- Le Sommet UE-UA se tient dans un contexte particulier. D’abord, quel type de partenariat devrait-on parler entre les deux institutions au lendemain de la crise sanitaire ?
- Il ne faut pas s’attendre à grand-chose car le Sommet UE-UA est une messe de plus des chefs d’Etats et de Gouvernement. L’intelligence stratégique recommande de parler du partenariat mutuellement profitable et responsable. Le Mali a suscité une incompréhension diplomatique dont la réponse se trouve au centre du système d’intérêts contradictoires de la politique de coopération et de lutte anti-terroriste.
Nous assistons à l’émergence d’une prise de conscience populaire en matière de partenariat fondé sur la sincérité, la dignité, la loyauté et la moralité. L’Afrique a bien géré cette crise de Covid-19 du point de vue médico-sanitaire et l’Europe est en difficulté. Est-ce que l’Europe va s’inspirer de cette expérience positive ? Bien sûr que non !
Donc c’est un partenariat à sens unique du donneur au receveur ! Chacun peut tirer sa conclusion. Il est vrai que les besoins de financement restent toujours colossaux. D’ailleurs, les solutions prises par la communauté internationale, du 18 mai 2021 à l’Elysée, pour freiner le ralentissement économique du continent africain qui avait enregistré en 25 ans sa première récession et un recul du PIB de 2,1%, n’ont pas encore donné de résultats palpables, et elles seront incorporées dans les résolutions du Sommet Bruxelles 2022. Donc ce partenariat doit avoir de nouveaux contenus et de nouvelles orientations sinon il sera toujours déséquilibré car les intérêts sont divergents.
- Dans ces conditions, quels sont les principaux enjeux de ce Sommet ?
- Le sixième Sommet Union européenne - Union africaine va se pencher sur un paquet d’investissements Afrique-Europe en tenant compte des défis mondiaux tels que le changement climatique, la transition énergétique et la crise sanitaire sans oublier les outils de promotion de paix, de stabilité, de sécurité et de gouvernance. C’est une occasion d’adopter une déclaration conjointe sur une vision commune pour 2030. Les enjeux de ce Sommet sont presque identiques à ceux de mai 2021 à Paris : il permettra de discuter de financement de croissance et de production de vaccins du continent.
Le développement durable le soutien au secteur privé, l’intégration économique, l’allègement des dettes qui pèsent sur les États africains, le financement des secteurs sociaux, les infrastructures et la migration seront au centre des discussions. L’enjeu réside en la solution c’est la diversification économique de l’Afrique. Malheureusement, ce point fondamental et vital ne figure pas dans le package du sommet. Il est grand temps que les dirigeants africains retrouvent le sens d’une politique cohérente.
- Naturellement, la question migratoire sera au centre des discussions. Comment faut-il gérer le défi migratoire entre l’Afrique et l’Union européenne ?
- La gestion du défi migratoire repose sur le développement des pays africains pour renverser la courbe du chômage massif des jeunes candidats à l’immigration clandestine. Si l’Europe voulait mettre fin à ce phénomène, elle devait punir sévèrement le blanchiment d’argent et arrêter le pillage de l’Afrique.
A cela s’ajoutent la corruption et la fuite des capitaux. Mais la question est mal posée dans ces cénacles, car il y a un principe de réciprocité diplomatique. Je ne comprends pas pourquoi les chefs d’Etats africains acceptent que cette question soit à l’ordre du jour. En effet, les Européens sont venus en Afrique sans visa pendant la colonisation. Il faudra une solution concertée par un investissement massif dans l’emploi des jeunes.
- Justement, le Maroc abrite l’Observatoire africain des migrations. Quelle analyse faites-vous à ce sujet ?
- La migration est une question fondamentale aujourd’hui en Afrique car le flux migratoire illégal a pris une ascendance inquiétante. La création de l’Observatoire africain des migrations ne peut être qu’une bonne approche. Le fait que le Maroc abrite cette institution n’est pas fortuit car il a fait ses preuves sur le continent.
D’ailleurs, le Rapport de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en tant que Leader de l’Union Africaine sur les Questions Migratoires, à la 35ème session de la Conférence des Chefs d’Etat de Gouvernement de l’Union Africaine, en est la parfaite illustration. En effet, l’Observatoire permet d’avoir une vision plus claire et équilibrée de la migration à travers un travail de recherche et de collecte de données qui permet de proposer de meilleures politiques publiques en la matière.
Les recherches se concentrent essentiellement sur les aspects scientifiques et administratifs pour améliorer les politiques de gouvernance des migrations. Elles devront aussi considérer les aspects humains pour mieux répondre aux besoins qui incitent le départ des migrants (la pauvreté et le non accès au crédit bancaire). Ce qui permettrait de déconstruire les idées reçues autour de cette question en Europe, bousculée par la montée de l’extrémisme, de la xénophobie et du populisme.
- Il ne faut pas s’attendre à grand-chose car le Sommet UE-UA est une messe de plus des chefs d’Etats et de Gouvernement. L’intelligence stratégique recommande de parler du partenariat mutuellement profitable et responsable. Le Mali a suscité une incompréhension diplomatique dont la réponse se trouve au centre du système d’intérêts contradictoires de la politique de coopération et de lutte anti-terroriste.
Nous assistons à l’émergence d’une prise de conscience populaire en matière de partenariat fondé sur la sincérité, la dignité, la loyauté et la moralité. L’Afrique a bien géré cette crise de Covid-19 du point de vue médico-sanitaire et l’Europe est en difficulté. Est-ce que l’Europe va s’inspirer de cette expérience positive ? Bien sûr que non !
Donc c’est un partenariat à sens unique du donneur au receveur ! Chacun peut tirer sa conclusion. Il est vrai que les besoins de financement restent toujours colossaux. D’ailleurs, les solutions prises par la communauté internationale, du 18 mai 2021 à l’Elysée, pour freiner le ralentissement économique du continent africain qui avait enregistré en 25 ans sa première récession et un recul du PIB de 2,1%, n’ont pas encore donné de résultats palpables, et elles seront incorporées dans les résolutions du Sommet Bruxelles 2022. Donc ce partenariat doit avoir de nouveaux contenus et de nouvelles orientations sinon il sera toujours déséquilibré car les intérêts sont divergents.
- Dans ces conditions, quels sont les principaux enjeux de ce Sommet ?
- Le sixième Sommet Union européenne - Union africaine va se pencher sur un paquet d’investissements Afrique-Europe en tenant compte des défis mondiaux tels que le changement climatique, la transition énergétique et la crise sanitaire sans oublier les outils de promotion de paix, de stabilité, de sécurité et de gouvernance. C’est une occasion d’adopter une déclaration conjointe sur une vision commune pour 2030. Les enjeux de ce Sommet sont presque identiques à ceux de mai 2021 à Paris : il permettra de discuter de financement de croissance et de production de vaccins du continent.
Le développement durable le soutien au secteur privé, l’intégration économique, l’allègement des dettes qui pèsent sur les États africains, le financement des secteurs sociaux, les infrastructures et la migration seront au centre des discussions. L’enjeu réside en la solution c’est la diversification économique de l’Afrique. Malheureusement, ce point fondamental et vital ne figure pas dans le package du sommet. Il est grand temps que les dirigeants africains retrouvent le sens d’une politique cohérente.
- Naturellement, la question migratoire sera au centre des discussions. Comment faut-il gérer le défi migratoire entre l’Afrique et l’Union européenne ?
- La gestion du défi migratoire repose sur le développement des pays africains pour renverser la courbe du chômage massif des jeunes candidats à l’immigration clandestine. Si l’Europe voulait mettre fin à ce phénomène, elle devait punir sévèrement le blanchiment d’argent et arrêter le pillage de l’Afrique.
A cela s’ajoutent la corruption et la fuite des capitaux. Mais la question est mal posée dans ces cénacles, car il y a un principe de réciprocité diplomatique. Je ne comprends pas pourquoi les chefs d’Etats africains acceptent que cette question soit à l’ordre du jour. En effet, les Européens sont venus en Afrique sans visa pendant la colonisation. Il faudra une solution concertée par un investissement massif dans l’emploi des jeunes.
- Justement, le Maroc abrite l’Observatoire africain des migrations. Quelle analyse faites-vous à ce sujet ?
- La migration est une question fondamentale aujourd’hui en Afrique car le flux migratoire illégal a pris une ascendance inquiétante. La création de l’Observatoire africain des migrations ne peut être qu’une bonne approche. Le fait que le Maroc abrite cette institution n’est pas fortuit car il a fait ses preuves sur le continent.
D’ailleurs, le Rapport de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en tant que Leader de l’Union Africaine sur les Questions Migratoires, à la 35ème session de la Conférence des Chefs d’Etat de Gouvernement de l’Union Africaine, en est la parfaite illustration. En effet, l’Observatoire permet d’avoir une vision plus claire et équilibrée de la migration à travers un travail de recherche et de collecte de données qui permet de proposer de meilleures politiques publiques en la matière.
Les recherches se concentrent essentiellement sur les aspects scientifiques et administratifs pour améliorer les politiques de gouvernance des migrations. Elles devront aussi considérer les aspects humains pour mieux répondre aux besoins qui incitent le départ des migrants (la pauvreté et le non accès au crédit bancaire). Ce qui permettrait de déconstruire les idées reçues autour de cette question en Europe, bousculée par la montée de l’extrémisme, de la xénophobie et du populisme.
Propos recueillis par Wolondouka SIDIBE
Bon à savoir
Akobe Félicien YAYI, spécialisé en conseil et gestion de patrimoine, transaction et optimisation fiscale immobilière, est Administrateur, Coordonnateur des Conférences et des Partenariats de l’Institut Mandela. Ancien président des lycées de François Mauriac (Bordeaux) et de l’Amicale des Ivoiriens de Gironde, il prolonge son engagement des causes nobles en politique au service de son pays la Côte d’Ivoire. Il est acteur politique d’obédience social-démocratie.
Quant à l’Institut Mandela, il se veut un «Think Thank» (Laboratoire d’idées) de promotion de l’égalité des chances, favorable à l’économie de marché, à la solidarité internationale et à l’unité africaine. L’institution se donne pour objectif majeur de garder vivant l’esprit et l’inspiration du Panafricanisme dans la promotion des valeurs de paix grâce à une diplomatie intellectuelle.
L’Institut organise régulièrement des briefings, séminaires, conférences internationales, déjeuners-débats spécialisés, rencontres stratégiques entre experts et élites décisionnelles et colloques destinés au grand public. Il organise aussi de nombreuses rencontres entre les ONG, thinks thanks, gouvernements et entreprises.
Quant à l’Institut Mandela, il se veut un «Think Thank» (Laboratoire d’idées) de promotion de l’égalité des chances, favorable à l’économie de marché, à la solidarité internationale et à l’unité africaine. L’institution se donne pour objectif majeur de garder vivant l’esprit et l’inspiration du Panafricanisme dans la promotion des valeurs de paix grâce à une diplomatie intellectuelle.
L’Institut organise régulièrement des briefings, séminaires, conférences internationales, déjeuners-débats spécialisés, rencontres stratégiques entre experts et élites décisionnelles et colloques destinés au grand public. Il organise aussi de nombreuses rencontres entre les ONG, thinks thanks, gouvernements et entreprises.
Billet
Sommet UE-UA, se dire les quatre vérités
Les habitués aux grandes rencontres, tel ce Sommet Europe et Afrique, qui se tient jeudi et vendredi, ne s’attendent pas à un miracle ni à de nouveaux vocabulaires. Pour tout dire, on reprendra les mêmes lexiques et on reconduira les mêmes recommandations : la sécurité, la migration, la dette… Cette année on ajoutera la pandémie liée à Coronavirus. Cette rencontre de haut niveau sera dominée, sans aucun doute, par l’immigration d’autant plus que la France, qui est à la tête de la présidence tournante de l’UE, en a fait son obsession.
Déjà, à quelques semaines du début de la campagne présidentielle dans l’Hexagone, ce sujet est devenu le dénominateur commun des candidats déclarés ou non. Et chacun y va de son dictionnaire pour corser le débat, comme si en France, il n’y a que ça. Pour la petite histoire, le rapport de l’Institut Delors met à nu les arguments développés par certains responsables de l’ancienne puissance coloniale.
En effet, selon ce document, durant ces dix dernières années, la France a accueilli près de 400 000 personnes au titre de la protection internationale. Ce nombre est conséquent mais reste très éloigné de ceux recensés dans les pays limitrophes de ceux qui sont à l’origine des flux de réfugiés : 3,7 millions de réfugiés syriens en Turquie par exemple ou 1,4 million de réfugiés afghans au Pakistan. 86% des réfugiés dans le monde vivent dans les pays dits en développement. Donc pas de quoi fouetter un chat.
Dans le domaine économique, l’UE a déjà annoncé la couleur avec l’annonce, à Dakar, de plus de 150 milliards d’euros à travers le programme Afrique-Europe. Il s’agit du tout premier plan régional sous Global Gateway, deux mois après le lancement de sa stratégie. Il sera porté par l’Équipe Europe et mis en œuvre en partenariat avec l’UA. Cependant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Il est connu de tous que l’Europe veut contrer l’avancée de la Chine et de la Russie sur le continent. Légitime, diront certains.
Cependant, il est temps que les chefs d’Etat africains disent les quatre vérités à ses partenaires : l’Afrique n’est plus la chasse gardée ni le monopole d’une puissance, qu’elle soit ancienne ou émergente. Le partenariat avec l’Afrique doit être mutuellement bénéfique dans le respect et dans l’égalité. Le contraire ne serait que se voiler la face devant l’évidence.
Déjà, à quelques semaines du début de la campagne présidentielle dans l’Hexagone, ce sujet est devenu le dénominateur commun des candidats déclarés ou non. Et chacun y va de son dictionnaire pour corser le débat, comme si en France, il n’y a que ça. Pour la petite histoire, le rapport de l’Institut Delors met à nu les arguments développés par certains responsables de l’ancienne puissance coloniale.
En effet, selon ce document, durant ces dix dernières années, la France a accueilli près de 400 000 personnes au titre de la protection internationale. Ce nombre est conséquent mais reste très éloigné de ceux recensés dans les pays limitrophes de ceux qui sont à l’origine des flux de réfugiés : 3,7 millions de réfugiés syriens en Turquie par exemple ou 1,4 million de réfugiés afghans au Pakistan. 86% des réfugiés dans le monde vivent dans les pays dits en développement. Donc pas de quoi fouetter un chat.
Dans le domaine économique, l’UE a déjà annoncé la couleur avec l’annonce, à Dakar, de plus de 150 milliards d’euros à travers le programme Afrique-Europe. Il s’agit du tout premier plan régional sous Global Gateway, deux mois après le lancement de sa stratégie. Il sera porté par l’Équipe Europe et mis en œuvre en partenariat avec l’UA. Cependant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Il est connu de tous que l’Europe veut contrer l’avancée de la Chine et de la Russie sur le continent. Légitime, diront certains.
Cependant, il est temps que les chefs d’Etat africains disent les quatre vérités à ses partenaires : l’Afrique n’est plus la chasse gardée ni le monopole d’une puissance, qu’elle soit ancienne ou émergente. Le partenariat avec l’Afrique doit être mutuellement bénéfique dans le respect et dans l’égalité. Le contraire ne serait que se voiler la face devant l’évidence.
Wolondouka SIDIBE