisse des envois de fonds en provenance de la région. Dans le cas de la Russie, le double effet de la faiblesse des prix du pétrole et de la dépréciation de la monnaie du pays a entraîné une baisse de près de 10% des envois de fonds vers la région Europe et Asie centrale », est-il indiqué.

Les pronostics

En termes de perspectives, la Banque Mondiale prévoit une hausse des envois de fonds vers les pays à revenu faible et intermédiaire de 2,6% pour atteindre 553 milliards de dollars en 2021 et de 2,2% pour atteindre 565 milliards de dollars en 2022. Les envois de fonds devraient croître deux fois plus vite en Amérique latine et dans les Caraïbes et en Asie du Sud, mais ils devraient encore baisser en Europe et en Asie centrale et rester faibles en Afrique subsaharienne.

Ces projections sont toutefois soumises à des risques importants. La Banque estime que la récurrence des flambées de Covid-19 ne peut être exclue à moyen terme, et de nombreux pays pourraient ne pas être en mesure de fournir le même niveau de relance budgétaire qu’ils l’ont fait en 2020.

Enfin, poursuit la même source, le passage de l’argent liquide aux canaux numériques et informels aux canaux formels pourrait ralentir également, à moins que des solutions ne soient trouvées pour améliorer l’accès aux services bancaires des migrants et des nouveaux opérateurs de transfert d’argent.

La Banque Mondiale conclut que les envois de fonds, après avoir dépassé les investissements directs étrangers et l’aide publique au développement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire (à l’exclusion de la Chine), ne peuvent plus être ignorés en tant que petits changements. Elle appelle ainsi les pays à collecter les données sur les envois de fonds, en termes de fréquence (mensuelle ou trimestrielle), en temps opportun.