Décidément, on n’en a pas fini avec la chloroquine. Cette molécule dont la notoriété a explosé à la faveur de l’actuelle pandémie de Coronavirus revient encore une fois aux devants de la scène médiatique internationale. Alors que l’on croyait son usage normalisé aux quatre coins du globe, une étude publiée par la prestigieuse revue médicale britannique «The Lancet» relance le débat cornélien concernant son efficacité et surtout son innocuité. A tel point qu’une réaction en chaîne semble s’être enclenchée de part et d’autre du globe.
En l’attente d’une décision officielle au Maroc
Il y a d’abord eu la décision de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) de suspendre les essais cliniques engagés à travers la planète par ses antennes internationales. Une décision lourde de sens qui s’apparente à un retrait de crédit scientifique officiel de la part de l’OMS à cette forme de thérapie dont l’usage n’a, à ce jour, jamais été officiellement adoubé.
Il y a ensuite eu la décision de la France de proscrire par décret l’usage de l’hydroxy-chloroquine autorisé par un précédent décret. «Que ce soit en ville ou à l’hôpital, cette molécule ne doit pas être prescrite pour les patients atteints de Covid-19», a indiqué le ministère français de la Santé dans un communiqué, après la parution d’un décret au Journal officiel.Ce décret abroge la possibilité de prescrire de l’hydroxy-chloroquine, hors essais cliniques, et intervient au lendemain d’un avis défavorable du Haut Conseil de la Santé publique (HCSP). L’Agence française du médicament (ANSM) a annoncé mardi qu’elle prenait la même décision pour les essais organisés en France. Il va sans dire que ces décisions s’inscrivent dans une logique d’anticipation des éventuels effets politiques désastreux pour l’administration Macron au cas où la dangerosité de cette substance serait avérée.
Que reproche-t-on au juste à la chloroquine ? Son inefficacité supposée contre le Covid-19 et surtout ses éventuels effets secondaires sur le système cardiovasculaire qui se traduisent par des crises d’arythmie cardiaque pour les populations dites vulnérables.
Au Maroc où l’usage de la chloroquine a été institué par une circulaire datant du 23 mars sur recommandation du Comité Technique et scientifique consultatif institué par le ministère de la Santé, aucune décision officielle sous la forme d’un communiqué en bonne et due forme n’a été à ce jour communiquée. Nous avons essayé de joindre le ministère de la Santé pour savoir quelle était la position officielle des autorités sanitaires du Royaume face aux développements récents. Mais encore une fois, celui-ci est resté muet, préférant persévérer dans son attitude devenue agaçante des déclarations délivrées au compte-goutte à des médias sans d’autres.
Selon nos informations, la question de l’usage de la chloroquine au Maroc sera au centre du débat organisé jeudi 28 mai au sein de la commission parlementaire des secteurs sociaux qui siègera à partir de midi avec pour ordre du jour : «La pandémie du Coronavirus, l’efficacité des mesures prises et ses répercussions sur le secteur de la santé «. Le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb sera alors bien obligé d’apporter des éléments de réponse convaincants et officiels à ce sujet.
En attendant et ce que l’on sait en revanche, c’est que malgré un changement de doctrine en matière de traitement récemment décidé par ce dernier, la chloroquine reste au centre du dispositif thérapeutique en vigueur au Maroc. C’est ce qui ressort de déclarations faites à nos confrères de « L’Economiste » est publiées dans l’édition du mercredi 27 mai (voir cicontre).
Prescrite à tour de bras aux porteurs du Coronavirus qu’ils soient en stade avancé de la maladie ou même à l’état asymptomatique, l’hydroxy-chloroquine associée à l’antibiotique Azithromycine, semble plutôt nous réussir au vu de la trajectoire conquérante de la courbe des guérisons et celle descendante des décès, enregistrés durant les dernières semaines.
Il y a ensuite eu la décision de la France de proscrire par décret l’usage de l’hydroxy-chloroquine autorisé par un précédent décret. «Que ce soit en ville ou à l’hôpital, cette molécule ne doit pas être prescrite pour les patients atteints de Covid-19», a indiqué le ministère français de la Santé dans un communiqué, après la parution d’un décret au Journal officiel.Ce décret abroge la possibilité de prescrire de l’hydroxy-chloroquine, hors essais cliniques, et intervient au lendemain d’un avis défavorable du Haut Conseil de la Santé publique (HCSP). L’Agence française du médicament (ANSM) a annoncé mardi qu’elle prenait la même décision pour les essais organisés en France. Il va sans dire que ces décisions s’inscrivent dans une logique d’anticipation des éventuels effets politiques désastreux pour l’administration Macron au cas où la dangerosité de cette substance serait avérée.
Que reproche-t-on au juste à la chloroquine ? Son inefficacité supposée contre le Covid-19 et surtout ses éventuels effets secondaires sur le système cardiovasculaire qui se traduisent par des crises d’arythmie cardiaque pour les populations dites vulnérables.
Au Maroc où l’usage de la chloroquine a été institué par une circulaire datant du 23 mars sur recommandation du Comité Technique et scientifique consultatif institué par le ministère de la Santé, aucune décision officielle sous la forme d’un communiqué en bonne et due forme n’a été à ce jour communiquée. Nous avons essayé de joindre le ministère de la Santé pour savoir quelle était la position officielle des autorités sanitaires du Royaume face aux développements récents. Mais encore une fois, celui-ci est resté muet, préférant persévérer dans son attitude devenue agaçante des déclarations délivrées au compte-goutte à des médias sans d’autres.
Selon nos informations, la question de l’usage de la chloroquine au Maroc sera au centre du débat organisé jeudi 28 mai au sein de la commission parlementaire des secteurs sociaux qui siègera à partir de midi avec pour ordre du jour : «La pandémie du Coronavirus, l’efficacité des mesures prises et ses répercussions sur le secteur de la santé «. Le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb sera alors bien obligé d’apporter des éléments de réponse convaincants et officiels à ce sujet.
En attendant et ce que l’on sait en revanche, c’est que malgré un changement de doctrine en matière de traitement récemment décidé par ce dernier, la chloroquine reste au centre du dispositif thérapeutique en vigueur au Maroc. C’est ce qui ressort de déclarations faites à nos confrères de « L’Economiste » est publiées dans l’édition du mercredi 27 mai (voir cicontre).
Prescrite à tour de bras aux porteurs du Coronavirus qu’ils soient en stade avancé de la maladie ou même à l’état asymptomatique, l’hydroxy-chloroquine associée à l’antibiotique Azithromycine, semble plutôt nous réussir au vu de la trajectoire conquérante de la courbe des guérisons et celle descendante des décès, enregistrés durant les dernières semaines.
Fin de l’épidémie du Coronavirus
La question qui se pose maintenant est celle de savoir si une vague d’effets secondaires d’inégale gravité est à craindre au Maroc comme cela semble être le cas en France ? La réponse à cette question vient d’être apportée sur un ton optimiste et tout aussi désinvolte par le controversé Professeur Didier Raoult, gourou incontesté de la chloroquine lors d’une interview mardi : «L’épidémie de Coronavirus est en train de se terminer. On a de moins en moins de patients et donc on a clos notre première grande étude avec 3600 patients qui nous permet d’avoir une vision assez claire de ce qui se passe. Et dans ce groupe, la mortalité est de 0,5% soit la plus basse au monde. Je ne sais pas si ailleurs l’hydroxy-chloroquine tue, mais ici elle sauve beaucoup de gens quand même», annonce d’emblée le médecin avant de poursuivre avec conviction : «Comment voulez-vous qu’une étude foireuse faite sur des big data change cette réalité ? Dans le cadre de notre étude, nous avons effectué un total de 10.000 électrocardiogrammes qui ont été soumis à l’équipe d’un professeur de rythmologie. Il en ressort que la chloroquine n’est pas plus nocive que d’autres médicaments, je dirais même qu’elle est moins dangereuse que le Doliprane», s’indigne Raoult.
Le médecin marseillais estime enfin troublant le fait d’interdire l’usage pour les malades du Covid-19 et probablement aussi pour les patients qui souffrent de rhumatismes ou d’autres pathologies pour la remplacer par une molécule vingt fois plus chère et dont le prix atteint 200 euros par semaine… La référence à une offensive industrialo-médiatico-politique est à peine voilée.
Le médecin marseillais estime enfin troublant le fait d’interdire l’usage pour les malades du Covid-19 et probablement aussi pour les patients qui souffrent de rhumatismes ou d’autres pathologies pour la remplacer par une molécule vingt fois plus chère et dont le prix atteint 200 euros par semaine… La référence à une offensive industrialo-médiatico-politique est à peine voilée.
Protocole médicale : Décision «officieuse» du maintien de l’usage de la chloroquine au Maroc
En l’absence de communication officielle du ministère de la Santé face à une polémique qui enfle depuis plusieurs jours à travers le monde, allant même jusqu’à susciter des interrogations légitimes de la part des Marocains dont les proches ou eux-mêmes risquent d’être soumis à ce protocole médicale au cas où ils seraient déclarés positifs au Covid-19, nous sommes obligés d’aller glaner des bribes d’explications parmi les rares sorties médiatiques du ministre de la Santé. La seule et la plus récente concernant ce sujet brûlant de l’efficacité et de l’innocuité de la chloroquine a été publiée par nos confrères de « L’Economiste » dans leur édition du mercredi 27 mai auxquels Khalid Aït Taleb a affirmé : «Les avis divergent. Mais, l’essentiel est que la chloroquine intervient dans l’inactivation virale. Le virus infecte l’hôte en s’introduisant dans la cellule en plusieurs étapes. Une des étapes est inhibée par la chloroquine». Et « L’Economiste » d’en conclure que : «Le Maroc qui a généralisé le traitement à la Chloroquine n’adhère pas aux conclusions de l’étude de la revue britannique «The Lancet» ni à la décision de l’OMS concernant la suspension «temporaire» des études menées avec l’hydroxy-chloroquine et la chloroquine. Pour rappel, dans une circulaire du ministère de la Santé également publiée par « L’Economiste », il était question d’un changement du protocole de prise en charge thérapeutique des cas les plus sensibles de Covid-19 sans référence aucune à l’hydroxy-chloroquine. Ce qui avait été interprété comme un maintien de l’usage de cette molécule.
Trois questions au Dr Allal Amraoui: «L’expérience marocaine a jusqu’ici montré son efficacité»
Dr Allal Amraoui
Médecin chirurgien, parlementaire, ancien directeur régional de la santé et président du centre marocain de recherches sur les politiques de santé, Dr Allal Amraoui siège jeudi parmi la commission parlementaire des secteurs sociaux qui consacre sa réunion à la riposte sanitaire du Maroc contre le Coronavirus et accessoirement à l’usage de la chloroquine.
- L’étude de «The lancet» a été critiquée par nombre d’observateurs. Quelle est sa valeur scientifique ?
- «The lancet» est une revue prestigieuse, personne ne peut remettre en question la valeur scientifique du journal. Ceci dit, cette étude, même de l’aveu de ses auteurs, est une étude prospective non randomisée, effectuée chez des patients hospitalisés, et donc dans un tableau clinique avancé (comorbidité, en insuffisance respiratoire, ou avec défaillance viscérale), et donc ne répondant pas tout à fait aux critères de prescription indiqués au Maroc. Elle ne remet donc en aucun cas le protocole utilisé par le Royaume dans le traitement des malades atteints du Covid-19. Ce qui nous interpelle et nous stupéfait en cette période de crise sanitaire, c’est de voir apparaitre, en ces dernières semaines, plusieurs articles contradictoires dont certains s’attaquent à cette molécule qui est présente depuis plus de 70 ans sur le marché et qui peut être commercialisée à pratiquement son prix de revient donc pas cher du tout. Cette situation nécessite un haut degré de lucidité scientifique et de vigilance politique chez nos responsables.
- Comment évaluez-vous l’expérience marocaine quant à la généralisation de l’usage de la chloroquine ?
- L’expérience marocaine a jusqu’ici montré selon l’avis des collègues qui suivent de près les malades Covid-19 positifs, une efficacité certaine. On attend, tout de même des publications nationales permettant d’évaluer objectivement et scientifiquement l’usage de ce protocole par les collègues marocains. On aimerait que cette expression subjective, soit démontrée dans une étude scientifiquement valable.
-Que pensez-vous de la décision prise par l’OMS concernant cette molécule ?
- La réaction de l’OMS est incompréhensible et nous pousse à poser plusieurs questions légitimes sur son rôle actuellement. Cette molécule, de l’avis des professionnels qui l’utilisent, au début ou même avant le début des symptômes, réduit le risque d’évolution défavorable de la maladie, tout le monde s’accorde sur le fait que la chloroquine n’a aucun effet sur les malades dans un état avancé, ce qui fait que l’article de « The Lancet » n’apporte rien de nouveau. En revanche, son utilisation permet de l’avis de plusieurs observateurs de réduire très vite la charge virale, écourtant la période de contamination et donc de casser la chaîne de transmission. C’est une raison suffisante à mon avis pour continuer à l’utiliser. Les autorités sanitaires ne doivent donc pas rester silencieuses face à l’actuelle polémique, alors même que le bilan est positif.
- L’étude de «The lancet» a été critiquée par nombre d’observateurs. Quelle est sa valeur scientifique ?
- «The lancet» est une revue prestigieuse, personne ne peut remettre en question la valeur scientifique du journal. Ceci dit, cette étude, même de l’aveu de ses auteurs, est une étude prospective non randomisée, effectuée chez des patients hospitalisés, et donc dans un tableau clinique avancé (comorbidité, en insuffisance respiratoire, ou avec défaillance viscérale), et donc ne répondant pas tout à fait aux critères de prescription indiqués au Maroc. Elle ne remet donc en aucun cas le protocole utilisé par le Royaume dans le traitement des malades atteints du Covid-19. Ce qui nous interpelle et nous stupéfait en cette période de crise sanitaire, c’est de voir apparaitre, en ces dernières semaines, plusieurs articles contradictoires dont certains s’attaquent à cette molécule qui est présente depuis plus de 70 ans sur le marché et qui peut être commercialisée à pratiquement son prix de revient donc pas cher du tout. Cette situation nécessite un haut degré de lucidité scientifique et de vigilance politique chez nos responsables.
- Comment évaluez-vous l’expérience marocaine quant à la généralisation de l’usage de la chloroquine ?
- L’expérience marocaine a jusqu’ici montré selon l’avis des collègues qui suivent de près les malades Covid-19 positifs, une efficacité certaine. On attend, tout de même des publications nationales permettant d’évaluer objectivement et scientifiquement l’usage de ce protocole par les collègues marocains. On aimerait que cette expression subjective, soit démontrée dans une étude scientifiquement valable.
-Que pensez-vous de la décision prise par l’OMS concernant cette molécule ?
- La réaction de l’OMS est incompréhensible et nous pousse à poser plusieurs questions légitimes sur son rôle actuellement. Cette molécule, de l’avis des professionnels qui l’utilisent, au début ou même avant le début des symptômes, réduit le risque d’évolution défavorable de la maladie, tout le monde s’accorde sur le fait que la chloroquine n’a aucun effet sur les malades dans un état avancé, ce qui fait que l’article de « The Lancet » n’apporte rien de nouveau. En revanche, son utilisation permet de l’avis de plusieurs observateurs de réduire très vite la charge virale, écourtant la période de contamination et donc de casser la chaîne de transmission. C’est une raison suffisante à mon avis pour continuer à l’utiliser. Les autorités sanitaires ne doivent donc pas rester silencieuses face à l’actuelle polémique, alors même que le bilan est positif.
Recueillis par Hajar Lebabi
Repères
L’étrange étude médicale publiée par la revue «The Lancet»
Dans un article signé par Laurent Mucchielli, sociologue et directeur de recherches au CNRS publié sur le blog du site d’investigation français «Médiapart» pourtant très critique envers la chloroquine et son promoteur, le professeur Didier Raoult, l’auteur s’interroge sur la possibilité pour «4 chercheurs, des surhommes, parmi lesquels ne figure aucun infectiologue ou épidémiologiste d’analyser en cinq semaines 96 032 dossiers médicaux émanant de 671 hôpitaux sur les 6 continents !» Et de conclure que la quantité ne fait pas la qualité. Loin s’en faut.
Le Maroc continue à se ravitailler en chloroquine
Preuve de son usage à grande échelle au Maroc, le Royaume continue son approvisionnement en chloroquine alors même qu’il disposait d’un important stock de ce médicament suite à sa décision de réquisitionner pour un usage local la production de l’usine marocaine du laboratoire français Sanofi. Dernier arrivage de chloroquine en date, celui en provenance de l’Inde dont le ministère de la Santé a autorisé à la mi-mai, l’exportation vers notre pays d’un lot de 6 millions de comprimés de Sulfate d’Hydroxy-chloroquine fabriqués par une société indienne IPCA Laboratories Pvt.