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Industrie aérospatiale : Les opérateurs préparent la reprise après la pandémie du Covid-19


Rédigé par A. CHANNAJE Jeudi 4 Mars 2021

Malgré le lourd impact de la crise de Covid-19 sur l’industrie aérospatiale marocaine, la filière a fait preuve d’une bonne résilience et se prépare même à la reprise.



Industrie aérospatiale : Les opérateurs préparent la reprise après la pandémie du Covid-19
Avec plusieurs entreprises étrangères implantées au Maroc et un bassin d’emplois de plus de 16.000 personnes, l’industrie aérospatiale est l’une des plus attractives de l’industrie marocaine. Mais l’actuelle crise sanitaire a perturbé son essor. En effet, à l’apparition de la pandémie en mars 2020, le transport aérien s’est effondré soudainement au niveau mondial impactant toutes les compagnies aériennes, et par effet domino toute la chaîne de valeur industrielle.

Malgré cette tendance, les opérateurs marocains gardent quand même le moral et sont confiants quant à la reprise du secteur après Covid-19. 

« Le Maroc a un cluster actif de l’industrie aérospatiale qui a vu ses exportations chuter en raison de la pandémie, mais les opérateurs ont commencé à voir la lumière au bout du tunnel », a écrit lundi, 1er mars, l’agence de presse Reuters dans un article consacré à l’industrie aérospatiale marocaine.

Le Maroc a mis en place des clusters pour les fabricants de pièces aérospatiales qui fournissent Boeing, Airbus et Safran. Jusqu’à présent, le Maroc produit 38% d’un avion, les exploitants cherchant à augmenter encore ce taux.

Néanmoins, la pandémie a ralenti la demande des fabricants d’avions à cause de l’interdiction des vols de la part de la majorité des pays pour limiter la propagation de Covid-19. Cet impact a été ressenti par les fournisseurs aérospatiaux marocains dont les exportations ont chuté à 1,3 milliard de dollars en 2020, contre 1,9 million de dollars en 2019.

Malgré ce déclin, Karim Cheikh, président du Groupement des Industries Marocaines Aéronautiques et Spatiales (GIMAS), dans une déclaration à l’agence de presse Reuters, s’est montré optimiste, soulignant que les opérateurs marocains ont été résilients par rapport à leurs pairs ailleurs dans le monde.

Bien plus, il a indiqué que l’industrie se prépare maintenant à la récupération et a lancé un nouveau plan industriel pour préparer les fournisseurs de pièces à des domaines hautement technologiques et à une production sans carbone.

Hydrogène, nouvel objectif d’Airbus

À cet égard, il a cité la toute récente décision du constructeur aéronautique français Airbus, présent au Maroc depuis plus de 50 ans, de fabriquer des avions à hydrogène avec pour ambitieux objectif d’être le premier constructeur à atteindre en 2035 la zéro émission avec trois concepts d’avions propulsés à l’hydrogène. « …Les industries sans carbone sont essentielles pour rester dans le secteur aérospatial mondial », a souligné le président de GIMAS.

Une telle décision aura certainement un effet positif sur la filière nationale où l’aviateur français soutient des milliers d’emplois qualifiés et génère des recettes d’exportations cruciales pour l’industrie locale et l’économie en général. Au Maroc, Airbus est implanté à travers deux usines : Stelia Aerospace Maroc et ACAM. Ces deux sociétés opèrent dans des activités complémentaires. Stelia Maroc (ex-Maroc Aviation, créée en 1951), la filiale marocaine de l’aviateur européen, est spécialisée dans les composites. Son activité porte sur le drapage et l’usinage qui  permet de mettre les pièces fabriquées en forme grâce à des machines de dernière génération, d’après le top management du groupe. 

Le site de Stelia emploie quelque 500 employés : trois quarts du personnel au niveau des ateliers, et un quart de techniciens et ingénieurs.

« Le Piston français » s’implante à Casablanca

Autre preuve que la destination Maroc est attractive : le fabricant de pièces d’avion et d’hélicoptère, « Le Piston français », a ouvert, en février 2021, une nouvelle usine à Casablanca pour fabriquer des pièces de moteurs d’avions qui nécessitent une haute technologie et une main d’œuvre qualifiée, envoyant un message de confiance dans le potentiel du Royaume en tant que plaque tournante de l’industrie.

Avec un investissement en moyens de production de 55 millions de dirhams (MDH), cette unité construite sur un terrain de 6.828 m², dont 4.078 m² de surface couverte, emploiera 100 personnes d’ici 2024.

Autre exemple édifiant : la décision prise en décembre 2020 du leader mondial Spirit d’acquérir l’usine du constructeur canadien Bombardier à Casablanca.

Spirit AeroSystems est un géant américain de l’aérostructure qui fabrique des éléments de structure d’avions : fuselages, ailes et supports de réacteurs. Le groupe emploie plus de 15.000 personnes à travers ses différents sites en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Spirit a enregistré en 2018 un chiffre d’affaire dépassant les 7 milliards de dollars et compte Boeing comme principal client.

Selon l’entente conclue, le site de Casablanca continuera de fournir des composants structuraux d’avions et des pièces de rechange pour soutenir la production et les avions en service de Bombardier Aviation. L’usine Bombardier ne quittera ainsi pas le Maroc. Sa reprise par Spirit lui permettra de se développer davantage et de tirer profit des projets de développement futurs.

Spirit Aerosystems a achevé une extension de son usine à Nouasseur en passant de 10.000 m² à 25.000 m², ceci en perspective de l’augmentation de ses activités au Royaume.

Plus de 142 entreprises implantées

Au total, plus de 142 entreprises opérant dans l’industrie aérospatiale se sont implantées au Maroc depuis l’année 2000, employant plus de 17.000 salariés qualifiés (dont 40.6% de femmes) et représentant 1.9 milliard de dollars à l’Export avec plus de 38% de taux d’intégration. Une telle performance fait du Royaume l’une des destinations les plus compétitives et les plus attractives de la carte mondiale de la construction aéronautique.

L’industrie aérospatiale figure parmi les industries de pointe. Elle nécessite d’importants investissements en capacités de production, mais également nécessite des technologies très élaborées, donc des investissements en R&D importants.

A. CHANNAJE

3 questions à Karim Cheikh, président du GIMAS

Karim Cheikh
Karim Cheikh
« Le secteur de l’aéronautique s›est révélé parmi les plus résilients au monde »

Nous avons contacté Monsieur Karim Cheikh, Président du GIMAS, qui nous a réitéré les mêmes propos récemment tenus à la presse nationale et qui restent d’actualité.

- Comment le secteur a abordé la pandémie et ses effets économiques ?

- Le secteur de l’aéronautique marocain a, pour rappel, réalisé une croissance organique de 20% avant la pandémie. L’année 2020 s’annonçait favorable, preuve en est que les deux avionneurs Airbus et Boeing comptabilisaient, à la fin 2019, un carnet de commandes de plus de 8 ans de production chacun.

Notre veille stratégique et le Plan d’accélération industrielle, qui est notre feuille de route, nous donnaient une visibilité qui tablait sur un développement encore plus important du secteur avec des indicateurs qui étaient quasiment tous au vert. L’objectif visé était d’arriver à 2,6 MM $ en 2021. Comme pour tous les secteurs, cette surveillance intégrait presque l’ensemble des facteurs d’impact sauf une pandémie, il n’empêche que face à cette conjoncture difficile, le secteur s’est ainsi révélé parmi les plus résilients au monde.

- Quels mécanismes et mesures ont été adoptés pour sauvegarder l’écosystème ?

- Les projets d’investissement se sont poursuivis et aucun n’a été ni arrêté ni abandonné. Nous poursuivrons nos efforts pour œuvrer à la création de nouvelles entités aéronautiques et intéresser les investisseurs marocains et étrangers à notre secteur. Nous pouvons donc dire que le secteur aéronautique marocain, dans le contexte actuel de cette crise, est plus résilient que d’autres régions du monde. Néanmoins, nous restons très vigilants sur les prochains mois à venir qui, nous l’espérons, donneront un peu plus de visibilité à l’échelle mondiale pour une amorce de la reprise au second semestre 2021 et un retour au niveau de 2019 en 2022-2023.

- Une relance est-elle envisageable ?

- Nous abordons la relance avec l’idée que toute crise pour nous est synonyme d’opportunité à saisir pour nous préparer à la phase de croissance qui succèdera à la crise. Ce plan vise le développement de notre chaîne de valeur actuelle et à orienter plus fortement nos activités et notre stratégie vers de nouveaux métiers en mettant un accent particulier sur les technologies avancées de l’industrie 4.0, sur l’innovation et la R&D et, surtout, vers de nouveaux marchés. 2021 et 2022 seront deux années de mutations car il est évident que les cartes de la chaîne de valeur mondialisée de l’aéronautique seront redistribuées différemment. C’est pour nous l’occasion rêvée de démontrer encore plus notre compétitivité et notre résilience comparativement aux autres pays concurrents. Pour cela, nous travaillerons à attirer les capacités excentrées en Asi e pour une relocalisation au Maroc, au plus près des constructeurs et équipementiers européens.

Recueillis par A. A

Repères

Livraisons au Maroc de 24 Boeing AH-64 Apache à partir de 2024
Le Maroc est le 17ème pays à acquérir le Boeing AH-64 Apache grâce à un contrat, pour 24 des hélicoptères, récemment signé. Le contrat vient suite au feu vert donné en novembre 2019 par l’agence américaine chargée des exportations d’équipements militaires américains DSCA (Defense Security Cooperation Agency) pour autoriser la vente de 36 hélicoptères de ce type au Maroc pour un montant potentiel de 4,25 milliards de dollars. Les livraisons devraient commencer en 2024. L’AH-64E Apache est la dernière configuration de l’hélicoptère d’attaque. Il est conçu et équipé d’une architecture de systèmes comprenant les dernières versions de systèmes de communications, de navigation, de capteurs et d’armes. Boeing s’engage à développer la chaîne d’approvisionnement du Maroc et la future main-d’œuvre. Boeing est partenaire de la joint-venture MATIS Aerospace, qui produit des câbles d’avion. 
Partenariat entre Royal Air Maroc et CPaT Global
Royal Air Maroc (RAM) a fait appel à CPaT Global, premier fournisseur mondial de formation à distance pour le secteur aérien et aéronautique basé à Spring au Texas (États-Unis), pour former ses pilotes. Un contrat de formation à distance a été signé dernièrement entre les deux parties. Le contrat porte sur une formation initiale et périodique couvrant une variété de flottes qui composent la sienne, comprenant la série Boeing B737-MAX-8, B737NG, B787, E190, B747-400, 747-8 et B767-300. Il s’agira pour Royal Air Maroc de mettre en œuvre les cours de systèmes aéronautiques, les diagrammes interactifs et les cours de spécialité aéronautique (matières générales) du CPaT pour son programme de formation.








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