-Pour protester contre la suspension des congés décidée par le Ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, le corps médical a organisé ces derniers jours des sit-in sur les lieux de travail. Pourquoi ces protestations n’étaient-elles pas à l’échelle nationale ?
- Certes, tous les syndicats n’ont pas appelé à des sit-in pour dénoncer cette décision inhumaine. Nous avons laissé la décision aux bureaux régionaux d’instances syndicales du secteur médical, puisque la situation épidémiologique est différente d’une région à une autre. Dans certaines régions, les sit-in peuvent être une source de dispersion de la pandémie. A travers ces sit-in “symboliques”, le corps médical réclame des indemnités pour compenser les dommages financiers et psychologiques découlant de ces décisions improvisées.
- Le corps médical a vu ses congés se réduire d’un mois à 10 jours, pour être finalement suspendus. Quel en est l’impact psychologique et professionnel sur eux ?
- Le personnel de la santé, composé majoritairement de femmes, est brisé de fatigue et ce, depuis le début de l’entrée en vigueur de l’état d’urgence. Il y a ceux qui prenaient des médicaments et des calmants, ceux qui n’ont pas pu voir leur famille. Après l’allègement du confinement, certains sont devenus plus ou moins stables, tandis que d’autres n’ont pas pu résister. Il y avait des tentatives de suicide, des problèmes entre les couples, certains médecins exercent au nord du pays alors que leur famille est au sud. Ils vivaient de véritables problèmes familiaux, sociétaux et psychologiques.
Les gens imaginent qu’il est impossible que le personnel médical tombe malade. Tout le monde ignore comment évoluera la situation épidémiologique les prochains mois, notamment en automne. Un congé est donc primordial.
- La suspension des congés est-elle une solution pour répondre aux besoins des hôpitaux ?
- La situation épidémiologique n’est pas unique et pareille dans toutes les régions et provinces. Idem pour les ressources humaines. Il a fallu plus de souplesse dans les provinces où la situation n’est pas critique. Le secteur médical a ses propres spécificités. Les congés sont accordés au personnel de la santé, tout au long de l’année, sans pour autant impacter la continuité des services dans les hôpitaux, qui ne sont jamais vides. Nous travaillons dans un système de garde, que nous respectons, malgré les problèmes que connaît notre secteur et l’absence de motivations. Les médecins ne sont pas des robots et ont besoin de se reposer. Visiblement, on essaye de gagner des points politiques sur le compte des travailleurs et professionnels. Par ailleurs, les besoins en ressources humaines sont, selon le ministre de tutelle, estimées à 100.000 personnes, dont 32.000 médecins et 58.000 infirmiers. Les candidats (en moyenne 300 personnes) ne se présentent pas aux concours organisés annuellement, faute de motivations financières et sociales dans le secteur public. Un fait sur lequel nous avons attiré l’attention des autorités à travers nos multiples communiqués.
- Certes, tous les syndicats n’ont pas appelé à des sit-in pour dénoncer cette décision inhumaine. Nous avons laissé la décision aux bureaux régionaux d’instances syndicales du secteur médical, puisque la situation épidémiologique est différente d’une région à une autre. Dans certaines régions, les sit-in peuvent être une source de dispersion de la pandémie. A travers ces sit-in “symboliques”, le corps médical réclame des indemnités pour compenser les dommages financiers et psychologiques découlant de ces décisions improvisées.
- Le corps médical a vu ses congés se réduire d’un mois à 10 jours, pour être finalement suspendus. Quel en est l’impact psychologique et professionnel sur eux ?
- Le personnel de la santé, composé majoritairement de femmes, est brisé de fatigue et ce, depuis le début de l’entrée en vigueur de l’état d’urgence. Il y a ceux qui prenaient des médicaments et des calmants, ceux qui n’ont pas pu voir leur famille. Après l’allègement du confinement, certains sont devenus plus ou moins stables, tandis que d’autres n’ont pas pu résister. Il y avait des tentatives de suicide, des problèmes entre les couples, certains médecins exercent au nord du pays alors que leur famille est au sud. Ils vivaient de véritables problèmes familiaux, sociétaux et psychologiques.
Les gens imaginent qu’il est impossible que le personnel médical tombe malade. Tout le monde ignore comment évoluera la situation épidémiologique les prochains mois, notamment en automne. Un congé est donc primordial.
- La suspension des congés est-elle une solution pour répondre aux besoins des hôpitaux ?
- La situation épidémiologique n’est pas unique et pareille dans toutes les régions et provinces. Idem pour les ressources humaines. Il a fallu plus de souplesse dans les provinces où la situation n’est pas critique. Le secteur médical a ses propres spécificités. Les congés sont accordés au personnel de la santé, tout au long de l’année, sans pour autant impacter la continuité des services dans les hôpitaux, qui ne sont jamais vides. Nous travaillons dans un système de garde, que nous respectons, malgré les problèmes que connaît notre secteur et l’absence de motivations. Les médecins ne sont pas des robots et ont besoin de se reposer. Visiblement, on essaye de gagner des points politiques sur le compte des travailleurs et professionnels. Par ailleurs, les besoins en ressources humaines sont, selon le ministre de tutelle, estimées à 100.000 personnes, dont 32.000 médecins et 58.000 infirmiers. Les candidats (en moyenne 300 personnes) ne se présentent pas aux concours organisés annuellement, faute de motivations financières et sociales dans le secteur public. Un fait sur lequel nous avons attiré l’attention des autorités à travers nos multiples communiqués.
Portrait
Il pique au vif le ministère de la Santé
Né à Casablanca le 18 juillet 1967, M. Alaoui El Mountadar a fait ses études à Casablanca, où il a décroché son bac en 1986, filière sciences expérimentales. Il a ensuite choisi de mener des études médicales à la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Rabat où il a eu son doctorat en 1998. Mais pas que ! Il est également diplômé en médecine de sport à la Faculté de Médecine de Rennes, en 2004. Ce médecin de santé publique a exercé, d’abord, comme la majorité des nouvelles recrues, dans un milieu rural, dont 10 ans au service des urgences à Missour, dans la province de Boulemane, avant d’exercer en milieu urbain. Engagé et militant des droits des professionnels de la Santé publique, il ne perd jamais de vue ceux pour qui il est devenu militant : le corps médical de la Santé publique. Pour cela, il est membre fondateur du Syndicat Indépendant des Médecins du Secteur Public (SIMSP) depuis 2003 et secrétaire général national du SIMSP depuis 2014. Le syndicat mène un programme national militant, acharné depuis plusieurs années pour un dossier revendicatif légal pour l’amélioration des conditions scientifiques de travail et de bon accueil des Marocains, ainsi que l’amélioration des conditions matériels de ses adhérents. En parallèle, Alaoui El Mountadar exerce diverses activités associatives médicales, scientifiques et sportives. Dans ce sens, il est le président de l’Association Nationale des Médecins de la Santé Publique de Fès.
Né à Casablanca le 18 juillet 1967, M. Alaoui El Mountadar a fait ses études à Casablanca, où il a décroché son bac en 1986, filière sciences expérimentales. Il a ensuite choisi de mener des études médicales à la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Rabat où il a eu son doctorat en 1998. Mais pas que ! Il est également diplômé en médecine de sport à la Faculté de Médecine de Rennes, en 2004. Ce médecin de santé publique a exercé, d’abord, comme la majorité des nouvelles recrues, dans un milieu rural, dont 10 ans au service des urgences à Missour, dans la province de Boulemane, avant d’exercer en milieu urbain. Engagé et militant des droits des professionnels de la Santé publique, il ne perd jamais de vue ceux pour qui il est devenu militant : le corps médical de la Santé publique. Pour cela, il est membre fondateur du Syndicat Indépendant des Médecins du Secteur Public (SIMSP) depuis 2003 et secrétaire général national du SIMSP depuis 2014. Le syndicat mène un programme national militant, acharné depuis plusieurs années pour un dossier revendicatif légal pour l’amélioration des conditions scientifiques de travail et de bon accueil des Marocains, ainsi que l’amélioration des conditions matériels de ses adhérents. En parallèle, Alaoui El Mountadar exerce diverses activités associatives médicales, scientifiques et sportives. Dans ce sens, il est le président de l’Association Nationale des Médecins de la Santé Publique de Fès.
S. K.
Repères
Les congés de l’ensemble du personnel de la Santé annulés
Une note officielle signée par le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, adressée aux secrétaires généraux, inspecteurs, directeurs régionaux, directeurs centraux, directeurs des centres hospitaliers universitaires (CHU), directeur de l’Institut Pasteur Maroc et autres départements, stipule la suspension des congés depuis lundi 3 août. De même, le ministre de la Santé a appelé dans sa note l’ensemble des bénéficiaires actuels du congé à rejoindre leur poste dans les 48 heures qui suivent cette annonce. De quoi provoquer la colère du corps médical. Il a également fait savoir que cette décision restera maintenue jusqu’à nouvel ordre.
Des sit-in et des réclamations
Pour protester contre la décision “unilatérale” de la suspension des congés, le corps médical a organisé, depuis le début de cette semaine, des sit-in sur les lieux de travail, dans plusieurs villes au Royaume. A cette occasion, le Syndicat Indépendant des Médecins du Secteur Public (SIMSP) réclame des indemnités pour compenser les dommages financiers et psychologiques découlant de ces décisions improvisées.
La liste des revendications reste la même
En première ligne face au Covid-19, le personnel de Santé a fait preuve de courage, de sacrifice et de compétence durant les mois de crise sanitaire. Toutefois, les revendications sont toujours là dans le milieu médical. Dans les grandes villes du royaume comme dans les zones éloignées, les syndicats réclament plus de moyens et plus d’effectifs. “La liste des revendications reste longue. La principale en est l’augmentation des effectifs. Concernant les moyens techniques, leur nombre peut être augmenté, comme l’a prouvé l’expérience du Coronavirus, il suffit de le vouloir”, nous affirme le Dr El Mountadar.