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BCG et tuberculose : Centenaire du doyen des vaccins encore d’actualité


Rédigé par Oussama ABAOUSS Jeudi 5 Août 2021

Le vaccin qui a permis de contenir la maladie la plus mortelle de l’Histoire vient de boucler son centième anniversaire. Zoom sur le vaccin BCG et la lutte contre la tuberculose.



Si le Covid-19 est l’infection respiratoire qui inquiète et mobilise de nos jours les scientifiques de tous bords, il y a un siècle, c’était la tuberculose qui faisait des centaines de milliers de morts chaque année. Ce parallèle avec le passé se justifie aujourd’hui par un anniversaire symbolique : Il y a un siècle, à quelques jours près, un nouveau né parisien recevait à l’hôpital de la Charité la toute première dose d’un vaccin contre la tuberculose.

Véritable virage sanitaire mondial, cette date du 18 juillet 1921 a marqué l’aboutissement de décennies de recherche pour contrer ce que les historiens de la médecine considèrent comme l’infection qui a fait le plus de morts dans l’Histoire de l’humanité. Durant les deux derniers siècles, elle aurait tué plus d’un milliard de personnes. Cet anniversaire est également une étape symbolique qui donne un recul utile dans le contexte actuel, surtout que le vaccin « BCG » est le plus ancien vaccin encore utilisé de nos jours.

Un milliard d’humains sauvés

Si depuis des temps immémoriaux, des cures de toutes sortes avaient bien évidemment été testées pour soigner cette infection, ce n’est qu’en 1882 que la première étape décisive vers l’élaboration d’un traitement préventif a été franchie, quand le scientifique allemand Robert Koch avait pu isoler la bactérie qui cause la maladie. Le flambeau a été repris en 1908, par deux scientifiques français : le médecin Albert Calmette et le vétérinaire Camille Guérin.

Après plus d’une décennie d’un labeur patient et minutieux, les deux scientifiques ont offert au monde le fameux vaccin « BCG » (Bacille Calmette-Guérin) qui aurait permis depuis de sauver près d’un milliard de personnes. On estime aujourd’hui que plus de 100 millions d’enfants reçoivent le BCG chaque année et qu’à ce jour, plus de 4 milliards de doses ont été administrées. Ces résultats n’auraient pas pu être atteints sans l’acharnement et l’abnégation des deux scientifiques qui n’ont d’ailleurs jamais déposé le brevet de leur invention pour la rendre la plus accessible possible.

Les hauts et les bas du BCG

Le développement et l’utilisation du vaccin BCG n’ont cependant pas été un long fleuve tranquille. Après des centaines de vaccinations réussies, un épisode catastrophique a eu lieu en 1930 dans la ville de Lübeck, dans le Nord de l’Allemagne, quand 70 enfants sont morts de la tuberculose alors qu’ils faisaient partie d’un groupe de 250 enfants vaccinés. Une enquête avait alors établi que les décès étaient dus à une contamination du vaccin dans les laboratoires de Lübeck par une souche virulente du bacille de la tuberculose. Après une période de réticence, l’utilisation du vaccin a repris de plus belle après une montée de la tuberculose pendant la Seconde Guerre mondiale.

En 1974, l’OMS a intégré le BCG dans son Programme élargi de vaccination. De nos jours, la mortalité due à cette infection a drastiquement chuté, surtout dans la majorité des pays riches où le vaccin BCG n’est d’ailleurs plus obligatoire. Chaque année, la tuberculose continue cependant de tuer plus de 1,4 million de personnes dans le monde.

Vers un vaccin plus efficace

À l’occasion du centenaire du vaccin BCG, les spécialises estiment que les fonds investis dans la recherche pour un nouveau vaccin contre la tuberculose sont insuffisants. Si le vaccin élaboré par Calmette et Guérin a permis de sauver des millions de vies, il n’en demeure pas moins « partiellement efficace ».

Selon les statistiques mondiales, le vaccin BCG prévient avec une efficacité de 60% à 80% les formes graves de la tuberculose chez les jeunes enfants (en particulier la méningite), mais le degré de protection contre les formes pulmonaires de la maladie n’est que de 50% environ.»Nous lançons un appel pour que suffisamment de ressources financières et de volonté politique soient mises en oeuvre d’ici 2023 pour rendre possible le déploiement d’un vaccin contre la tuberculose efficace d’ici 2025», plaide, dans un communiqué, Lucica Ditiu, directrice exécutive du partenariat international « Stop TB ».

Rappelons que le BCG est le seul vaccin exigé au Maroc pour l’inscription des enfants au livret de famille.
 
Oussama ABAOUSS

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3 questions au Dr Allal Amraoui, chirurgien et député

BCG et tuberculose : Centenaire du doyen des vaccins encore d’actualité

« Comparé à beaucoup d’autres pays, le Maroc fait très bonne figure dans ce domaine »
 
Chirurgien et député Istiqlalien à la Chambre des Représentants, Dr Allal Amraoui a répondu à nos questions sur la politique nationale de vaccination.


- Quel est votre point de vue sur les acquis de la politique nationale de vaccination ?

 
- La politique nationale de vaccination a été sans aucun doute la plus grande réussite de nos politiques de Santé depuis l’indépendance. Les efforts dans ce domaine ont été entamés très tôt, ce qui fait que beaucoup de maladies qui touchent les enfants de moins de 5 ans, et qui sévissaient il y a encore quelques décennies, sont aujourd’hui éradiquées.

Le Royaume a également réussi à diminuer drastiquement le taux de mortalité enfantine grâce à la prévention amorcée par les campagnes de vaccination. Cette réussite a été le fruit d’une mobilisation à toute épreuve de toutes les parties prenantes impliquées dans l’organisation, la logistique et la sensibilisation (ministère de l’Intérieur, médias, autorités locales,…). L’adhésion de la population a aussi été un facteur déterminant, la preuve, c’est que nous avons pu atteindre une couverture de plus de 95 % alors qu’à l’inverse de beaucoup de pays, la vaccination n’est pas obligatoire, notre pays ayant toujours estimé que l’obligation vaccinale est contre-productive.



- Comment se positionne le Maroc dans ce domaine au niveau international ?

- Dans certains pays développés, les pathologies visées ont été éradiquées depuis très longtemps. Pour nous, c’est encore une histoire récente. Si la vaccination au Maroc a démarré en 1927 avec l’introduction du vaccin contre la variole, il a fallu attendre 1987 pour voir naître un programme national d’immunisation bien structuré et disposant d’une stratégie fondée sur des campagnes annuelles à l’échelle nationale. Ses résultats n’ont pu être observés que récemment.

Cela dit, comparé à beacoup d’autres pays, le Maroc fait très bonne figure dans ce domaine, surtout au regard de l’avancée remarquable qui a pu se faire ces dernières décennies.



- Quels sont les défis qui se posent actuellement dans le domaine de la vaccination ?

- Aujourd’hui, on peut dire que le Royaume a atteint ses objectifs. Le plus important maintenant est de maintenir le cap, éviter tout relâchement pour ne pas revenir en arrière, car la lutte contre les maladies infectieuses est une lutte permanente.

 
Recueillis par O. A.



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