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​Mobilité sur le continent : Le Ghana, 5ème pays à exempter les Africains de visa d’entrée


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Lundi 30 Décembre 2024

L’intégration africaine va lentement mais sûrement dans le cadre de de l’effectivité de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), un marché commun qui nécessite le déplacement des personnes et des marchandises sans tracasseries administratives. Dans cette perspective, cinq Etats, dont le dernier est le Ghana, ont pris l’initiative d’exempter les Africains de visa. Des mesures qui devront faire tache d’huile sur le continent. Explications.



Ils sont désormais cinq pays à exempter les Africains de visas d’entrée sur leur sol. Ce sont le Rwanda, les Seychelles, la Gambie, le Bénin et le Ghana. Le Président de ce pays, Nana Akufo-Addo, a approuvé cette décision, ce mercredi 25 décembre 2024. Certes, ce nombre est minime par rapport aux 54 Etats que compte le continent.
 
Leurs initiatives ouvrent de belles perspectives et s’inscrivent parfaitement dans la droite ligne des objectifs de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), laquelle vise à créer un marché unique et homogène sur le continent, afin de stimuler la croissance économique, générer des emplois et réduire la pauvreté. Une intégration qui ne peut se faire qu’avec l’ouverture des frontières aux personnes et aux marchandises.
 
Ce qui fait dire au Président du Groupe de la Banque africaine de développement, Dr. Akinwumi A. Adesina, qu’en plus d'avoir besoin de connectivité, «il faut aussi que les gens puissent se déplacer librement d'un endroit à l'autre. Je crois que nous ne pouvons pas dire que nous avons un commerce sans frontières lorsque nous érigeons des barrières aux déplacements des personnes».
 
Car la liberté de circuler au-delà des frontières demeure un pilier fondamental de l'agenda d'intégration du continent. D’ailleurs, au cours de l'année écoulée, les politiques de visas des pays ont continué d'évoluer, parfois de manière générale, mais souvent de manière plus nuancée et spécifique à chaque pays. Comme c’est le cas, par exemple, dans le contexte régional, dans le cadre d'accords de réciprocité ou en fonction de préoccupations présumées en matière de sécurité.
 
Il est de bon de ton de rappeler que le Ghana n’est pas à sa première décision en la matière. En effet, dans le cadre de l'initiative «Beyond The Return», une stratégie gouvernementale sur dix ans pour promouvoir le tourisme et renforcer les liens avec la diaspora, l'Autorité du tourisme du Ghana a annoncé une politique temporaire de visa sans approbation préalable. Cette mesure est en vigueur depuis le 1er décembre 2024 et ce jusqu’au 15 janvier 2025, en marge de l'événement «December in GH 2024». Elle vise à encourager le retour des Africains de la diaspora et des Ghanéens vivant à l'étranger tout en stimulant les revenus touristiques.
 
Booster le secteur touristique
 
D’ailleurs, des chiffres récents montrent une croissance notable dans le secteur touristique ghanéen. En 2023, le pays a enregistré 1.148.002 arrivées, soit une augmentation de 25% par rapport à l'année d’avant. Les revenus touristiques ont atteint 3,8 milliards de dollars, marquant une progression de 51,9% par rapport aux 2,5 milliards de dollars générés en 2022. Ce qui démontre que l’ouverture des frontières, sans les restrictions administratives, peut avoir un impact positif sur l’économie nationale.
 
Pour revenir à la question fondamentale, et selon l’Indice d’ouverture sur les visas en Afrique (AVOI) 2024, pour 47% des voyages intra-africains, les Africains ont besoin d'un visa avant de voyager, contre 46% en 2023. Aujourd’hui, 27 pays africains offrent des options de visa à l’arrivée à au moins un autre pays africain, soit une légère baisse par rapport aux 30 pays enregistrés de 2023. Cependant, de nombreux pays ont opté pour des systèmes de visa électronique, tels que le Burkina Faso, le Togo et le Tchad, pour favoriser les déplacements.
 
Au Sénégal, le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, lors de la présentation de sa politique générale devant le parlement, a annoncé, le 27 décembre 2024, l'application du principe de «réciprocité» pour la délivrance de visas aux ressortissants de certains pays. Cela signifie que les pays qui imposent des visas aux Sénégalais devront désormais se soumettre aux mêmes exigences.
 
L'agenda d'intégration continentale
 
En outre, il faut indiquer que plusieurs accords d’exemption de visa sont en vigueur en Afrique entre de nombreux pays, ceci sur la base d’accords bilatéraux et communautaires. Au regard de l’édition 2023 du récent rapport de l’Indice d’ouverture sur les visas en Afrique, les données produites par l’Union Africaine et la BAD renseignent que 42 pays africains accordent l’entrée sans visa aux citoyens d’au moins cinq autres pays africains, tandis que 33 pays le font pour les citoyens d’au moins 10 pays.
 
Ce qui dénote la complexité de la question de la levée de visa entre les Etats africains. Ainsi,l'évolution des politiques de visas met en évidence un décalage apparemment paradoxal entre l'ouverture aux visas des pays et leur soutien à la facilitation des voyages intra-africains dans le contexte d'un agenda d'intégration régionale plus large.
 
L’état des lieux montre, dans ces conditions, que les pays font preuve de réticence, voire de suspicion, à l'égard des engagements plus profonds en faveur de la facilitation de la circulation des personnes dans le cadre de l'agenda d'intégration continentale.Pour les observateurs, toutefois, la question de visa évolue comparativement aux années précédentes.
 
Résultat : dans le contexte des progrès réalisés au cours des dernières décennies, l'ouverture aux visas reste à un niveau nettement plus élevé aujourd'hui qu'il y a neuf ans, lorsque le premier rapport de l'AVOI a été publié. En 2024, malgré un score global légèrement inférieur à celui de 2023, des développements positifs supplémentaires ont été observés. L’espoir est permis, sans aucun doute, avec une volonté affirmée des Etats.
 

 

Bon à savoir

Jusqu’ici, les citoyens africains devaient s’acquitter de frais considérables pour entrer au Ghana : 60 dollars pour un visa simple et 120 dollars pour un visa à entrées multiples. Ces frais constituaient un frein à la mobilité et aux échanges économiques. Avec la suppression des visas, le Ghana entend lever ces obstacles, dynamisant ainsi les interactions humaines et commerciales.En éliminant cette barrière administrative, le Ghana envoie un signal fort en faveur de l’unité africaine. Le président Akufo-Addo répond ainsi à un appel croissant pour une intégration régionale plus poussée, une aspiration partagée par de nombreux dirigeants africains.Cette décision pourrait servir d’exemple pour d’autres nations, les incitant à adopter des mesures similaires. Elle reflète une volonté politique claire de construire un continent plus solidaire, où la libre circulation devient une réalité.Avec cette réforme, le Ghana confirme sa place parmi les leaders de l’intégration africaine et pose les bases d’un futur où les frontières ne seront plus un obstacle au développement et à la coopération.








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