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Croissance de la pauvreté : l’alarme sonne, les mesures tâtonnent

Coronavirus


Rédigé par Saâd JAFRI Vendredi 10 Avril 2020

Le taux de pauvreté dans les pays en développement, notamment ceux du Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, risque une explosion sans précédent. Le Maroc n’échappe pas à la règle.



Croissance de la pauvreté : l’alarme sonne, les mesures tâtonnent
Suite à l’ampleur que prend la crise économique provoquée par le coronavirus, de nouvelles analyses estiment que plus d’un demi-milliard de personnes dans le monde pourrait basculer dans la pauvreté, à moins que des mesures drastiques ne soient prises de toute urgence. Dans son nouveau rapport intitulé «le prix de la dignité», Oxfam indique que les pays en développement, notamment ceux de l’Afrique subsaharienne, du Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, sont les plus exposés à ces risques. Le Maroc faisant partie de la région MENA, n’échappe pas à la règle.

En effet, bien avant le déclenchement de la crise sanitaire, les résultats du Maroc en matière de lutte contre la pauvreté étaient en deçà des attentes et du potentiel du pays. Depuis 2014, la situation socio-économique des Marocains empire de plus en plus, suite à la faible croissance économique du royaume. Le dernier rapport de la Banque Mondiale (BM) sur le suivi de la situation économique du Maroc, indique que prés de 9 millions des citoyens (soit 24%s de la population) peuvent être considérés comme pauvres ou menacés de pauvreté́, sachant qu’elle estimait un taux de croissance de 3,3% en moyenne en 2020-2021. Avec la crise actuelle qui touche de plein fouet le PIB du royaume, les estimations risquent d’être plus pessimiste que jamais.

Sauver les emplois, pour amortir les répercussions

Parmi les points sur lequel le rapport d’Oxfam s’est beaucoup attardé, figure celui de la perte des emplois. Pas du tout étonnant, vu que le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) estime que près de la moitié des emplois en Afrique pourraient être perdu. À l’échelle planétaire, il est estimé que les pertes de revenus pour la main d’oeuvre pourraient atteindre 3 400 milliards de dollars. «Les retombées économiques dévastatrices de la pandémie se font ressentir partout dans le monde. Mais les populations des pays pauvres, qui peinent déjà à survivre avec des emplois précaires peu rémunérés, ne peuvent compter sur presque aucun filet de sécurité pour ne pas sombrer dans la pauvreté.», déplore José Maria Vera, directeur par intérim d’Oxfam International.

Oxfam appelle à la solidarité

Ainsi, pour amortir les dégâts ravageurs sur les pays en développement, l’ONG, propose un «plan de sauvetage économique » qui fournirait aux pays pauvres des subventions en espèces aux personnes ayant perdu leurs revenus et de renflouer les petites entreprises. Parmi les mesures de ce plan, Oxfam recommande l’annulation immédiate du remboursement de la dette des pays en développement en 2020 à hauteur de 1 000 milliards de dollars. Elle propose également la création de réserves internationales d’au moins 1 000 milliards de dollars, connues sous le nom de droits de tirage spéciaux, afin d’augmenter considérablement les fonds disponibles pour les pays.

La présente crise sanitaire, donne l’opportunité aux États de transformer définitivement leurs économies de manière à réduire radicalement les inégalités. Le coronavirus a dévoilé l’importance de changer de paradigme, pour placer l’être humain au centre de tout.

Saâd JAFRI

3 questions à Abdeljalil LAROUSSI, responsable plaidoyer et campagnes à Oxfam Maroc

« Cette crise doit alimenter la réflexion sur le modèle de développement »

Dans son rapport, Oxfam indique que plus d’un demi-milliard de personnes dans le monde pourrait basculer dans la pauvreté, suite à la crise liée au Covid-19. Quels sont les risques qui se présentent devant le Maroc dans ce cas de figure ?

 
Un Marocain sur huit est en situation de vulnérabilité, c’est-à-dire dans l’incapacité de se nourrir suffisamment et de se procurer les biens de base. Ces personnes sont les premières à protéger et à soutenir, car elles sont en première ligne des personnes qui pourront basculer dans la pauvreté extrême lors de crises sanitaires comme celle du coronavirus. Il s’agit des personnes qui travaillent dans l’informel, celles qui vivent au jour le jour, par exemple. Le secteur informel, aujourd’hui suspendu par la crise, pèse 20% du PIB, selon la CGEM. C’est pour cela, qu’Oxfam pense que la situation actuelle et celle de post crise seront très difficiles et très compliquées pour nos concitoyens.

Le rapport appelle à mettre en place un système d’impôts sur la solidarité. En quoi cela pourrait aider à dépasser la crise ?

Cette crise doit venir alimenter la réflexion sur le modèle de développement, nous amener à aller plus loin sur les questions de justice sociale, de protection des plus démunis, mais aussi penser la justice fiscale et la redistribution comme un levier structurel de solidarité nationale, au-delà de l’action compensatrice du citoyen et de la société civile.

Comment les inégalités existantes, influencent-elles la crise économique liée au Covid-19 ?

Si le coronavirus touche sans distinction toutes les classes sociales, nous ne sommes malheureusement pas tous égaux face à la maladie. La pandémie du coronavirus nous met face à nos choix de développement, sociaux, économiques et politiques.

Elle met également en avant les profondes inégalités qui traversent nos sociétés. Ainsi, les inégalités de genre, les inégalités territoriales ou encore les inégalités dans l’accès aux services de bases de qualité, accentuent et influencent la crise économique et sociale existante. Par exemple, dans le monde rural les infrastructures laissent à désirer, l’impact de la crise est plus aigu.
Receuillis par
S. J.








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