Avant, on parlait peu d’obésité, mais la crise sanitaire a mis en lumière cette maladie. La comorbidité a rendu le sujet plus urgent, plus dramatique et plus anxiogène. Bouger, faire du sport, bien manger... toutes ces actions du quotidien étaient devenues mission impossible durant la pandémie du Covid-19, surtout durant le confinement. Conséquences : l’obésité a gagné du terrain chez les jeunes comme chez les adultes. Le Covid a eu un effet néfaste sur la maladie.
« Les Marocains ont été sédentaires et ont pris entre 6 et 8 kilos en moyenne pendant le confinement », affirme Dr Yousra Moustafid, nutritionniste. En outre, les personnes souffrant d’obésité sont plus vulnérables au Covid-19, comme pour la grippe. « Car la maladie est un état inflammatoire chronique qui favorise ces différentes pathologies », explique la spécialiste. « Le seul effet positif, c’est que cela a bien fait comprendre aux gens que l’obésité était une vraie maladie », souligne Dr Moustafid.
La crise sanitaire facteur aggravant
La pandémie du Covid-19 « va augmenter assurément et fortement les causes psychologiques et sociales de l’obésité. On compense le stress de la crise sanitaire par une alimentation déséquilibrée, on bouge moins. Alors il y a urgence à mieux accompagner cette maladie. Il faut s’atteler aux dispositifs d’aide avec plus d’acteurs, plus de formation, plus d’appétence pour le sujet et notamment chez les jeunes », précise Dr Ilham Adouan, infectiologue.
L’effet « confinement »
Il y a bel et bien un « effet confinement » sur les personnes qui ont des problèmes de poids. Qu’on parle d’anorexie ou d’obésité, « le confinement a vraiment eu un effet catalyseur sur les jeunes fragiles engagés dans des activités de restriction. C’est vraiment un angle mort de la pandémie », explique Dr Moustafid. « Certains de ces cas sont d’ailleurs atypiques », observe-t-elle. « Certains patients s’en sont sortis très vite. Ils ont fait un trouble alimentaire rapide. On voyait très peu de ce genre de cas avant. Mais dans d’autres cas, c’est plus classique et le trouble s’est installé », note la spécialiste.
« Pendant les confinements, il y a eu une désorganisation, une perte d’encadrement notamment chez les enfants et aussi chez leurs parents. Les enfants ont été beaucoup livrés à eux-mêmes. Or, la routine est importante pour se sentir en sécurité », indique Dr Moustafid.
Avec la pandémie, « tout s’est arrêté »
Amine, 27 ans, habite seul dans un petit appartement au coeur de Rabat. En 2018, il avait déjà subi une opération bariatrique pour perdre du poids. Le confinement est arrivé et Amine sait que son obésité est un facteur de risque. Il n’ose donc pas sortir.
« On est devenu plus sédentaire. On n’avait pas le droit de sortir avec le couvre-feu. Je ne me permettais pas de sortir. Avec l’ennuie, quand on n’arrive pas à s’occuper l’esprit, et bien on grignote encore plus. Et ce n’était pas forcément des galettes, mais plutôt du pain, du fromage, des chips... J’ai pris 10 kilos. C’était vraiment tout et n’importe quoi », confie ce jeune.
La vie depuis s’apparente à un confinement sans fin pour ce jeune conseiller clients, en télétravail. « On a beaucoup de stress, un sentiment d’isolement. On a plus de vie sociale », déclare Amine. Selon Dr Rokia Benbrahim, psychologue, « les personnes obèses ont eu très peur. On est arrivé à des stress dépassés qui aggravent les problèmes alimentaires auxquels s’ajoute également l’inquiétude de mourir ».
« Agression calorique »
Le choc entre l’obésité et le Covid espère voir se généraliser. « Le choc entre ces deux pandémies doit nous inviter à réfléchir aux moyens d’infléchir cette maladie trop longtemps négligée », soutient Dr Mounia Zahzah, médecin spécialiste en gastro-entérologie. « On voit évoluer l’obésité depuis des décennies et on ne se donne pas les moyens de la traiter. J’ai été choquée de voir la difficulté à la faire reconnaître comme un facteur de vulnérabilité », regrette-t-elle.
Que faire concrètement ? Développer la prévention. « Une fois l’obésité installée, difficile de perdre du poids, l’être humain est pensé pour stocker. Il faut donc agir en amont : favoriser encore plus les habitudes saines de vie, promouvoir le sport à l’école, favoriser l’accès à des activités gratuites, limiter la publicité pour des aliments nocifs. On est agressé caloriquement en permanence. Il faut arrêter de penser que chacun est responsable, certains sont plus vulnérables que d’autres et il faut les protéger », conseille la spécialiste.
« Les Marocains ont été sédentaires et ont pris entre 6 et 8 kilos en moyenne pendant le confinement », affirme Dr Yousra Moustafid, nutritionniste. En outre, les personnes souffrant d’obésité sont plus vulnérables au Covid-19, comme pour la grippe. « Car la maladie est un état inflammatoire chronique qui favorise ces différentes pathologies », explique la spécialiste. « Le seul effet positif, c’est que cela a bien fait comprendre aux gens que l’obésité était une vraie maladie », souligne Dr Moustafid.
La crise sanitaire facteur aggravant
La pandémie du Covid-19 « va augmenter assurément et fortement les causes psychologiques et sociales de l’obésité. On compense le stress de la crise sanitaire par une alimentation déséquilibrée, on bouge moins. Alors il y a urgence à mieux accompagner cette maladie. Il faut s’atteler aux dispositifs d’aide avec plus d’acteurs, plus de formation, plus d’appétence pour le sujet et notamment chez les jeunes », précise Dr Ilham Adouan, infectiologue.
L’effet « confinement »
Il y a bel et bien un « effet confinement » sur les personnes qui ont des problèmes de poids. Qu’on parle d’anorexie ou d’obésité, « le confinement a vraiment eu un effet catalyseur sur les jeunes fragiles engagés dans des activités de restriction. C’est vraiment un angle mort de la pandémie », explique Dr Moustafid. « Certains de ces cas sont d’ailleurs atypiques », observe-t-elle. « Certains patients s’en sont sortis très vite. Ils ont fait un trouble alimentaire rapide. On voyait très peu de ce genre de cas avant. Mais dans d’autres cas, c’est plus classique et le trouble s’est installé », note la spécialiste.
« Pendant les confinements, il y a eu une désorganisation, une perte d’encadrement notamment chez les enfants et aussi chez leurs parents. Les enfants ont été beaucoup livrés à eux-mêmes. Or, la routine est importante pour se sentir en sécurité », indique Dr Moustafid.
Avec la pandémie, « tout s’est arrêté »
Amine, 27 ans, habite seul dans un petit appartement au coeur de Rabat. En 2018, il avait déjà subi une opération bariatrique pour perdre du poids. Le confinement est arrivé et Amine sait que son obésité est un facteur de risque. Il n’ose donc pas sortir.
« On est devenu plus sédentaire. On n’avait pas le droit de sortir avec le couvre-feu. Je ne me permettais pas de sortir. Avec l’ennuie, quand on n’arrive pas à s’occuper l’esprit, et bien on grignote encore plus. Et ce n’était pas forcément des galettes, mais plutôt du pain, du fromage, des chips... J’ai pris 10 kilos. C’était vraiment tout et n’importe quoi », confie ce jeune.
La vie depuis s’apparente à un confinement sans fin pour ce jeune conseiller clients, en télétravail. « On a beaucoup de stress, un sentiment d’isolement. On a plus de vie sociale », déclare Amine. Selon Dr Rokia Benbrahim, psychologue, « les personnes obèses ont eu très peur. On est arrivé à des stress dépassés qui aggravent les problèmes alimentaires auxquels s’ajoute également l’inquiétude de mourir ».
« Agression calorique »
Le choc entre l’obésité et le Covid espère voir se généraliser. « Le choc entre ces deux pandémies doit nous inviter à réfléchir aux moyens d’infléchir cette maladie trop longtemps négligée », soutient Dr Mounia Zahzah, médecin spécialiste en gastro-entérologie. « On voit évoluer l’obésité depuis des décennies et on ne se donne pas les moyens de la traiter. J’ai été choquée de voir la difficulté à la faire reconnaître comme un facteur de vulnérabilité », regrette-t-elle.
Que faire concrètement ? Développer la prévention. « Une fois l’obésité installée, difficile de perdre du poids, l’être humain est pensé pour stocker. Il faut donc agir en amont : favoriser encore plus les habitudes saines de vie, promouvoir le sport à l’école, favoriser l’accès à des activités gratuites, limiter la publicité pour des aliments nocifs. On est agressé caloriquement en permanence. Il faut arrêter de penser que chacun est responsable, certains sont plus vulnérables que d’autres et il faut les protéger », conseille la spécialiste.
Meryem EL BARHRASSI
Risques cardiovasculaires et diabète
Certains patients développent des complications malgré des obésités modérées tandis que d’autres ont des obésités sévères, mais peu de difficultés. Il faut aussi prendre en considération le tour de taille et la répartition des tissus adipeux.
« Lorsque le gras est réparti au niveau abdominal autour des organes digestifs, on parle d’obésité androïde et si le tour de taille est supérieur à 102 cm pour les hommes et à 88 cm pour les femmes chez les Caucasiens, les risques de complications cardiovasculaires et de diabète sont accrus. Le syndrome métabolique décrit ces maladies associées (diabète, cholestérol élevé, hypertension artérielle…) », explique Dr Houda Lazrak, diabétologue.
« L’obésité peut donc représenter un risque accru d’infection Covid-19 sévère, amenant les patients en unité de soins intensifs pour une assistance respiratoire avec menace de décès », alerte la spécialiste.
« Lorsque le gras est réparti au niveau abdominal autour des organes digestifs, on parle d’obésité androïde et si le tour de taille est supérieur à 102 cm pour les hommes et à 88 cm pour les femmes chez les Caucasiens, les risques de complications cardiovasculaires et de diabète sont accrus. Le syndrome métabolique décrit ces maladies associées (diabète, cholestérol élevé, hypertension artérielle…) », explique Dr Houda Lazrak, diabétologue.
« L’obésité peut donc représenter un risque accru d’infection Covid-19 sévère, amenant les patients en unité de soins intensifs pour une assistance respiratoire avec menace de décès », alerte la spécialiste.