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Coronavirus : Comment les autres cultes ont-ils vécu le confinement ?


Rédigé par Hajar Lebabi Vendredi 10 Juillet 2020

Après la décision de rouvrir les mosquées, les synagogues et les églises emprunteront le même chemin. Revue du vécu de ces deux communautés pendant le confinement.



Cristóbal López Romero, le premier cardinal de l’Histoire issu du Maroc.
Cristóbal López Romero, le premier cardinal de l’Histoire issu du Maroc.
Après plusieurs mois de suspension, les mosquées du Royaume rouvriront progressivement leurs portes. En effet, le ministère des Habous et des Affaires islamiques a décidé de rouvrir progressivement les mosquées sur l’ensemble du territoire national pour l’accomplissement des cinq prières à compter du 15 juillet 2020. Les mosquées demeureront par contre fermées pour la prière du vendredi. 

A l’instar des mosquées, d’autres lieux de culte, notamment les synagogues et les églises ont procédé à la suspension de leurs activités religieuses. S’agissant des synagogues, les prières ont été suspendues à partir du 16 mars. Cette décision est survenue après consultation du rabbin Serge Berdugo, secrétaire général du Conseil des communautés israélites du Maroc. Dans ce sens, ce dernier avait appelé les dirigeants des lieux de cultes à mesurer l’ensemble des risques auxquels ils pourraient exposer les membres de leur Sibour, du Kahal et l’ensemble de la population.

Deuil, spiritualité et espoir

« Nous avons difficilement vécu le confinement, surtout à cause de la vague de décès qui avait touché la communauté juive au début de la pandémie », nous déclare Henri Abikzer, vice-président de la communauté juive à Rabat. « Dans la capitale, nous avons une grande synagogue avec une capacité d’accueil de 150 personnes. Maintenant, quand elle ouvrira ses portes, elle ne dépassera pas 12 personnes ».  

« Pendant le confinement, les enterrements ont été limités à 4 personnes. Je suis le premier touché par un enterrement. J’ai perdu mon frère à cause du virus, mais, je n’ai pas pu assister à son enterrement puisqu’il vivait à Casablanca », se désole M. Henri Abikzer.

Les églises ont également suivi ce chemin et ont suspendu les prières collectives dans les églises catholiques du Maroc. L’archevêché de Rabat, qui avait pris la décision, le 14 mars, de suspendre les messes du weekend suite à l’interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes, a annoncé cette nouvelle restriction, le 17 mars. Le cardinal monseigneur Cristóbal López Romero, archevêque de Rabat, avait annoncé que la suspension de toutes les prières collectives, même les messes en semaine, qui rassemblent très peu de personnes, est venue en solidarité avec les mosquées et les synagogues. 

« Nous avons vécu cette période avec un grand sentiment de remerciements à Dieu. Grâce à Lui, aucun chrétien, à ce que je sache, n’a été touché par le virus », déclare le cardinal monseigneur Cristóbal López Romero, (voir 3 questions à…). « D’un autre côté, nous l’avons vécue avec douleur. Une douleur du fait de nous voir empêchés de nous rencontrer, de prier ensemble et de célébrer l’Eucharistie pendant si long temps. Tout a été suspendu ou reporté. Les célébrations des sacrements, les réunions, les rencontres de formation, la catéchèse... Nous avons fait ce que nous avons pu à travers Internet (réunions par zoom, prières par Facebook, messes sur notre site web...), mais ce n’est pas la même chose », ajoute-t-il. 

Maintenant que les mosquées reprendront leurs activités, les autres lieux de culte emboiteront le pas pour accueillir les fidèles des différentes confessions afin de pratiquer leur foi, dans le respect des mesures sanitaires. 

Hajar LEBABI  

3 questions à Cristóbal López Romero

Cristóbal López Romero
Cristóbal López Romero
« En raison de l’impossibilité de nous rencontrer, notre communion et notre fraternité ont grandi spirituellement »
 
Le cardinal Cristóbal López Romero, archevêque de Rabat, nous raconte comment le confinement a été vécu par la communauté chrétienne au Maroc.

- Qu’est-ce qu’a représenté le confinement pour la communauté chrétienne au Maroc ?
- Nous avons constaté qu’en raison de l’empêchement de nous rencontrer, notre communion et notre fraternité ont grandi spirituellement. Il y a eu aussi une éclosion de créativité qui s’est manifestée à travers les moyens que la technologie met à notre disposition. La solidarité entre nous et surtout envers les personnes en détresse, notamment celles qui sont en migration, a beaucoup grandi et s’est mieux organisée. Nous avons fait de notre mieux pour venir en aide à tous ceux qui avaient faim, étaient malades ou ne pouvaient payer le loyer. Un autre effet positif a été la responsabilisation de chacun dans le but de vivre la vie chrétienne : les prêtres et la communauté n’étant pas au secours, il a fallu que chacun se prenne en charge !

- Quel a été l’effet négatif de cette période sur les églises au Maroc ?
- Pour les effets négatifs, en plus de l’éloignement physique entre nous et du manque de célébrations communautaires, les paroisses ont perdu presque toutes les ressources financières, puisque nous dépendons en grande partie des quêtes qui se font pendant les messes. Nos écoles catholiques ont eu aussi de graves difficultés et cela continue encore. Nous avons payé absolument tous les salaires et les charges sociales pendant tout le confinement, sans rien recevoir, ni de la part de l’Etat ni d’une grande partie des parents d’élèves. La situation est insoutenable en ce moment.

- Maintenant que les mosquées vont ouvrir, est-ce que ça sera le cas pour les églises également ?
- Nous emboiterons le pas des mosquées, puisque, en tant que lieux de culte, nos églises se sentent concernées pour ce qui est décidé pour les mosquées. Nous reprendrons donc nos activités à partir du 15 juillet, dans le plus strict respect des mesures sanitaires et des indications données par les autorités dans ce domaine.

Recueillis par H. L. 

Repères

Les juifs du Maroc paient un lourd tribut au Coronavirus
La petite communauté juive du Maroc a été particulièrement endeuillée par l’épidémie liée au Coronavirus, avec douze décès consécutifs à la célébration d’un mariage et d’une fête religieuse, en mars. Quelques jours avant la déclaration de l’état d’urgence sanitaire et le confinement obligatoire, des membres de la communauté « se sont retrouvés à un mariage à Agadir, avec des invités venus de l’étranger », relate à l’AFP Serge Berdugo, secrétaire général du Conseil de la communauté israélite du Maroc (CCIM). « Quelques jours après, ils se sont retrouvés à la fête de Pourim, à Casablanca, et ça a été un drame », a-t-il confié.

Quand la cathédrale Saint-Pierre de Rabat collecte des dons pour les sans-papiers
Dans le cadre de l’élan de solidarité nationale observé suite à la crise sanitaire que vit le Royaume due au Coronavirus, l’église catholique Diocès de Rabat (cathédrale Saint-Pierre) avait lancé, le 26 mars, une collecte de dons au profit des sans-papiers vivant dans le Royaume, toutes nationalités et religions confondues. Cette campagne avait pour but de venir en aide à des personnes migrantes qui vivent d’habitude de petits boulots, et qui se sont retrouvées sans revenu suite au confinement imposé dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire.








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