« L'Otan fait des tentatives dangereuses d'user du territoire ukrainien et développe son potentiel militaire à nos frontières », écrivent les services de Vladimir Poutine, exigeant de la Maison Blanche des "garanties juridiques sûres excluant un élargissement de l'Otan à l'Est.
Répondant aux menaces de sanctions américaines en cas d'opération militaire russe contre l'Ukraine, « Vladimir Poutine a répondu qu'il ne fallait pas rejeter la responsabilité sur les épaules de la Russie » étant donné le comportement de l'Alliance atlantique. Il a aussi dénoncé « la ligne destructrice de Kiev » qui, selon lui, cherche à « démonter » les accords de Minsk de 2015, un processus de paix censé mettre fin au conflit entre forces ukrainiennes et séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine et qui est au point mort depuis des années.
« Les dirigeants se sont entendus pour demander à leurs représentants d'entamer des consultations de fond sur ces sujets sensibles », a dit la présidence russe. Vladimir Poutine a en outre proposé mardi à Joe Biden de lever toutes les mesures de rétorsion visant les missions diplomatiques de leurs deux pays prises ces derniers mois en pleines tensions entre les Etats-Unis et la Russie. Selon le Kremlin, les relations entre Moscou et Washington « ne sont pas dans un état satisfaisant ».
« La partie russe a proposé de faire table rase de toutes les restrictions accumulées concernant le fonctionnement des missions diplomatiques, ce qui pourrait permettre de normaliser d'autres aspects des relations bilatérales » russo-américaines, selon le communiqué russe.
Fin de non-recevoir
Face aux récriminations de Vladimir Poutine, le président américain est cependant resté ferme. Joe Biden n'a pas fait de « promesses ni de concessions » quant à l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan, a assuré mardi son conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan. Le président américain estime que tout pays doit pouvoir « choisir librement » avec qui s'associer, a dit Jake Sullivan lors d'un point presse, après une conversation de deux heures entre les deux chefs d'Etat.
Les Etats-Unis sont prêts à utiliser le gazoduc Nord Stream, par lequel la Russie veut fournir l'Europe en gaz naturel, comme levier pour dissuader Moscou d'attaquer l'Ukraine, a également déclaré Jake Sullivan. Notant que ce gazoduc n'était pas encore en fonctionnement, il a averti : « Si Vladimir Poutine veut que le futur Nord Stream II transporte du gaz, il ne prendra peut-être pas le risque d'envahir l'Ukraine ».
Quant aux autres dossiers à l'ordre du jour, selon le Kremlin, les deux parties ont souligné l'importance de travailler ensemble contre la cybercriminalité, alors que l'Occident accuse la Russie de piloter des attaques informatiques contre ses rivaux. Et les dirigeants ont dit « espérer » une reprise constructive des négociations sur l'accord concernant le nucléaire iranien.
Entretien entre Zelensky et Blinken
La veille de la réunion Russo-US au sommet, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken ont eu une conversation téléphonique pour s'informer mutuellement de leurs positions sur la crise ukrainienne, a annoncé mardi le service de presse du président ukrainien.
La conversation a eu lieu à la veille d'une vidéoconférence entre le président américain Joe Biden et son homologue russe Vladimir Poutine, prévue plus tard dans la journée de mardi. Ils devraient discuter des questions concernant l'Ukraine et de plusieurs autres sujets.
Au cours des entretiens, M. Zelensky a informé M. Blinken de la situation aux frontières ukrainiennes. Ils ont également discuté de la coopération en matière de sécurité entre Kiev et Washington.
Les deux parties ont également convenu que Biden aura une conversation téléphonique avec M. Zelensky après sa rencontre en ligne avec M. Poutine.
Intervention française
Des discussions qui interviendront aux lendemains de la vidéoconférence Biden-Poutine, dans le but d'éviter une escalade militaire en Ukraine, a annoncé mardi l'Elysée.
Paris et Berlin discuteront vendredi à l'occasion de la venue à l'Elysée du nouveau chancelier Olaf Scholz, de manière à "réengager la Russie dans le cadre du format 'Normandie'" (sommet diplomatique entre la France, l'Allemagne, la Russie et l'Ukraine).
Les États-Unis et la Russie se font face depuis plusieurs jours concernant l'Ukraine. Washington reproche ainsi à Moscou de vouloir préparer une opération militaire en Ukraine. Moscou ne voit pas d’un bon œil la concentration des troupes de l’OTAN en Ukraine ni n’accepterait une adhésion de l’Ukraine à L’OTAN.