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​Interview avec Pr Coffi Dieudonné Assouvi : «Renforcer les compétences des principaux acteurs du développement public et privé en Afrique»


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Lundi 3 Mars 2025

En marge de la table ronde organisée, récemment à Rabat, par le Centre africain de formation et de recherche administrative pour le développement (CAFRAD), son nouveau directeur général, Pr Coffi Dieudonné Assouvi, s’est prêté à nos questions. Les défis liés à la connectivité sont au cœur du débat pour une administration dématérialisée, efficace et accessible sans oublier la formation continue. Explication.



  • Avec un CAFRAD désormais rénové, c’est un nouveau départ peut-on dire. De quoi s’agit-il exactement ?

 
Lors de notre table ronde sur «Le CAFRAD rénové, locomotive de l’Afrique vers la transformation globale, digitale, écologique et intelligente des administrations publiques et privées», plusieurs sous-thèmes ont été abordés, notamment la transformation globale nécessaire pour faire face aux défis actuels des administrations publiques africaines et les nouvelles exigences en matière de formation des décideurs publics et des leaders de demain. Le CAFRAD rénové se veut être une école de perfectionnement et un centre d’excellence pour accompagner les transformations profondes des administrations publiques africaines.

Autrement dit, le CAFRAD, fort de son expertise, aspire à reprendre sa place de leader dans le domaine de la formation et de la recherche pour la modernisation de l’Administration publique en Afrique. Son projet de transformation met en avant la nécessité d’une coopération internationale renforcée et de financements innovants pour faire face aux grands enjeux de demain. Cette table ronde constitue ainsi une invitation à rejoindre cet effort collectif au service d’une Afrique prospère, unie et gouvernée de manière durable et inclusive.

 
  • Que pouvez-vous dire de la formation continue au CAFRAD ?

 
Dans le domaine de la formation continue, le CAFRAD propose deux types de programmes : des formations courtes, certifiantes ou qualifiantes, et une formation à long terme, qui sera lancée l'année prochaine. Ces formations deviendront payantes afin de renforcer les ressources du Centre. La formation est ouverte à un large éventail de groupes cibles, notamment les parlementaires, ministres, hauts fonctionnaires, gouverneurs, juges, diplomates, militaires, gestionnaires, acteurs de la société civile, femmes leaders, universitaires, chercheurs, ainsi que les journalistes, syndicalistes et jeunes engagés. L'objectif de ces programmes est de renforcer les compétences des principaux acteurs du développement public et privé en Afrique.

 
  • Vous avez mis la barre haut en termes d’objectifs et de projets. Comment comptez-vous les réaliser compte tenu des moyens financiers et des ressources humaines limitées ?

 
Effectivement, il y a lieu de s’interroger. Mais aujourd’hui, nous sommes dans un monde de gestion axé sur les résultats et de gestion en mode programme. Dans ces deux modes de gestion, l’un des éléments fondamentaux est de définir vos ambitions, vos objectifs avant d’aller chercher les ressources. C’est ce qu’on appelle la gestion axée sur ces dernières et non sur les moyens. C’est ce qui nous a amené à définir un programme ambitieux, qui n’est pas dénudé, pour le CAFRAD. Il est réaliste, finançable et soutenable.

Pour ce qui est des ressources, nous comptons sur la participation des Etats membres, des partenaires mais aussi sur les ressources propres de l’institution, à travers son Centre de formation pour diversifier ses ressources de financement mais aussi des mécanismes innovants.

 
  • L’ère est au numérique où l’on parle de digitalisation de l’administration. Comment faire quand on sait qu’en Afrique le taux d’analphabétisme est très élevé ? Que comptez-vous faire pour créer une synergie entre le CAFRAD et ces populations ?

 
Oui, le monde digitalisé. Nous sommes dans la gouvernance numérique. Le CAFRAD a pleinement intégré cette innovation technologique dans son programme. Alors, que faisons-nous ? Comme nous l'avons dit, lors des débats, nous formons aujourd'hui tous les fonctionnaires, à commencer par les ministres, sur la digitalisation et les transformations numériques. Cependant, il faut faire une distinction entre les deux concepts.

Et c'est à partir de la maîtrise du processus que nous pouvons espérer un changement dans les administrations publiques. Cet aspect est fondamental.Comme vous l’avez dit, le taux d’analphabétisme en matière de digitalisation est très élevé, que l’on qualifie oiseusement les analphabètes digitaux. C’est pour cela, nous avons en place un programme spécifique pour cette question.

 
  • Pour mener à bien vos programmes, il faut de la connectivité. Qu’en pensez-vous ?

 
Oui, il y a aussi le problème de connectivité et qui est aujourd’hui réel sur le continent. Il existe des Etats aujourd’hui en Afrique, lesquels sont couverts à 10%, 20%, à 30% et les meilleurs à 60%. Donc nous sommes en face d’un véritable défi de connectivité de haut débit sur le continent. Pour y arriver, nous avons estimé que lorsque nous terminerons la formation des leaders de l'administration publique, nous organiserons des programmes d'immersion dans des pays où le processus est entièrement digitalisé, comme les pays baltes par exemple, comme la Corée du Sud, afin qu'ils puissent s’imprégner pour produire un projet de processus de digitalisation. Cela engage à ces leaders de venir dans les pays concernés pour avoir une couverture plus large.

 
  • Qu’en est-il de l’énergie, sans laquelle la connectivité est presque impossible ?

 
C’est un autre défi qu’il faut relever. Aujourd'hui, nous avons un continent qui a de l'énergie solaire mais qui ne produit pas d'énergie. Il est beaucoup basé sur les énergies fossiles. Or nous voyons qu'il y a de la bioélectricité partout en Afrique. D’ailleurs, je reviens du Gabon, nous n'avions pas de bioélectricité. Pour faire fonctionner l'outil informatique, il nous faut une connexion internationale. Là aussi, le CAFRAD est une équipe qui développe les compétences des dirigeants pour avoir un monde digital qui leur permettra de résoudre ce problème.

 
  • Naturellement, quand on parle de connexion, on pense aussi à la cybersécurité ? Qu’en pensez-vous ?

 
Elle existe belle et bien cette préoccupation que celle de la cybersécurité. D’ailleurs, nous avons un phénomène que nous appelons les brouteurs et les gaïmen dans certains pays, et qui sont des hackers informatiques ou des exportateurs d'informations. Notre démarche est de pouvoir former les gens sur la manière de mettre en place un processus de cybersécurité pour contrer ces parties qui sont d'une nature agitatrice en Afrique.


 








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