La culture et la consommation du kif, au Maroc, ne datent pas d’hier.
Elles ne sont pas l’apanage non plus du seul Maroc. Un peu partout dans le monde, cette plante hallucinogène, tantôt considérée comme un médicament, tantôt prise comme stimulant, a toujours fasciné les scientifiques, les politiques, le monde des affaires sans oublier le consommateur final. Au Maroc, l’histoire du kif remonte selon plusieurs historiens au septième siècle.
Ramenées d’Asie et du Moyen-Orient dans les besaces des conquérants arabes, les premières graines de cannabis furent plantées dans le sol marocain durant le septième siècle. Cultivée à l’origine pour la fabrication de tissus et de médicaments, cette plante prendra d’abord racine dans diverses régions marocaines, notamment le Haouz et le Gharb, avant de se propager dans d’autres régions, principalement le Nord et le Rif.
Ramenées d’Asie et du Moyen-Orient dans les besaces des conquérants arabes, les premières graines de cannabis furent plantées dans le sol marocain durant le septième siècle. Cultivée à l’origine pour la fabrication de tissus et de médicaments, cette plante prendra d’abord racine dans diverses régions marocaines, notamment le Haouz et le Gharb, avant de se propager dans d’autres régions, principalement le Nord et le Rif.
Le kif à la conquête du Rif
Assez limitée au début, la culture du cannabis et son usage ne cesseront d’évoluer au fil des siècles pour se propager, à partir du Moyen-Age, dans les très inaccessibles contreforts du Rif. Vers la fin du dix-neuvième siècle, «90% des besoins de la France en cannabis pharmaceutique provenaient du Rif marocain», peut-on ainsi lire dans une recherche publiée par le biologiste allemand Stefan Haag en 1996. Au passage, ce dernier précise que le Rif «est l’une des premières régions au Monde où le cannabis a été planté uniquement pour ses vertus psychotropes ». Jusqu’au dix-neuvième siècle, l’usage du kif en tant que drogue restera cependant limité à certaines confréries soufies dont les adeptes utilisaient régulièrement cette plante et ses dérivés lors de leurs rituels mystiques. Il ne faudra pas longtemps pour que l’usage du kif déborde ce cadre strictement ésotérique. Dès le début du vingtième siècle, de larges franges de la population marocaine, masculine en majorité, succombent à la tentation de la fumette.
D’ailleurs, comme l’expliquait Karim Anegay, écrivain et ancien directeur national du projet «Développement et introduction de cultures alternatives dans le Rif» : «Le kif n’était pas encore perçu comme une drogue et son usage était considéré comme une simple pratique sociétale destinée à la détente. Une sorte de péché mignon en somme». Ni positive, ni négative, cette perception du kif perdurera jusqu’aux années 70, voire 80. C’est ainsi qu’il n’était pas rare de voir des personnes tout à fait respectables en train de fumer le Sebsi (pipe à kif) sur les terrasses des cafés de Tanger, Rabat, Casablanca ou Marrakech.
D’ailleurs, comme l’expliquait Karim Anegay, écrivain et ancien directeur national du projet «Développement et introduction de cultures alternatives dans le Rif» : «Le kif n’était pas encore perçu comme une drogue et son usage était considéré comme une simple pratique sociétale destinée à la détente. Une sorte de péché mignon en somme». Ni positive, ni négative, cette perception du kif perdurera jusqu’aux années 70, voire 80. C’est ainsi qu’il n’était pas rare de voir des personnes tout à fait respectables en train de fumer le Sebsi (pipe à kif) sur les terrasses des cafés de Tanger, Rabat, Casablanca ou Marrakech.
Entre prohibition et tentation de légalisation
Parfois, le kif s’insinuait dans des lieux aussi inattendus que les bureaux d’arrondissements, les écoles, voire même les commissariats et les tribunaux ! A cela une raison toute simple : en plus d’être profondément ancré dans la culture marocaine, au même titre que le rituel du thé par exemple, l’usage du kif n’avaient rien d’illégal. Il ne pouvait en être autrement, puisque le monopole du commerce du kif était détenu par l’Etat marocain, à l’époque sous protectorat français et espagnol…entre temps, la donne a radicalement changé. Les pressions des organismes internationaux de lutte contre les stupéfiants dont principalement l’ONUDC (Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime), conjuguées à celle de l’Union Européenne, ainsi qu’aux risques induits par la mainmise de réseaux mafieux internationaux sur la culture et le commerce du kif et de ses dérivés, incitent les autorités marocaines à adopter une sévère stratégie de lutte contre ce phénomène. Stratégie dont les effets restent limités, n’empêchant pas le trafic de cannabis de continuer à prospérer.
Car pour réussir cette bataille, soulignent certains spécialistes, ce ne sera qu’avec des mesures mûrement réfléchies et bien programmées, que des résultats positifs pourront être obtenus dans des projets à caractère expérimental. Car, malgré toutes les politiques et initiatives menées par les autorités marocaines durant les deux dernières décennies pour résoudre cette équation ardue qu’est la culture du kif, le problème demeure toujours d’actualité. Tandis que pour une catégorie de chercheurs, il faut explorer d’autres voies, plus réalistes et plus osées, comme la légalisation pure et simple de la culture du cannabis et l’orientation de sa production nationale vers des usages thérapeutiques, voire même à un usage récréatif sous contrôle étatique, comme c’est le cas depuis un certain temps déjà au Canada et aux Etats-Unis. D’où le débat actuel.
Car pour réussir cette bataille, soulignent certains spécialistes, ce ne sera qu’avec des mesures mûrement réfléchies et bien programmées, que des résultats positifs pourront être obtenus dans des projets à caractère expérimental. Car, malgré toutes les politiques et initiatives menées par les autorités marocaines durant les deux dernières décennies pour résoudre cette équation ardue qu’est la culture du kif, le problème demeure toujours d’actualité. Tandis que pour une catégorie de chercheurs, il faut explorer d’autres voies, plus réalistes et plus osées, comme la légalisation pure et simple de la culture du cannabis et l’orientation de sa production nationale vers des usages thérapeutiques, voire même à un usage récréatif sous contrôle étatique, comme c’est le cas depuis un certain temps déjà au Canada et aux Etats-Unis. D’où le débat actuel.
Hajar LEBABI
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