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Chocs et stress climatiques : Risque de moyen à élevé pour le Maroc


Rédigé par A. CHANNAJE Mardi 31 Août 2021

Dans son nouveau rapport “La crise climatique est une crise des droits de l’enfant”, l’UNICEF classe le Maroc à la 61ème position en termes d’exposition des enfants aux risques climatiques sur un total de 163 pays.



Crédit : Unicef
Crédit : Unicef
Le document, qui se fonde à la fois sur le corpus croissant des nouvelles données probantes sur le climat ainsi que sur les données concernant la vulnérabilité des enfants, fournit le premier aperçu complet des risques climatiques pesant sur les enfants.

Il vise à présenter l’Indice des risques climatiques pour les enfants (IRCE) qui repose sur deux piliers centraux : (1) l’exposition aux aléas, chocs et stress climatiques et environnementaux ; et (2) la vulnérabilité des enfants. Il rassemble dans ces deux catégories 57 variables afin de mesurer les risques existant dans l’ensemble des pays et régions.

«Cet indice n’inclut pas les petits États insulaires en développement (PEID) dont la superficie est inférieure à 20.000 km² en raison de la disponibilité limitée des données. Alors qu’un grand nombre de PEID sont confrontés à de graves menaces existentielles dues aux changements climatiques, celles-ci ne sont pas suffisamment reflétées dans les données ni prises en compte de manière adéquate dans les indices multialéas. C’est pourquoi les PEID ne sont pas inclus dans la présente édition», souligne l’UNICEF.

Avec un indice de 5,4, le Maroc est noté 7 sur 10 concernant les facteurs climatiques et environnementaux, et 3,3 concernant la vulnérabilité des enfants. Ceci dit, les risques climatiques présentent pour le Maroc un risque de moyen à élevé pour les enfants du Maroc. Parallèlement, l’indice montre que les chocs et le stress climatiques présentent un risque élevé pour le Maroc.

13 pays africains dans le haut du tableau

Par rapport à nos voisins du Maghreb, l’indice montre, par ailleurs, que les enfants de la Mauritanie (40ème) et de l’Egypte (58ème) sont les plus exposés aux risques climatiques que ceux du Maroc (61ème), de l’Algérie (90ème), de la Libye (97ème) ou encore de la Tunisie (121ème). Il révèle aussi que les enfants exposés aux risques climatiques au monde se trouvent, en grande partie, en Afrique.

13 pays du continent sont en effet classés dans le haut du tableau, à savoir la République centrafricaine (1ère), le Tchad (2ème), le Nigeria (3ème), la Guinée (4ème), la Guinée- Bissau (5ème), la Somalie (6ème), le Niger (7ème), le Soudan du Sud (8ème), le Congo (9ème), l’Angola (10ème), le Cameroun (11ème), Madagascar (12ème) et le Mozambique (13ème).

La Nouvelle-Zélande, le Luxembourg et enfin l’Islande se trouvent à la fin du classement. Il s’agit des trois pays où les enfants sont les moins exposés aux risques climatiques. En somme, l’IRCE montre qu’environ 1 milliard d’enfants à travers le monde (soit près de la moitié des enfants dans le monde) vivent dans des pays à très haut risque.

L’UNICEF indique aussi que les endroits à plus haut risque sur la planète sont ceux qui contribuent le moins aux changements climatiques, les 33 pays à très haut risque génèrent moins de 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, et les dix pays à plus haut risque produisent seulement 0,5 % des émissions mondiales.

L’agence onusienne spécialisée fait remarquer également que la plupart des pays à très haut risque (28 sur 33) disposent d’un très faible nombre de stations de mesure de la qualité de l’air au niveau du sol, et moins de 10 % de la population infantile vit dans un rayon de 50 km autour d’une station de mesure.

Elle note, d’autre part, que les pays à très haut risque reçoivent seulement 9.8 milliards de dollars des États- Unis sur l’ensemble des flux financiers mondiaux, principalement sous forme d’aide publique au développement dans le domaine de la recherche, du développement et de la production d’énergie propre. Autre enseignement tiré dudit rapport : presque tous les pays à très haut risque (29 sur 33) relèvent également de contextes fragiles, et un quart des pays à très haut risque (8 sur 33) présentent des niveaux très élevés de déplacements de population (avec plus de 5 % de la population déplacée).

Ce que propose l’UNICEF

Côté recommandations, l’UNICEF indique qu’un grand nombre de mesures peuvent contribuer à réduire l’exposition et la vulnérabilité des enfants aux répercussions des changements climatiques, et, in fine, à diminuer leur niveau de risque climatique.

«Les mesures visant à améliorer l’accès à des services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène (EAH) résilients pourraient inclure, par exemple, des évaluations complètes des ressources en eau, des investissements dans la diversification des sources d’eau, l’utilisation d’énergies renouvelables et une collaboration avec les marchés locaux et le secteur privé, de manière à garantir que les systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement mis en place tiennent compte des risques climatiques », estime la même source.

Parmi les autres mesures possibles, l’UNICEF cite également l’amélioration des infrastructures de stockage d’eau au niveau des foyers ainsi que l’installation de systèmes d’approvisionnement à usage multiple fournissant suffisamment d’eau pour subvenir aux besoins domestiques et de subsistance.

Aux niveaux national et infranational, poursuit la même source, les solutions sont notamment axées sur une gestion, une protection et un suivi exhaustifs des ressources en eau. Les investissements en faveur de l’éducation au développement durable ont d’importants effets multiplicateurs. Une éducation de meilleure qualité, qui renforce les connaissances et les compétences, contribuera à l’amélioration des pratiques en matière de durabilité et à la réduction des émissions aux niveaux individuel, institutionnel et communautaire.

L’UNICEF estime également que l’amélioration des résultats éducatifs pourrait notamment passer par des investissements en faveur d’infrastructures résilientes aux catastrophes en vue de réduire la perturbation à long terme des processus d’apprentissage des enfants, ainsi que par des solutions qui améliorent l’accès à l’éducation (comme l’apprentissage numérique) et l’équité en matière d’accès à cette dernière, en particulier du point de vue du genre (du cycle de la vie de la petite enfance à l’adolescence) et du handicap, les enfants handicapés étant souvent marginalisés.

L’amélioration des résultats éducatifs pourrait aussi permettre d’assurer un apprentissage de qualité, notamment en garantissant des environnements sûrs et conviviaux, un personnel enseignant qualifié et motivé, ainsi qu’une instruction dispensée dans des langues compréhensibles par les élèves. Mettre en place une telle stratégie suppose d’intégrer dans les programmes scolaires nationaux les connaissances scientifiques les plus récentes sur les changements climatiques tout en veillant à ce que les enfants acquièrent les compétences dont ils auront besoin pour réussir dans la vie, propose l’UNICEF.

Investir dans des services de soins maternels

Ces compétences sont pertinentes tant pour préparer l’avenir du travail, notamment en lien avec l’économie verte en plein essor, que pour favoriser des moyens de subsistance moins vulnérables aux effets des changements climatiques et des dégradations de l’environnement.

L’UNICEF estime aussi que l’apprentissage axé sur les compétences est également essentiel pour donner les moyens aux enfants, aux adolescents et aux enseignants de participer à des activités en milieu scolaire axées sur l’atténuation des changements climatiques, l’adaptation à leurs effets et la résilience climatique et ainsi encourager les enfants à contribuer à la recherche de solutions pour faire face aux changements climatiques.

Parmi les stratégies visant à améliorer l’accès aux services de santé, l’UNICEF cite, par exemple, les investissements dans des services de soins maternels et néonatals de qualité ainsi que l’appui aux programmes de vaccination et aux services de prévention, de promotion et de traitement pour la pneumonie, la diarrhée, le paludisme ainsi que d’autres maladies infantiles.
 
A. CHANNAJE


Plan quinquennal de l’UNICEF

Dans ce rapport, l’UNICEF souligne qu’elle amorcera, en 2022, son nouveau plan stratégique quinquennal, lequel orientera l’ensemble de ses activités dans plus de 190 pays et territoires. “Lors de consultations menées auprès de plus de 200.000 jeunes en vue de définir les priorités et les processus qui guideront l’action de l’UNICEF au cours des dix prochaines années, les jeunes ont appelé de leurs voeux l’instauration de mesures d’urgence contre les changements climatiques”, note la même source.

 








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