- Vous alertez, dans votre communiqué du 7 courant, sur l’insuffisance des ressources humaines en anesthésie, réanimation et médecine d’urgence dans les hôpitaux publics. Des leçons n’ont-elles pas été tirées de la gestion de la première vague du virus au royaume ?
- Il convient d’abord de signaler que notre système de santé est modeste et très vulnérable. On était censé repenser à nouveau notre système de santé. La solution n’est pas de se cacher chez soi. Il fallait prévoir de retrouver un taux de production du virus plus rapide après le déconfinement. A mon sens, je trouve qu’on n’a pas bien préparé le déconfinement. Dans le secteur public, il y a 200 anesthésistes, alors qu’ils étaient 400 il y a 9 ans. Il y a un manque terrible en ressources humaines en anesthésistes réanimateurs et urgentistes. Idem chez le personnel soignant. Qu’on soit face à une deuxième vague ou au prolongement de la première, le constat est là. Le nombre des cas infectés a augmenté d’une façon exponentielle à cause de la circulation incontrôlée des gens. Nous remarquons sur le terrain que la situation nous échappe et n’est pas contrôlée comme avant.
- Depuis 2011, le nombre des réanimateurs a été réduit de moitié. De combien le Royaume en a-t-il besoin en temps normal ?
- Rien que pour les réanimateurs, qui ne font pas que la réanimation, ils font en plus de l’anesthésie et la médecine d’urgence, il nous faut cinq fois plus le nombre actuel. Ils sont au nombre de 200 dans le secteur public, une centaine dans le secteur universitaire et environ 460 dans le secteur privé. Pourquoi se priver de ces compétences et de ce patrimoine de médecins généralistes relevant du secteur privé, qui peuvent prendre en charge les personnes atteintes de la Covid-19 ? Il faut qu’on se mobilise tous pour endiguer la pandémie.
- En tête de liste des recommandations publiées dans votre dernier communiqué vient la mise en place d’un réel partenariat Public-Privé. Qu’en est-il réellement ?
- Contrairement aux idées reçues, les professionnels et compétences exerçant dans les deux secteurs entretiennent de bonnes relations. C’est le système de santé qui n’est pas bon. Par ce partenariat, on invite le secteur privé, où on a un réseau de plus de 300 cliniques, à mettre à disposition ses services, compétences et infrastructures. Le but étant de soulager les hôpitaux publics qui risquent d’être submergés par cette vague, en prenant en charge des personnes atteintes d’autres maladies.
- Se soigner en restant confiné chez soi est donc la bonne solution à prendre, compte tenu du manque de personnels et matériels déployés pour lutter contre la Covid-19 ?
- Absolument, mais sous conditions. Il faut d’abord démystifier la prise en charge à domicile. Il faut une commission de contrôle composée de représentants des autorités locales et épidémiologiques ainsi que des assistantes sociales qui, d’ailleurs, sont très peu nombreuses. Ainsi, les malades en détresse, dont l’état de santé est critique, seront les seuls à bénéficier de soins dans des centres de santé accrédités.
- Il convient d’abord de signaler que notre système de santé est modeste et très vulnérable. On était censé repenser à nouveau notre système de santé. La solution n’est pas de se cacher chez soi. Il fallait prévoir de retrouver un taux de production du virus plus rapide après le déconfinement. A mon sens, je trouve qu’on n’a pas bien préparé le déconfinement. Dans le secteur public, il y a 200 anesthésistes, alors qu’ils étaient 400 il y a 9 ans. Il y a un manque terrible en ressources humaines en anesthésistes réanimateurs et urgentistes. Idem chez le personnel soignant. Qu’on soit face à une deuxième vague ou au prolongement de la première, le constat est là. Le nombre des cas infectés a augmenté d’une façon exponentielle à cause de la circulation incontrôlée des gens. Nous remarquons sur le terrain que la situation nous échappe et n’est pas contrôlée comme avant.
- Depuis 2011, le nombre des réanimateurs a été réduit de moitié. De combien le Royaume en a-t-il besoin en temps normal ?
- Rien que pour les réanimateurs, qui ne font pas que la réanimation, ils font en plus de l’anesthésie et la médecine d’urgence, il nous faut cinq fois plus le nombre actuel. Ils sont au nombre de 200 dans le secteur public, une centaine dans le secteur universitaire et environ 460 dans le secteur privé. Pourquoi se priver de ces compétences et de ce patrimoine de médecins généralistes relevant du secteur privé, qui peuvent prendre en charge les personnes atteintes de la Covid-19 ? Il faut qu’on se mobilise tous pour endiguer la pandémie.
- En tête de liste des recommandations publiées dans votre dernier communiqué vient la mise en place d’un réel partenariat Public-Privé. Qu’en est-il réellement ?
- Contrairement aux idées reçues, les professionnels et compétences exerçant dans les deux secteurs entretiennent de bonnes relations. C’est le système de santé qui n’est pas bon. Par ce partenariat, on invite le secteur privé, où on a un réseau de plus de 300 cliniques, à mettre à disposition ses services, compétences et infrastructures. Le but étant de soulager les hôpitaux publics qui risquent d’être submergés par cette vague, en prenant en charge des personnes atteintes d’autres maladies.
- Se soigner en restant confiné chez soi est donc la bonne solution à prendre, compte tenu du manque de personnels et matériels déployés pour lutter contre la Covid-19 ?
- Absolument, mais sous conditions. Il faut d’abord démystifier la prise en charge à domicile. Il faut une commission de contrôle composée de représentants des autorités locales et épidémiologiques ainsi que des assistantes sociales qui, d’ailleurs, sont très peu nombreuses. Ainsi, les malades en détresse, dont l’état de santé est critique, seront les seuls à bénéficier de soins dans des centres de santé accrédités.
Recueillis par
Safaa KSAANI
Portrait
Un hypnotiseur accompli
S. K.
Le docteur Jamal Eddine Kohen est né à Fès le 7 novembre 1968. Au début de sa carrière, il a exercé le métier au Sud du royaume, à Smara d’abord puis à Chtouka Ait Baha, entre 1997 et 1999, et ce, après qu’il ait décroché son Doctorat en médecine à la Faculté de Médecine et de Pharmacie à Rabat en 1996. Durant les quatre années qui suivent sa première expérience, il s’est rendu à Reims où il s’est spécialisé en Anesthésie Réanimation. Il a également exercé au SAMU51 en tant qu’Anesthésiste Réanimateur. Depuis 2004, il s’est installé dans sa ville natale, où il était d’abord Réanimateur à la clinique Agdal, puis Anesthésiste Réanimateur à la clinique Assalam où il exerce comme Directeur administratif.
L’homme aux multiples titres
Le docteur Jamal Eddine Kohen est depuis 2016 formateur au Collège International des Techniques d’Activation de Conscience (CITAC). Il occupe depuis 2018 le poste de Directeur pédagogique du diplôme universitaire d’hypnose médicale à l’Université Internationale Abulcasis des Sciences de la Santé de Rabat. En 2019, il est devenu membre du Conseil Régional de l’Ordre des Médecins de la région Fès-Meknès ainsi que du Conseil d’Administration du Collège Syndical National des Médecins Spécialistes Privés (CSNMSP). La même année, il a commencé à présider la Fédération Nationale des Anesthésistes Réanimateurs (FNAR) et la Société Marocaine d’Anesthésie, d’Analgésie et de Réanimation (SMAAR), depuis octobre dernier. Quelques mois après, au début de l’année en cours, il est devenu Président régional (Fès – Meknès) de l’Association Nationale des Cliniques Privées (ANCP).
L’homme aux multiples titres
Le docteur Jamal Eddine Kohen est depuis 2016 formateur au Collège International des Techniques d’Activation de Conscience (CITAC). Il occupe depuis 2018 le poste de Directeur pédagogique du diplôme universitaire d’hypnose médicale à l’Université Internationale Abulcasis des Sciences de la Santé de Rabat. En 2019, il est devenu membre du Conseil Régional de l’Ordre des Médecins de la région Fès-Meknès ainsi que du Conseil d’Administration du Collège Syndical National des Médecins Spécialistes Privés (CSNMSP). La même année, il a commencé à présider la Fédération Nationale des Anesthésistes Réanimateurs (FNAR) et la Société Marocaine d’Anesthésie, d’Analgésie et de Réanimation (SMAAR), depuis octobre dernier. Quelques mois après, au début de l’année en cours, il est devenu Président régional (Fès – Meknès) de l’Association Nationale des Cliniques Privées (ANCP).
S. K.
Repères
Les laboratoires d’analyses médicales privés sollicités
La FNAR propose, dans son communiqué du 7 courant, d’accélérer l’accréditation des laboratoires d’analyses médicales privés en vue de «suivre la cadence d’apparition des nouveaux cas et la précocité de prise en charge à travers tout le territoire national» et d’optimiser le rendement des Médecins Réanimateurs et des services de Réanimation publics. A cet égard, la Fédération recommande la création des Unités de Soins Intensifs (USI) sur les sites d’hospitalisation libérés des patients asymptomatiques et pauci-symptomatiques et de circuits Covid, non Covid et tampon, pour pouvoir protéger les patients, ainsi que le personnel soignant, et continuer à prendre en charge correctement les autres pathologies.
Prise en charge chez soi, le nouveau protocole
Le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, a annoncé, mercredi 5 août, l’entrée en vigueur d’un nouveau protocole dans lequel il est précisé que les cas asymptomatiques seront pris en charge à domicile. Le patient doit signer une attestation selon laquelle il s’engage à respecter les consignes et à suivre le protocole déployé par les autorités sanitaires afin d’éviter les complications du virus. Les cas confirmés subiront un isolement de 14 jours d’isolement. Les cas asymptomatiques bénéficieront d’un traitement de première intention, à base de Chloroquine et d’Hydroxychloroquine, et d’un traitement de deuxième intention si nécessaire, à base d’Amoxicilline, de Moxifloxacine et de Levofloxacine.