Mohamadi Rachdi El Yacoubi
- Comment évaluez-vous l’état d’avancement des mesures fiscales de la Loi des finances 2021 ?
- Comme vous le savez, les mesures fiscales de la Loi des finances 2021 sont une déclinaison du budget de l’Etat pour cette même année. Ce budget est l’instrument principal qui permet au gouvernement d’implémenter annuellement son programme économique et social. Il se trouve balisé, aux différentes étapes de son élaboration, de son adoption et de son exécution par un cadre constitutionnel et légal. C’est un document clé par lequel sont prévues et autorisées les ressources et les charges annuelles de l’Etat. Il est structuré autour de 3 composantes : budget général, budgets des services de l’Etat gérés de manière autonome et budgets des comptes spéciaux du Trésor.
Les mesures fiscales s’appliquent dès le 1er janvier 2021 et je pense que le déploiement des nouvelles dispositions fiscales et douanières se fait dans de bonnes conditions eu égard à l’incertitude qui prévaut en contexte pandémique, et qui exige de l’Etat une veille opérationnelle. Il s’agit de mettre en œuvre des outils pour non seulement remédier aux répercussions économiques et sociales de la crise, mais également assurer, dans le cadre d’une vision prospective globale, un réajustement des priorités et une formulation des réponses en fonction des principales variables émergentes.
- La loi de Finances 2021 a prévu une panoplie de mesures d’incitations fiscales visant à booster la création d’emplois afin de résorber le chômage des jeunes, notamment les jeunes diplômés. Comment pourrait-on atténuer le taux de sinistralité des entreprises ?
- Au Maroc, le chômage touche plus de quatre jeunes urbains sur dix, selon les dernières données officielles. Une problématique au centre des préoccupations sociales qui nourrit frustration et mécontentement populaire, et ce, bien avant le Covid-19. Maintenant, cette crise sanitaire a eu certes des effets sur l’ensemble de l’activité sectorielle qui se sont traduits par des suppressions d’emplois et par le report des programmes d’embauches préalablement programmés par les entreprises publiques et privées, comme en témoignent les résultats publiés par le HCP. Les diplômés sont, par ailleurs, davantage exposés que les personnes n’ayant suivi aucune formation… Des diplômés oui…, mais souvent peu qualifiés et pâtissant des défaillances du système éducatif et de son inadéquation avec le marché du travail.
Néanmoins, ceci n’est pas un phénomène récent, sauf qu’il tend à devenir structurel avec la faible diversification du tissu productif et la déperdition scolaire. Sur un autre registre, la précarité de l’offre d’emploi n’encourage guère l’investissement des ménages dans l’enseignement de leurs enfants, ce qui ravive le décrochage scolaire. Par ailleurs, je signale que ce taux de chômage élevé est aussi lié à la transition démographique et à la dynamique de la pyramide marocaine des âges, avec de plus en plus de jeunes arrivant sur le marché du travail. Aussi, l’économie marocaine ne crée pas suffisamment d’emplois par rapport au nombre de jeunes arrivés sur le marché du travail.
Les chanceux parmi eux arrivent à s’insérer souvent sur le marché de l’informel avec une précarité en termes d’emploi et de revenu, ainsi qu’une absence de couverture sociale. En somme, le chômage des jeunes et des diplômés et l’aggravation des inégalités sont structurellement dopés par la faiblesse et l’irrégularité de notre croissance économique.
- En termes d’investissement, le Maroc mise sur l’attraction des investisseurs étrangers. Comment votre cercle va-t-il contribuer à la réussite de ce chantier ?
- La consolidation de l’intégration régionale de notre pays dans le monde post Covid-19 présente des opportunités inédites pour forger son positionnement international et l’asseoir sur des bases solides et durables. Pour ce faire, le Maroc est appelé à optimiser sa stratégie d’ouverture et à maximiser ses retombées en termes de « confection » d’une offre exportable basée sur un meilleur repositionnement dans les chaînes de valeur mondiales. Dans ce sens, un effort particulier doit être déployé pour attirer des Investissements Directs Etrangers (IDE) à fort impact sur la transformation structurelle de l’économie nationale.
Le CFM regroupe des professionnels d’horizons variés (professionnels de la comptabilité, notaires, avocats, universitaires...) qui s’intéressent à la matière fiscale. Nous demeurons à la disposition des pouvoirs publics pour apporter notre pierre « fiscale et juridique » à l’édifice et contribuer à la mise en place d’un nouveau système fiscal, plus équitable, performant et intégrant les principes universels de bonne gouvernance fiscale. Nous sommes convaincus par la nécessité de mettre en place un système fiscal à même d’assurer, non seulement un meilleur drainage des investissements nationaux et étrangers, mais aussi une meilleure régularité de la croissance ; une croissance plus inclusive, tournée vers les investissements à haute intensité de main d’œuvre.
- Comme vous le savez, les mesures fiscales de la Loi des finances 2021 sont une déclinaison du budget de l’Etat pour cette même année. Ce budget est l’instrument principal qui permet au gouvernement d’implémenter annuellement son programme économique et social. Il se trouve balisé, aux différentes étapes de son élaboration, de son adoption et de son exécution par un cadre constitutionnel et légal. C’est un document clé par lequel sont prévues et autorisées les ressources et les charges annuelles de l’Etat. Il est structuré autour de 3 composantes : budget général, budgets des services de l’Etat gérés de manière autonome et budgets des comptes spéciaux du Trésor.
Les mesures fiscales s’appliquent dès le 1er janvier 2021 et je pense que le déploiement des nouvelles dispositions fiscales et douanières se fait dans de bonnes conditions eu égard à l’incertitude qui prévaut en contexte pandémique, et qui exige de l’Etat une veille opérationnelle. Il s’agit de mettre en œuvre des outils pour non seulement remédier aux répercussions économiques et sociales de la crise, mais également assurer, dans le cadre d’une vision prospective globale, un réajustement des priorités et une formulation des réponses en fonction des principales variables émergentes.
- La loi de Finances 2021 a prévu une panoplie de mesures d’incitations fiscales visant à booster la création d’emplois afin de résorber le chômage des jeunes, notamment les jeunes diplômés. Comment pourrait-on atténuer le taux de sinistralité des entreprises ?
- Au Maroc, le chômage touche plus de quatre jeunes urbains sur dix, selon les dernières données officielles. Une problématique au centre des préoccupations sociales qui nourrit frustration et mécontentement populaire, et ce, bien avant le Covid-19. Maintenant, cette crise sanitaire a eu certes des effets sur l’ensemble de l’activité sectorielle qui se sont traduits par des suppressions d’emplois et par le report des programmes d’embauches préalablement programmés par les entreprises publiques et privées, comme en témoignent les résultats publiés par le HCP. Les diplômés sont, par ailleurs, davantage exposés que les personnes n’ayant suivi aucune formation… Des diplômés oui…, mais souvent peu qualifiés et pâtissant des défaillances du système éducatif et de son inadéquation avec le marché du travail.
Néanmoins, ceci n’est pas un phénomène récent, sauf qu’il tend à devenir structurel avec la faible diversification du tissu productif et la déperdition scolaire. Sur un autre registre, la précarité de l’offre d’emploi n’encourage guère l’investissement des ménages dans l’enseignement de leurs enfants, ce qui ravive le décrochage scolaire. Par ailleurs, je signale que ce taux de chômage élevé est aussi lié à la transition démographique et à la dynamique de la pyramide marocaine des âges, avec de plus en plus de jeunes arrivant sur le marché du travail. Aussi, l’économie marocaine ne crée pas suffisamment d’emplois par rapport au nombre de jeunes arrivés sur le marché du travail.
Les chanceux parmi eux arrivent à s’insérer souvent sur le marché de l’informel avec une précarité en termes d’emploi et de revenu, ainsi qu’une absence de couverture sociale. En somme, le chômage des jeunes et des diplômés et l’aggravation des inégalités sont structurellement dopés par la faiblesse et l’irrégularité de notre croissance économique.
- En termes d’investissement, le Maroc mise sur l’attraction des investisseurs étrangers. Comment votre cercle va-t-il contribuer à la réussite de ce chantier ?
- La consolidation de l’intégration régionale de notre pays dans le monde post Covid-19 présente des opportunités inédites pour forger son positionnement international et l’asseoir sur des bases solides et durables. Pour ce faire, le Maroc est appelé à optimiser sa stratégie d’ouverture et à maximiser ses retombées en termes de « confection » d’une offre exportable basée sur un meilleur repositionnement dans les chaînes de valeur mondiales. Dans ce sens, un effort particulier doit être déployé pour attirer des Investissements Directs Etrangers (IDE) à fort impact sur la transformation structurelle de l’économie nationale.
Le CFM regroupe des professionnels d’horizons variés (professionnels de la comptabilité, notaires, avocats, universitaires...) qui s’intéressent à la matière fiscale. Nous demeurons à la disposition des pouvoirs publics pour apporter notre pierre « fiscale et juridique » à l’édifice et contribuer à la mise en place d’un nouveau système fiscal, plus équitable, performant et intégrant les principes universels de bonne gouvernance fiscale. Nous sommes convaincus par la nécessité de mettre en place un système fiscal à même d’assurer, non seulement un meilleur drainage des investissements nationaux et étrangers, mais aussi une meilleure régularité de la croissance ; une croissance plus inclusive, tournée vers les investissements à haute intensité de main d’œuvre.
Recueillis par Safaa KSAANI
Portrait
La fiscalité dans l’âme
Mohamadi Rachdi El Yacoubi dirige la Société de Conseil Marrakech Consulting Group (MCG), spécialisée en gestion comptable et optimisation fiscale ainsi qu’en prestations de conseil juridique et financier et en diagnostic stratégique.
Ancien Professeur de Gestion à l’Université Cadi Ayyad et à Sup de Co Marrakech et ancien Directeur du groupe de recherche doctorale Nouvelles Pratiques de Gestion (NPG), il est lauréat de l’Université Laval (Canada), de l’Université Cadi Ayyad (HDR en Gestion) et de l’IAV Hassan II/ENA.
Cet économiste, universitaire et fiscaliste, a également occupé le poste de président de l’Ordre des Comptables Agréés au Maroc (OPCA) de 2016 à 2020. Il préside actuellement la Commission “Investissement et compétitivité” et la Commission juridique à la CGEM Marrakech-Safi.
Il a été élu récemment Président du Think-tank Cercle des Fiscalistes du Maroc (CFM) dont il a été l’un des co-fondateurs en 2014 et Président lors de la première mandature.
« Notre objectif premier est de consolider notre structure en tant qu’espace d’études, d’analyse et de réflexion sur la matière fiscale et offrir un cadre adapté de partenariat et d’échange d’expertise. Il s’agit également de coordonner les actions des fiscalistes du Maroc en matière d’information, de vulgarisation et de formation et dégager des propositions et des avis concertés pour l’amélioration du cadre législatif et réglementaire en matière de droit fiscal », nous confie-t-il.
Mohamadi Rachdi El Yacoubi dirige la Société de Conseil Marrakech Consulting Group (MCG), spécialisée en gestion comptable et optimisation fiscale ainsi qu’en prestations de conseil juridique et financier et en diagnostic stratégique.
Ancien Professeur de Gestion à l’Université Cadi Ayyad et à Sup de Co Marrakech et ancien Directeur du groupe de recherche doctorale Nouvelles Pratiques de Gestion (NPG), il est lauréat de l’Université Laval (Canada), de l’Université Cadi Ayyad (HDR en Gestion) et de l’IAV Hassan II/ENA.
Cet économiste, universitaire et fiscaliste, a également occupé le poste de président de l’Ordre des Comptables Agréés au Maroc (OPCA) de 2016 à 2020. Il préside actuellement la Commission “Investissement et compétitivité” et la Commission juridique à la CGEM Marrakech-Safi.
Il a été élu récemment Président du Think-tank Cercle des Fiscalistes du Maroc (CFM) dont il a été l’un des co-fondateurs en 2014 et Président lors de la première mandature.
« Notre objectif premier est de consolider notre structure en tant qu’espace d’études, d’analyse et de réflexion sur la matière fiscale et offrir un cadre adapté de partenariat et d’échange d’expertise. Il s’agit également de coordonner les actions des fiscalistes du Maroc en matière d’information, de vulgarisation et de formation et dégager des propositions et des avis concertés pour l’amélioration du cadre législatif et réglementaire en matière de droit fiscal », nous confie-t-il.
S. K.
Repères
Déficit budgétaire de 82 MMDH à fin décembre
L’exécution de la loi de finances rectificative (LFR) à fin décembre 2020 laisse apparaître un solde budgétaire négatif de 82 milliards de dirhams (MMDH), selon la Trésorerie générale du Royaume (TGR), relevant du ministère de l’Économie, des Finances et de la Réforme de l’administration. Ce déficit résulte de ressources ordinaires (hors recettes d’emprunts) de 396,8 MMDH et de charges (hors amortissements de la dette) de 478,8 MMDH, précise la TGR dans son rapport trimestriel sur l’exécution de la loi de finances. Compte tenu de recettes d’emprunts de 122,7 MMDH et d’amortissements de la dette de 68,7 MMDH, l’exécution de la loi de finances rectificative dégage un excédent des charges sur les ressources de 28,1 MMDH, précise la même source. Le rapport fait également ressortir que les charges totales de l’Etat ont atteint 547,5 MMDH, soit un taux de réalisation de 107,9% des prévisions de la loi de finances.
Taux de chômage : un bilan déchiré
L’économie marocaine a perdu, entre le deuxième trimestre de 2019 et la même période de l’année 2020, près de 589.000 postes d’emploi, résultant d’une perte de 520.000 postes en milieu rural et de 69.000 en milieu urbain. En conséquence, le volume de chômage a atteint un record de 1.477.000 personnes au niveau national. Cette situation touche davantage les jeunes. Les catégories les plus touchées par la précarité de l’emploi sont les salariés âgés de 15 à 29 ans et les personnes n’ayant aucun diplôme. Ils sont les plus touchés par le travail sans contrat avec respectivement 62,7% et 74,4%, selon le Haut-Commissariat au Plan.