La nouvelle recherche de la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie occidentale (ESCWA) souligne qu’une évidence est établie quant au lien entre réforme des systèmes de protection sociale et pauvreté multidimensionnelle. Mettant en lumière l’expérience marocaine, l’approche de ce croisement,utilisée par les chercheurs universitaires Abdelkhalek Touhami et Dorothee Boccanfuso, démontre que le projet de généralisation de protection sociale et la multiplication des programmes contribuent dans la réduction de la pauvreté au Maroc.
PMD : 2,8 millions de Marocains touchés
Selon les dernières données publiés par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), et remontant déjà à 2017, la pauvreté multidimensionnelle décline un taux de prévalence de 8,2% à l’échelle nationale, touchant 2,8 millions de citoyens, dont 400.000 en milieu urbain et 2,4 millions en milieu rural, avec des taux de prévalence respectivement de 2% et de 17,7%. L’approche multidimensionnelle considère comme « réductrice » la norme du revenu, par ailleurs difficile à appréhender, pour définir et mesurer la pauvreté, et lui substitue plusieurs dimensions socioculturelles qui renvoient aux conditions de vie du ménage dans leur globalité. Les dimensions privilégiées par le HCP, dans le cadre de cette approche, sont celles dont la non satisfaction a été considérée par les ménages euxmêmes, comme source d’une privation fondamentale, à savoir les conditions de vie, la santé et l’éducation. Un ménage est considéré en situation de pauvreté multidimensionnelle, lorsqu’au moins 30% de l’ensemble cumulé des dimensions des besoins retenus ne sont pas satisfaits.
Protection sociale, un système longtemps en déficience
Avant 2020, l’efficacité et l’efficience du système de protection sociale au Maroc ont été souvent pointées du doigt. Une recherche de Chemillier- Gendreau (2018), à titre d’exemple, note une multitude de programmes et d’intervenants, une faible coordination et un manque de convergence qui entraîne d’importants chevauchements de programmes et de groupes de populations vulnérables laissées pour compte. Il souligne également un déséquilibre majeur entre le contributif (assurantiel) et le non contributif (assistance).
Une réforme névralgique
Ainsi, de façon structurelle et depuis plusieurs années, le Maroc a pris conscience qu’il fallait réviser fondamentalement son système de protection sociale. Cette prise de conscience s’est accélérée avec l’avènement de la pandémie de Covid-19 et les conséquences engendrées. En effet, cette dernière a mis en exergue les lacunes et les défaillances des programmes en place.
Dans ce contexte, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a annoncé le lancement d’une grande réforme de la protection sociale visant à assurer une protection sociale à tous les Marocains. Programmée sur une durée de cinq années, cette réforme porte en premier lieu sur la généralisation de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) et des allocations familiales.
Dans le projet de loi-cadre 09.2116, le Maroc a retenu quatre principes fondateurs pour construire le nouveau système de protection sociale, à savoir : le principe de solidarité dans ses dimensions sociale, territoriale, intergénérationnelle et interprofessionnelle, le principe de non-discrimination dans l’accès aux services de la protection sociale, le principe de l’anticipation et finalement celui de l’implication (engagement de l’ensemble des intervenants au niveau des politiques, stratégies et programmes relatifs à la protection sociale). Un chantier parallèle initié il y a presque 2 ans maintenant, a été accéléré. Il consiste en l’adoption et la mise en place d’un Registre social unique (RSU) qui permettrait un meilleur ciblage des catégories de la population qui seraient éligibles aux aides.
En janvier 2021, il y a eu la publication au Bulletin Officiel du statut de l’Agence nationale des registres. Cette dernière sera le cadre institutionnel unifié chargé du suivi du processus de généralisation de la couverture sociale aux catégories ciblées. Sur le plan réglementaire et de façon plus générale, le projet de loicadre 09.21 sur la protection sociale définit l’arsenal législatif et réglementaire qui accompagnerait la mise en place graduelle du nouveau système de protection sociale.
Selon les données du ministère de l’Économie, des Finances et de la Réforme de l’Administration, ce système mobilisera une enveloppe de 51 milliards de DH par an à partir de 2021. Cette enveloppe est répartie entre l’assurance maladie obligatoire de base (14 milliards de DH), les allocations familiales (20 milliards de DH), l’élargissement de la base des adhérents au régime de retraite (16 milliards de DH).
Multiplication des programmes pour une efficacité accrue
Le rapport onusien révèle que la mise en oeuvre du chantier de la généralisation de la protection sociale contribue à changer le visage du Maroc au plan social, en ce sens qu’il a un impact positif significatif sur de larges catégories de citoyens en diminuant l’indice de pauvreté multidimensionnelle, notamment en impactant l’indice d’accès à l’éducation et à l’emploi.
« Nos résultats montrent que les trois réformes simulées ont un impact positif sur les mesures de la pauvreté multidimensionnelle », lit-on sur le rapport. « Alors que nous pouvions penser qu’une politique de protection sociale se révèlerait nettement plus efficace lorsqu’elle cible de façon objective les bénéficiaires de la réforme, il ressort que les variations relatives sont presque toujours plus grandes en valeurs absolues sous le ciblage aléatoire que sous l’identification objective », précise le rapport en ajoutant que « de plus, les variations obtenues par cumul de programmes sont plus grandes en valeur absolue que celles obtenues sur chacune des réformes prises individuellement ».
PMD : 2,8 millions de Marocains touchés
Selon les dernières données publiés par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), et remontant déjà à 2017, la pauvreté multidimensionnelle décline un taux de prévalence de 8,2% à l’échelle nationale, touchant 2,8 millions de citoyens, dont 400.000 en milieu urbain et 2,4 millions en milieu rural, avec des taux de prévalence respectivement de 2% et de 17,7%. L’approche multidimensionnelle considère comme « réductrice » la norme du revenu, par ailleurs difficile à appréhender, pour définir et mesurer la pauvreté, et lui substitue plusieurs dimensions socioculturelles qui renvoient aux conditions de vie du ménage dans leur globalité. Les dimensions privilégiées par le HCP, dans le cadre de cette approche, sont celles dont la non satisfaction a été considérée par les ménages euxmêmes, comme source d’une privation fondamentale, à savoir les conditions de vie, la santé et l’éducation. Un ménage est considéré en situation de pauvreté multidimensionnelle, lorsqu’au moins 30% de l’ensemble cumulé des dimensions des besoins retenus ne sont pas satisfaits.
Protection sociale, un système longtemps en déficience
Avant 2020, l’efficacité et l’efficience du système de protection sociale au Maroc ont été souvent pointées du doigt. Une recherche de Chemillier- Gendreau (2018), à titre d’exemple, note une multitude de programmes et d’intervenants, une faible coordination et un manque de convergence qui entraîne d’importants chevauchements de programmes et de groupes de populations vulnérables laissées pour compte. Il souligne également un déséquilibre majeur entre le contributif (assurantiel) et le non contributif (assistance).
Une réforme névralgique
Ainsi, de façon structurelle et depuis plusieurs années, le Maroc a pris conscience qu’il fallait réviser fondamentalement son système de protection sociale. Cette prise de conscience s’est accélérée avec l’avènement de la pandémie de Covid-19 et les conséquences engendrées. En effet, cette dernière a mis en exergue les lacunes et les défaillances des programmes en place.
Dans ce contexte, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a annoncé le lancement d’une grande réforme de la protection sociale visant à assurer une protection sociale à tous les Marocains. Programmée sur une durée de cinq années, cette réforme porte en premier lieu sur la généralisation de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) et des allocations familiales.
Dans le projet de loi-cadre 09.2116, le Maroc a retenu quatre principes fondateurs pour construire le nouveau système de protection sociale, à savoir : le principe de solidarité dans ses dimensions sociale, territoriale, intergénérationnelle et interprofessionnelle, le principe de non-discrimination dans l’accès aux services de la protection sociale, le principe de l’anticipation et finalement celui de l’implication (engagement de l’ensemble des intervenants au niveau des politiques, stratégies et programmes relatifs à la protection sociale). Un chantier parallèle initié il y a presque 2 ans maintenant, a été accéléré. Il consiste en l’adoption et la mise en place d’un Registre social unique (RSU) qui permettrait un meilleur ciblage des catégories de la population qui seraient éligibles aux aides.
En janvier 2021, il y a eu la publication au Bulletin Officiel du statut de l’Agence nationale des registres. Cette dernière sera le cadre institutionnel unifié chargé du suivi du processus de généralisation de la couverture sociale aux catégories ciblées. Sur le plan réglementaire et de façon plus générale, le projet de loicadre 09.21 sur la protection sociale définit l’arsenal législatif et réglementaire qui accompagnerait la mise en place graduelle du nouveau système de protection sociale.
Selon les données du ministère de l’Économie, des Finances et de la Réforme de l’Administration, ce système mobilisera une enveloppe de 51 milliards de DH par an à partir de 2021. Cette enveloppe est répartie entre l’assurance maladie obligatoire de base (14 milliards de DH), les allocations familiales (20 milliards de DH), l’élargissement de la base des adhérents au régime de retraite (16 milliards de DH).
Multiplication des programmes pour une efficacité accrue
Le rapport onusien révèle que la mise en oeuvre du chantier de la généralisation de la protection sociale contribue à changer le visage du Maroc au plan social, en ce sens qu’il a un impact positif significatif sur de larges catégories de citoyens en diminuant l’indice de pauvreté multidimensionnelle, notamment en impactant l’indice d’accès à l’éducation et à l’emploi.
« Nos résultats montrent que les trois réformes simulées ont un impact positif sur les mesures de la pauvreté multidimensionnelle », lit-on sur le rapport. « Alors que nous pouvions penser qu’une politique de protection sociale se révèlerait nettement plus efficace lorsqu’elle cible de façon objective les bénéficiaires de la réforme, il ressort que les variations relatives sont presque toujours plus grandes en valeurs absolues sous le ciblage aléatoire que sous l’identification objective », précise le rapport en ajoutant que « de plus, les variations obtenues par cumul de programmes sont plus grandes en valeur absolue que celles obtenues sur chacune des réformes prises individuellement ».
Hiba CHAKER
Hiba CHAKER