La réforme de l’Ordre national des pharmaciens traîne toujours au Parlement. Léguée par le gouvernement précédent, le projet de loi N°98.18, relatif à l’Ordre National des Pharmaciens a eu de la peine à être voté à la première chambre, faute d’une entente sur le texte qui n’a pas été élaboré par le gouvernement précédent par une approche participative. Ce qui explique pourquoi le texte proposé n’a pas fait consensus. Raison pour laquelle les représentants des pharmaciens à la confédération des syndicats et le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens se sont réunis avec les députés de la Majorité lors d’une journée d’études. Une réunion tenue loin des radars médiatiques, et qui a permis tant bien que mal de rapprocher les points de vue entre les députés participants et les professionnels du secteur qui proposent une série d’amendements pour améliorer le texte de la réforme. « Les députés de la majorité se sont montrés réceptifs à nos doléances », confie Amine Bouzoubaâ, Secrétaire général de la Fédération Nationale des Syndicats des Pharmaciens du Maroc, qui a assisté à cette journée d’études qui semble avoir été bénéfique pour la relance de la réforme.
Contacté par nos soins, M. Bouzoubaâ nous a expliqué que cette réunion a été l’occasion pour aborder ce sujet dans une nouvelle perspective afin de sortir du marasme qui a duré pendant des années. Rappelons ici que le texte est soumis à la Commission des Secteurs sociaux depuis janvier 2020, le texte n’a pas pu être discuté vu les nombreux reports de la séance de dépôt des amendements. Les syndicats ont pour leur part exprimé leurs propositions concernant la réforme du fonctionnement de l’Ordre national des Pharmaciens. Parmi les principales revendications, la remise en question de la représentation du corps des pharmaciens d’officines au sein de l’Ordre. Ces derniers ne veulent pas se contenter de conseils régionaux mais préfèrent qu’ils soient fédérés dans un conseil central à l’instar des pharmaciens biologistes, les répartiteurs et les pharmaciens industriels. Rappelons que chaque catégorie susmentionnée a sa propre représentation au sein de l’Ordre. L’autre pomme de discorde qui a compliqué les discussions de la réforme est le mode d’élection du président de l’Ordre qui, selon le texte initial, est censé être élu par l’ensemble des membres, toutes spécialités confondues. Les syndicats et notamment la Confédération des syndicats des pharmaciens d'officine veulent que le président soit élu indirectement à travers le Conseil national.
Outre que cela, les pharmaciens répugnent à l’idée d’installer une instance permanente de consultation et d’accompagnement prévue par la réforme. Les syndicats craignent une mise sous tutelle par cette instance, habilitée à se prononcer sur plusieurs aspects qui concernent leur activité.
Tous ces éléments ont été discutés lors de la journée d’étude, la convergence des vues entre les représentants de la profession et les députés promet une relance pour cette réforme en stand-by.
Au-delà de l’Ordre national des pharmaciens, la profession a besoin d’une refonte, estime Amine Bouzoubaâ qui appelle à ce qu’il y ait un dialogue régulier entre les syndicats et le ministère de la Santé pour mieux intégrer les pharmaciens dans le Système de Santé. « Nous espérons être associés dans l’offre de soins, d’être plus intégrés dans les politiques de santé », revendique M. Bouzoubaâ, qui met en garde contre les difficultés financières dont souffrent les pharmaciens à cause de la baisse des prix des médicaments qui a réduit fortement leurs marges.
Rappelons que les pharmaciens d’officine constituent la majorité des professionnels du secteur avec 12.000 personnes, contre 350 biologistes, 50 distributeurs et 65 industriels. Pour cette raison, une restructuration de l’organigramme est de mise.