La gestion des triporteurs semble un calvaire pour les autorités. Ces véhicules ne cessent de provoquer le désordre partout où ils circulent, surtout dans les milieux urbains. Avec la multiplication des accidents et l’encombrement qu’ils provoquent, sans oublier la non régularité, du fait qu’ils roulent sans permis ni assurance.
Ne serait-ce qu’en début du mois, une polémique a éclaté sur les réseaux sociaux suite à la publication d’une vidéo d’un citoyen ayant fait un accident avec un triporteur. Ce dernier déclare que l’assurance triporteur ne couvre pas la responsabilité civile pour les conducteurs de ces véhicules du fait qu’ils ne disposent pas d’un permis de conduire adéquat. Ainsi, en cas d’accident de circulation, Il n’y aura aucune indemnisation des pertes et dommages matériels et physiques causés par ces tricyclistes.
Face à cet état des faits, l’Agence nationale de sécurité routière (NARSA) n’a pas tardé à réagir avec un communiqué pour un rappel à l’ordre. Elle a indiqué que l’absence du permis de conduire des triporteurs est une infraction passible de sanctions en vertu de la loi 52.05. L’Agence a également réaffirmé que les triporteurs sont destinés exclusivement au transport de marchandises et non pas de personnes, en indiquant que seulement «91.300 unités sont immatriculées au moment où l’opération d’immatriculation est toujours en cours».
Une anarchie qui ne date pas d’aujourd’hui
Le désordre des triporteurs ne date pas d’aujourd’hui, en dépit des efforts fournis pour régulariser ce type de véhicules tricycles, plusieurs manquements sont observés. Selon les autorités de régulation, les opérations de régularisation et d’identification ont échoué suite à la faible adhésion des propriétaires qui, à chaque fois, ne respectent pas les délais accordés par l’Etat sans parler des fraudes concernant la déclaration des papiers. En effet, il était prévu que leur situation soit en règle dès 2017 sachant que tous les triporteurs ayant une cylindrée supérieure à 50 cm3 doivent, selon la loi, disposer d’une carte grise, comme c’est les cas des voitures et des motos. Cependant, l’obstination des propriétaires complique les choses. Ils sont nombreux à refuser catégoriquement l’idée de régularisation en prétextant que les coûts du permis et de l’assurance sont onéreux. Néanmoins, ils ne sont pas les seuls derrière la traîne de ce dossier, le manque d’obstination des pouvoirs publics est également à souligner.
Flashback de l’attentisme du gouvernement ?
Rappelons que le gouvernement fait depuis des années preuve d’attentisme et de désoeuvrement sur ce dossier. L’ancien secrétaire d’État auprès du ministre de l’Équipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau, chargé du transport, Najib Boulif, avait déclaré en 2017 qu’aucune prolongation du délai d’immatriculation ne sera accordée après le 31 juillet de la même année, laissant ainsi un nombre important de véhicules tricycles hors la loi. Une décision qui avait provoqué la colère des propriétaires des tricycles, du fait qu’ils considéraient que l’Exécutif ne se souciait pas de leur situation socio-économique. Résultat : des milliers de personnes conduisent des engins sans permis, dont une grande partie ne respectent pas le code de la route, causant des accidents graves.
Deux ans plus tard, la multiplication des accidents liés au transport des personnes et au non-respect des règlements avait poussé le ministre de l’Equipement et du Transport à annoncer en 2019 l’interdiction du transport des personnes à bord en menaçant d’infliger des sanctions lourdes aux contrevenants allant jusqu’à retirer leurs permis de conduire. Cependant, l’application rigoureuse de la loi n’a pas été assurée.
Pour un véhicule dont vivent beaucoup de personnes en situation de précarité, s’agit-il peut-être, aux yeux des responsables, d’éviter une crise sociale d’autant plus que cette affaire touche des milliers de personnes issues des classes démunies. De toute évidence, les triporteurs ont proliféré ces dernières années suite à l’augmentation du nombre des bénéficiaires de ces véhicules dans le cadre de l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH). Il se peut que la gestion de ce dossier épineux prenne en considération sa sensibilité. Cependant, l’hypothèse d’un calcul électoraliste n’est pas écartée, étant donné que la population concernée constitue une base électorale considérable.
Ne serait-ce qu’en début du mois, une polémique a éclaté sur les réseaux sociaux suite à la publication d’une vidéo d’un citoyen ayant fait un accident avec un triporteur. Ce dernier déclare que l’assurance triporteur ne couvre pas la responsabilité civile pour les conducteurs de ces véhicules du fait qu’ils ne disposent pas d’un permis de conduire adéquat. Ainsi, en cas d’accident de circulation, Il n’y aura aucune indemnisation des pertes et dommages matériels et physiques causés par ces tricyclistes.
Face à cet état des faits, l’Agence nationale de sécurité routière (NARSA) n’a pas tardé à réagir avec un communiqué pour un rappel à l’ordre. Elle a indiqué que l’absence du permis de conduire des triporteurs est une infraction passible de sanctions en vertu de la loi 52.05. L’Agence a également réaffirmé que les triporteurs sont destinés exclusivement au transport de marchandises et non pas de personnes, en indiquant que seulement «91.300 unités sont immatriculées au moment où l’opération d’immatriculation est toujours en cours».
Une anarchie qui ne date pas d’aujourd’hui
Le désordre des triporteurs ne date pas d’aujourd’hui, en dépit des efforts fournis pour régulariser ce type de véhicules tricycles, plusieurs manquements sont observés. Selon les autorités de régulation, les opérations de régularisation et d’identification ont échoué suite à la faible adhésion des propriétaires qui, à chaque fois, ne respectent pas les délais accordés par l’Etat sans parler des fraudes concernant la déclaration des papiers. En effet, il était prévu que leur situation soit en règle dès 2017 sachant que tous les triporteurs ayant une cylindrée supérieure à 50 cm3 doivent, selon la loi, disposer d’une carte grise, comme c’est les cas des voitures et des motos. Cependant, l’obstination des propriétaires complique les choses. Ils sont nombreux à refuser catégoriquement l’idée de régularisation en prétextant que les coûts du permis et de l’assurance sont onéreux. Néanmoins, ils ne sont pas les seuls derrière la traîne de ce dossier, le manque d’obstination des pouvoirs publics est également à souligner.
Flashback de l’attentisme du gouvernement ?
Rappelons que le gouvernement fait depuis des années preuve d’attentisme et de désoeuvrement sur ce dossier. L’ancien secrétaire d’État auprès du ministre de l’Équipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau, chargé du transport, Najib Boulif, avait déclaré en 2017 qu’aucune prolongation du délai d’immatriculation ne sera accordée après le 31 juillet de la même année, laissant ainsi un nombre important de véhicules tricycles hors la loi. Une décision qui avait provoqué la colère des propriétaires des tricycles, du fait qu’ils considéraient que l’Exécutif ne se souciait pas de leur situation socio-économique. Résultat : des milliers de personnes conduisent des engins sans permis, dont une grande partie ne respectent pas le code de la route, causant des accidents graves.
Deux ans plus tard, la multiplication des accidents liés au transport des personnes et au non-respect des règlements avait poussé le ministre de l’Equipement et du Transport à annoncer en 2019 l’interdiction du transport des personnes à bord en menaçant d’infliger des sanctions lourdes aux contrevenants allant jusqu’à retirer leurs permis de conduire. Cependant, l’application rigoureuse de la loi n’a pas été assurée.
Pour un véhicule dont vivent beaucoup de personnes en situation de précarité, s’agit-il peut-être, aux yeux des responsables, d’éviter une crise sociale d’autant plus que cette affaire touche des milliers de personnes issues des classes démunies. De toute évidence, les triporteurs ont proliféré ces dernières années suite à l’augmentation du nombre des bénéficiaires de ces véhicules dans le cadre de l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH). Il se peut que la gestion de ce dossier épineux prenne en considération sa sensibilité. Cependant, l’hypothèse d’un calcul électoraliste n’est pas écartée, étant donné que la population concernée constitue une base électorale considérable.
Anass MACHLOUKH
Encadré
Accidents de la route : Une tendance haussière causée par les triporteurs
nombre d’accidents graves à cause des triporteurs au Maroc a considérablement augmenté ces dernières années. Selon l’Agence nationale de sécurité routière (NARSA), l’analyse des dernières données statistiques des accidents de la circulation au titre de l’année 2018 fait ressortir un total de 2950 accidents corporels où sont impliqués des triporteurs. Le même bilan dresse également 57 tués parmi les conducteurs de ce type de véhicules dont le nombre total à la date d’aujourd’hui dépasse les 91.300 unités enregistrées au niveau national.
En revanche, après l’analyse des statistiques provisoires des six premiers mois de l’année 2020 comparées à celles du premier semestre de 2019 et à l’image des statistiques de l’ensemble des autres catégories d’usagers, il a été enregistré une baisse de 11,54% dans le nombre des tués parmi les usagers et passagers des tricycles à moteur. Dans ce cadre, il est à signaler que cette baisse au niveau national des accidents et victimes durant le premier semestre de cette année a été largement impactée par le contexte de la Covid-19 caractérisé par une baisse drastique de la mobilité, notamment durant la période du confinement. Les études scientifiques montrent, en effet, que le risque d’accident est fortement corrélé au trafic routier.
Rappelons que suite à l’augmentation du nombre des accidents provoqués par les triporteurs, le ministre de l’Equipement et du Transport, Abdelkader Amara, avait annoncé en 2019 l’interdiction du transport des personnes à bord des triporteurs.
nombre d’accidents graves à cause des triporteurs au Maroc a considérablement augmenté ces dernières années. Selon l’Agence nationale de sécurité routière (NARSA), l’analyse des dernières données statistiques des accidents de la circulation au titre de l’année 2018 fait ressortir un total de 2950 accidents corporels où sont impliqués des triporteurs. Le même bilan dresse également 57 tués parmi les conducteurs de ce type de véhicules dont le nombre total à la date d’aujourd’hui dépasse les 91.300 unités enregistrées au niveau national.
En revanche, après l’analyse des statistiques provisoires des six premiers mois de l’année 2020 comparées à celles du premier semestre de 2019 et à l’image des statistiques de l’ensemble des autres catégories d’usagers, il a été enregistré une baisse de 11,54% dans le nombre des tués parmi les usagers et passagers des tricycles à moteur. Dans ce cadre, il est à signaler que cette baisse au niveau national des accidents et victimes durant le premier semestre de cette année a été largement impactée par le contexte de la Covid-19 caractérisé par une baisse drastique de la mobilité, notamment durant la période du confinement. Les études scientifiques montrent, en effet, que le risque d’accident est fortement corrélé au trafic routier.
Rappelons que suite à l’augmentation du nombre des accidents provoqués par les triporteurs, le ministre de l’Equipement et du Transport, Abdelkader Amara, avait annoncé en 2019 l’interdiction du transport des personnes à bord des triporteurs.
3 Questions à Benacer Boulaajoul
Benacer Boulaajoul
« La réussite de la régularisation des triporteurs reste tributaire de l’adhésion de la population concernée »
Directeur de l’Agence nationale de la sécurité routière (NARSA), M. Benacer Boulaâjoul a répondu à nos questions à propos de la régularisation des triporteurs.
- Suite à votre communiqué relatif aux triporteurs, quelle est l’importance de la régulation de ces derniers ?
- La régulation des triporteurs s’inscrit dans l’objectif de maîtriser le parc en circulation et faciliter le suivi et l’encadrement des acteurs concernés pour lutter contre les accidents de la circulation. Les tricycles à moteur sont régulés par la loi 52-05 portant code de la route telle qu’elle a été modifiée et complétée par la loi 116-14. De ce fait, ces engins sont obligés de se conformer à la réglementation en vigueur à l’image des autres catégories de véhicules.
- Quels sont les problèmes qui entravent la finalisation du processus d’immatriculation de ces véhicules ?
- Les propriétaires des triporteurs dont la cylindrée est supérieure à 50 cm3 doivent les présenter au centre d’immatriculation pour l’obtention de leurs cartes grises. Or, plusieurs dossiers d’immatriculation qui ne comportent pas les pièces exigées par la réglementation en vigueur ne sont pas régularisés, généralement pour le motif de défaut de présentation des documents justifiant la propriété des triporteurs. Ceci réduit le nombre des dossiers régularisés sachant que, de manière générale, la réussite de la régularisation des triporteurs reste tributaire de l’adhésion de la population concernée.
- Que compte faire l’agence pour limiter le désordre qui frappe cette catégorie de véhicules?
- Dans le cadre du programme de l’immatriculation des tricycles, un travail de fond est effectué pour convaincre les cas récalcitrants. En outre, l’effort de communication et de sensibilisation sera ravivé pour mettre en avant la valeur ajoutée de ce programme. S’agissant des nouvelles acquisitions, elles sont soumises au procédé d’immatriculation en vigueur, ce qui permet de garantir la conformité à la réglementation pour tous les nouveaux engins autorisés à circuler sur la voie publique.
Directeur de l’Agence nationale de la sécurité routière (NARSA), M. Benacer Boulaâjoul a répondu à nos questions à propos de la régularisation des triporteurs.
- Suite à votre communiqué relatif aux triporteurs, quelle est l’importance de la régulation de ces derniers ?
- La régulation des triporteurs s’inscrit dans l’objectif de maîtriser le parc en circulation et faciliter le suivi et l’encadrement des acteurs concernés pour lutter contre les accidents de la circulation. Les tricycles à moteur sont régulés par la loi 52-05 portant code de la route telle qu’elle a été modifiée et complétée par la loi 116-14. De ce fait, ces engins sont obligés de se conformer à la réglementation en vigueur à l’image des autres catégories de véhicules.
- Quels sont les problèmes qui entravent la finalisation du processus d’immatriculation de ces véhicules ?
- Les propriétaires des triporteurs dont la cylindrée est supérieure à 50 cm3 doivent les présenter au centre d’immatriculation pour l’obtention de leurs cartes grises. Or, plusieurs dossiers d’immatriculation qui ne comportent pas les pièces exigées par la réglementation en vigueur ne sont pas régularisés, généralement pour le motif de défaut de présentation des documents justifiant la propriété des triporteurs. Ceci réduit le nombre des dossiers régularisés sachant que, de manière générale, la réussite de la régularisation des triporteurs reste tributaire de l’adhésion de la population concernée.
- Que compte faire l’agence pour limiter le désordre qui frappe cette catégorie de véhicules?
- Dans le cadre du programme de l’immatriculation des tricycles, un travail de fond est effectué pour convaincre les cas récalcitrants. En outre, l’effort de communication et de sensibilisation sera ravivé pour mettre en avant la valeur ajoutée de ce programme. S’agissant des nouvelles acquisitions, elles sont soumises au procédé d’immatriculation en vigueur, ce qui permet de garantir la conformité à la réglementation pour tous les nouveaux engins autorisés à circuler sur la voie publique.
Recueillis par A. M.
Repères
Disposer d’un permis, impensable pour les propriétaires
En réaction au rappel de la NARSA, les propriétaires des triporteurs n’ont pas manqué de crier leur colère. Plusieurs vidéos sur Youtube montrent quelques conducteurs qui ont exprimé leur ferme réprobation de la décision des autorités en affirmant que leurs véhicules constituent leurs seules sources de revenus sans lesquels ils ne pourront vivre. Ces derniers restent fermement opposés à la régularisation qu’ils considèrent secondaire et coûteuse.
Code de la route après la réforme de 2016
Censés être utilisés uniquement pour le transport des marchandises, beaucoup de propriétaires n’hésitent pas à utiliser leurs triporteurs pour transporter des personnes. Après la réforme du code de la route en 2016, de nouvelles dispositions ont été introduites concernant les cyclomoteurs tricycles. Ainsi, il a été formellement interdit aux conducteurs d’utiliser leurs véhicules dans le transport des personnes. En outre, il a été également interdit de transporter plus d’une personne accompagnant le conducteur.