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Hirak algérien : Belhimer veut détourner l’attention de «France 24» vers El Hoceima


Rédigé par la rédaction Samedi 13 Mars 2021

Pour le troisième vendredi consécutif depuis la grande manifestation du 22 février, les Algériens ont envahi les rues de plusieurs villes du pays pour réclamer le changement radical du système. Insatisfait de la couverture médiatique des événements faite par France 24, le ministre algérien de la Communication non seulement menace de retirer l’accréditation de la chaîne, mais cherche également à détourner l’attention de l’opinion publique en appelant cette chaîne réputée pourtant pour ses prises de position anti-marocaines à orienter son zoom vers le Royaume et notamment El Hoceima censée être selon ses dires, le théâtre d’un mouvement de protestations ininterrompues depuis plusieurs années.



Le ministre algérien de la communication a menacé samedi la chaîne de télévision internationale France 24 de «retrait définitif» d’accréditation en raison, selon lui, de son «parti pris flagrant» dans la couverture des manifestations du mouvement pro démocratie du Hirak.

«Un dernier avertissement avant retrait définitif de l’accréditation a été adressé à France 24», a prévenu le ministère dans un communiqué. «Le parti pris de France 24 dans la couverture des marches du vendredi est flagrant, allant jusqu’à recourir sans retenue aucune à des images d’archives pour les antidater afin de porter secours à un résidu antinational constitué d’organisations réactionnaires ou séparatistes, aux ramifications internationales», a-t-il accusé dans une violente diatribe.

Le ministère de la Communication fait ainsi allusion au mouvement islamiste Rachad et au Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK, indépendantiste), tous deux illégaux en Algérie. Jusqu’ici, rien d’anormal puisqu’on reste dans un cadre algéro-algérien.
 
Mais comme d’habitude en pareilles situations, le propos de Belhimer tourne vite au Morocco-bashing désormais érigé en sport national chez les voisins. Outre la menace adressée à la chaine internationale, Belhimer s’est en effet directement attaqué au Maroc, sans arguments ni preuves à l’appui, en déclarant que «le matraquage et les montages de France 24 relèvent de la mauvaise foi, d’un négativisme outrancier et du dénigrement», ajoutant qu’il est «clairement établi aujourd’hui que l’exercice vise à manipuler l’opinion publique et à ternir l’image de l’Algérie, au profit d’un pays voisin où un mouvement populaire est en cours depuis des années sans qu’il ne bénéficie de la moindre attention du même média français et ce, malgré les lourdes condamnations prononcées à l’encontre de ses animateurs».
 
En réaction à cette sortie dont l’objectif est de détourner l’opinion publique internationale vers le Royaume, Marc Saikali, directeur de France 24 a déclaré à AFP que son équipe essaye de faire son travail journalistique «le plus honnêtement possible». «Nous faisons juste notre travail de journalistes dans le respect des règles en vigueur», a-t-il souligné avant d’ajouter «Nous n’avons pas de parti-pris et encore moins d’agenda quelconque destiné à nuire à qui que ce soit».
 
Bien que le régime algérien ne ménage pas ses efforts pour camoufler les violations alarmantes de droits de l’homme que connaît le pays, bon nombre de documents, vidéos et rapports montrent l’exacerbation de la répression de la population algérienne. Dans ce sens le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Rupert Colville, s'est dit, vendredi, «très préoccupé» par la détérioration de la situation des droits de l'homme en Algérie et par la répression continue et croissante contre les membres du mouvement pro-démocratie Hirak, soulignant que les dispositions du Code pénal algérien, rédigées de manière vague, sont utilisées pour restreindre la liberté d'expression et poursuivre les personnes exprimant des opinions dissidentes.
 
 
Le Porte-parole fait état «de nombreux cas à travers le pays où les forces de sécurité ont utilisé une force inutile ou excessive et procédé à des arrestations arbitraires pour réprimer des manifestations pacifiques». «Selon des informations fiables, des centaines d'individus ont été arrêtés depuis la reprise des manifestations le 13 février 2021», a-t-il poursuivi.
 
C’est pour dissimuler cet état des faits que les médias étrangers travaillant en Algérie sont soumis depuis des années à une procédure d’accréditation bureaucratique, opaque et aléatoire. Il est à noter que le directeur de l’AFP pour l’Algérie, Philippe Agret, nommé en octobre 2019, n’a toujours pas été accrédité par les autorités. D’autant plus que les conditions de travail restent difficiles pour les journalistes algériens, exposés à la fois à des poursuites judiciaires, voire à des peines de prison.
 
Il n’est donc pas du tout étonnant de voir l’Algérie casée à la 146e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par RSF, dégringolant de 27 places par rapport à 2015.
 








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