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En attendant la relance économique : Le Maroc perd 1.000.000.000 de Dhs par jour !


Rédigé par Saâd JAFRI Mardi 19 Mai 2020

Mardi, Mohamed Benchaâboun, coiffé de sa double casquette de ministre de l’Economie et des Finances et de membre du Comité de Veille Economique (CVE) a esquissé les contours du futur plan de relance économique.



Mohamed Benchaâboun lors de la séance des questions orales à la Chambre des conseillers
Mohamed Benchaâboun lors de la séance des questions orales à la Chambre des conseillers
C’est un tableau noir et très détaillé sur l’ampleur de la crise actuelle que vient de dresser Mohamed Benchaâboun, le ministre marocain de l’Economie et des Finances lors de sa présentation de mardi devant la Chambre des Conseillers. En préambule à l’esquisse des grands contours du plan de relance économique post-Coronavirus auquel la séance était dédiée, l’argentier du Royaume a livré quelques chiffres qui font froid dans le dos. 

En tête de ces chiffres, le milliard de dirhams perdu chaque jour par l’économie du Royaume depuis le début de la crise du Coronavirus qui aurait généré une perte de 6 points de PIB en l’espace de deux mois. Tout aussi effarant est le montant du manque à gagner pour les finances publiques estimé à quelque 500 millions de dirhams en termes de baisse journalière des recettes du trésor public durant la période du confinement.

En parallèle, une baisse significative des exportations a été enregistrée à -61,5% contre -37,6% par rapport aux importations. Les secteurs d’exportation les plus touchés sont les activités industrielles liées aux chaînes de valeur mondiales comme l’industrie automobile, dont les exportations ont baissé de -96% en avril contre -86% en mars, et les industries aéronautiques (-81% en avril vs -52% en mars), électronique (-93% en avril vs -51% en mars), textile et habillement (-86,5% en avril vs -40% en mars), à l’exception notable des exportations de phosphate et dérivés qui ont enregistré une progression (+ 14% en avril).

Plus de flexibilité et de souplesse pour les TPE

Face à ce cataclysme économique qui aurait pu être beaucoup plus grave, selon Mohamed Benchaâboun, si ce n’étaient les mesures d’aide et de soutien à l’égard des entreprises et des travailleurs du formel et de l’informel engagées par l’Etat, un plan de relance économique global et ambitieux serait en phase de peaufinage et dont les détails seront livrés en même temps que l’annonce, proche selon le ministre des finances, de ceux de la loi rectificative des finances (voir repères) qui s’inscrit également dans cet effort de relance. 

En attendant cette présentation dédiée lors de laquelle l’ensemble des détails seront dévoilés comme le promet le ministre des Finances et tête de proue du Comité de Veille Economique, les grands contours de ce plan et sa philosophie se profilent déjà à travers les réponses apportées par Benchaâboun aux questions des conseillers.

En ce qui concerne l’esprit et la philosophie, il en ressort que ce plan élaboré selon une méthodologie globale et intégrée qui est voulu comme un accélérateur de croissance à travers l’implication de tous les acteurs concernés, s’appuie sur des mécanismes horizontaux qui prennent en compte les spécificités sectorielles dans le cadre de plans dédiés à chaque secteur. «Ce plan mise également sur l’esprit de solidarité et de mobilisation qui a caractérisé notre pays durant cette crise, tout en tenant compte des contraintes et des opportunités que cette crise a révélé, afin d’établir un pacte social qui s’appuie sur l’intégration de larges groupes de la société marocaine dans la dynamique de développement», a déclaré Benchaâboun. 

Cet objectif implique selon lui «la généralisation de la couverture sanitaire obligatoire, la mutualisation et l’optimisation de tous les programmes sociaux visant à cibler les groupes vulnérables, ainsi que la mise en œuvre des incitations nécessaires à même d’intégrer le secteur informel dans le circuit économique», a précisé le ministre, ajoutant qu’en parallèle, le plan de relance économique allait mettre l’accent sur le soutien de l’offre et la stimulation de la demande.

Pour ce qui est des mesures proprement dites, le ministre des Finances a révélé qu’en vue de la mise en place des mécanismes de financement qui seront mobilisés pour assurer l’apport de capitaux aux grandes, petites, moyennes et micro-entreprises en vue de leur permettre de reprendre leurs activités, le Comité de vigilance économique a décidé de revoir le mécanisme de «garantie oxygène» et de le rendre plus flexible, tout en améliorant les conditions d’obtention de financements pour redémarrage d’activité, au profit des TPE, PME et Contrats de Taille Moyenne (ETI). Ce mécanisme sera également prolongé jusqu’au 31 décembre 2020 et aucune garantie ne sera désormais requise.

Mécanisme dédié aux grandes entreprises et EEP

Quant aux entreprises qui réalisent un chiffre d’affaires de plus de 500 millions de dirhams, Benchaâboun a déclaré qu’elles seront intégrées dans un mécanisme dédié au financement de leur reprise. Une commission composée de représentants du ministère de l’Economie et des Finances, de Bank Al-Maghrib, du GPBM et de la CGEM s’attellera sur l’élaboration des procédures et dispositifs opérationnels de ce nouveau mécanisme.

Benchaâboun a clôturé sa présentation sur le plan de relance en évoquant le cas des Entreprises et Etablissements Publics (EEP) qui a également été examiné dans le cadre du Comité de Veille Economique. À cet égard, il a été convenu de créer un Fonds de garantie spécial qui permettrait aux institutions touchées par la pandémie de Covid-19 d’accéder aux ressources financières nécessaires au maintien de leurs capacités de financement permanentes, assurant ainsi une croissance forte et durable de leurs activités.

3 questions à Ahmed Toumi

Député Istiqlalien et membre de la Commission des finances et du développement économique
Député Istiqlalien et membre de la Commission des finances et du développement économique
« Il va falloir instaurer un pilotage trimestriel de la loi des finances par des lois rectificatives »

Nous avons contacté le député Istiqlalien, Ahmed Toumi, pour nous donner des pistes de réflexion sur la relance économique au Maroc.

- L’impact de la crise sur l’économie nationale s’avère important, surtout sur les TPME, quelles sont les mesures à prioriser pour assurer une reprise optimale pour ces dernières ?
- Pour une reprise optimale, il y a plusieurs mesures à prendre. Dans l’immédiat, il est impératif de (1) faciliter l’accès aux mesures et dispositifs d’aide mis en place pour mitiger les pertes dues au COVID-19, (2) faciliter l’accès à la commande publique réservée à ces entreprises et (3) faciliter l’accès au financement bancaire par la mise en pratique des textes réglementaires relatifs à la titrisation et aux valeurs mobilières. A moyen et long termes, il faut créer une structure bancaire publique dédiée au financement de ces entreprises, structures aux meilleurs benchmark internationaux, tels que le modèle allemand du KfW et les Sparkassen. 

- Le confinement coûterait au Maroc près de 80 milliards de DH, avec des pertes sèches pour les recettes du Trésor. Comment amortir ces pertes ?
- Les 80 milliards manquants ne posent pas de problème et peuvent être comblés. Les dépenses en DH du Trésor peuvent être levées sur le marché financier domestique. Pour les dépenses en devise, outre la réserve des 3 milliards de la LPL du FMI, que le Maroc vient de tirer, on peut aisément, en cas de besoin, lever les sommes requises sur le marché international à des taux et conditions favorables.

- Quels sont les axes qui doivent être prioritaires dans la loi des finances rectificative, notamment en matière de politiques publiques ?
- Le monde est de plus en plus un monde volatile, incertain, complexe et ambigu. Il va falloir instaurer un pilotage trimestriel de la loi des finances par des lois rectificatives. Les axes prioritaires sont ceux à même de jeter les bases d’une économie post-coronavirus. Dans ce registre se démarquent les chantiers de l’éducation, de la santé, de la recherche et développement, ainsi que la digitalisation, du social et du monde rural.

Recueillis par S. J

Repères

Loi des finances rectificative
«Les hypothèses sur la base desquelles la loi de finances de 2020 a été élaborée devraient être revues et un projet de loi de finances rectificative est en cours de préparation», a déclaré Mohamed Benchaâboun. La nouvelle loi verra la mise à jour des hypothèses retenues pour l’élaboration de l’actuelle loi de finances, la fixation de nouvelles prévisions tenant compte de l’impact de la crise sur le déficit budgétaire, la balance des paiements et la dette. Cette loi inclura enfin l’élaboration d’un plan de travail pluriannuel pour relancer l’activité économique.
Tourisme et transferts des MRE en chute libre
Selon Mohamed Benchaâboun, les revenus touristiques ont diminué de 60% en avril, portant le taux de décroissance au cours des quatre premiers mois de cette année à -15%. La même tendance à la baisse a été ressentie au niveau des transferts en devises des Marocains Résidents à l’Etranger (MRE) qui ont enregistré au cours du mois d’avril -30% pour une moyenne de -11% au cours des quatre mois de l’année en cours.



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