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Revalorisation du SMIG : Le patronat insiste sur le report


Rédigé par Saad Jafri Mercredi 27 Mai 2020

Suite à la conjoncture défavorable, la CGEM réaffirme l’importance de reporter la deuxième augmentation du SMIG prévue en juillet. Une demande justifiée par le fait que les entreprises passent par une période difficile.



Chakib ALJ et Mehdi TAZI respectivement Président et Vice-Président de la CGEM
Chakib ALJ et Mehdi TAZI respectivement Président et Vice-Président de la CGEM
Lors d’un webinaire organisé le 22 mai par l'Ordre des Experts-Comptables (OEC) sur la relance économique post Covid-19, le patron des patrons, Chakib Alj n'y est pas allé par quatre chemins, en annonçant que «dans la conjoncture actuelle, il est clair que nous allons demander le report de l’augmentation du SMIG. D’autant plus que cette augmentation était liée à plusieurs choses que devait faire l’État. En clair, dans les conditions actuelles, il est impossible d'augmenter le SMIG. Nous espérons juste maintenir les emplois».

Intervenant, aujourd’hui 27 mai, lors d’un point de presse organisé par la CGEM pour développer en détail sa proposition pour le Plan de relance de l'économie nationale, M. Alj a affirmé qu’ils ont envoyé «une demande officielle au gouvernement» dans laquelle ils soulignent la nécessité de reporter cette opération. Surtout que les entreprises, spécialement les PME, sont dans une situation très délicate, du fait de la crise sanitaire «plus de 63% des entreprises ont demandé le report des échéances bancaires» et environ 23% ont eu recours aux 3 reports à la fois, soit le report des échéances bancaires, fiscales et des cotisations CNSS. Sans oublier que plus de la moitié des emplois risquent de partir. Ainsi, le président de la CGEM a annoncé qu’ils sont aujourd’hui «plus dans une logique de préservation des emplois et des entreprises», soulignant qu’ils «comptent faire cette augmentation», mais la conjoncture fait «qu’elle doit être reportée» à une date ultérieure.  

De son coté, Hicham Zouanat, Président de la Commission Sociale, a souligné que cette décision qui fait partie des résultats du dialogue social bouclé le 25 avril 2019, devait s’accompagner d’autres engagements du gouvernement et des partenaires sociaux, qui n’ont pas été tenus. Lors de cet accord, «trois engagements ont été pris par la CGEM. La première augmentation du SMIG, ça a été fait en juillet 2019, l’augmentation des allocations familiales, a également été respecté», souligne-t-il, précisant qu’il reste un seul engagement, qui est celui de l’augmentation de la deuxième tranche du SMIG. Or le gouvernement et les partenaires sociaux «se sont engagés sur au moins trois priorités», notamment, 1) la publication du décret relatif à l’article 16 du code du travail, concernant le recours exceptionnel des CDD, 2) la consultation des partenaires sociaux et la programmation du projet de loi organique pour la réglementation du droit de grève et 3) le lancement des consultations avec les partenaires sociaux pour l’amendement du code du travail, «dont aucune n’a été respectée», dénonce M. Zouanat. Suite à ce déséquilibre dans les engagements des décisions du dialogue social «ce qui impacte significativement la pérennité du secteur privée» le président de la Commission Sociale, estime «qu’il est logique de demander le report de l’opération de l’augmentation du SMIG».

Une décision loin d’être une surprise

La demande de report de la revalorisation du SMIG n’est pas du tout étonnante. Selon une enquête menée par la confédération patronale relative aux répercussions du coronavirus sur les entreprises, près de 47% des entreprises enquêtées déclarent avoir perdu plus de 50% de leur activité trimestrielle, avec une estimation d’une perte de 165.586 emplois, soit 55,11%s de leurs effectifs. Ainsi, l’application de la deuxième tranche de ladite décision pourrait compliquer les comptes des entreprises pour sortir d’une crise économique dont les conséquences sont pour le moment mal cernées. Sans oublier que les mesures d’appui que le gouvernement compte déployer pour accompagner les entreprises pour la relance, n’ont pas encore été mises en oeuvre.

Ceci dit, les membres de la CGEM ont clairement expliqué que pour le moment, il faut soutenir les entreprises pour maintenir les emplois, ensuite réfléchir au processus de revalorisation du salaire minimum. Pour ce faire, les patrons laissent entendre, qu’une collaboration entre les différentes parties s’impose. Ils proposent entre autres, l’introduction du chômage partiel pour les entreprises en difficulté au-delà du 30 juin, précisant que le coût de la mesure serait partagé entre l’employeur, l’employé et l’État.

Ce mécanisme serait néanmoins conditionné par des engagements de maintien de l’emploi (70-80%) et par le maintien des cotisations sociales.  
 
 



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