«Le monde est mal parti» en raison de l’inégalité sur le vaccin entre pays riches et pauvres, selon la coprésidente du groupe indépendant mandaté par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’investigation sur la réponse à la pandémie, Ellen Johson Sirleaf.
A ce jour, au moins 60 pays ou territoires, qui regroupent 61% de la population mondiale, ont lancé leur campagne de vaccination. Mais 11 pays concentrent 90% des doses injectées, laissant 10% à la cinquantaine d’autres. L’Afrique, dans presque sa totalité, n’a pour l’instant que les bons de commandes.
«L’inégalité de l’accès au vaccin constitue l’un des exemples les plus criants des inégalités actuelles dans le monde», a dit mardi devant la presse l’ancienne présidente du Liberia, Ellen Johson Sirleaf.
«Le monde est mal parti à la fois pour la justice et pour le contrôle des pandémies», a-t-elle encore ajouté, avant de présenter aux Etats le rapport intermédiaire sur la réponse à la pandémie.
Lundi, au début du Conseil exécutif de l’OMS, le directeur général de l’institution Tedros Adhanom Ghebreyesus avait estimé que le monde était même «au bord d’une catastrophe morale». Il a demandé à ce que la vaccination démarre dans chaque pays d’ici au 7 avril, grâce à l’accélérateur Covax lancé notamment par son organisation. Seul un pays pauvre a entamé l’immunisation et certaines indications montrent que certains Etats africains ne pourraient avoir accès aux doses avant l’année prochaine.
L’évaluation indépendante sur la réponse à la pandémie avait été demandée en mai par les Etats membres. Dans le rapport intermédiaire publié il y a quelques jours, le comité présidé par Mme Johson Sirleaf et par l’ancienne Première ministre néo-zélandaise Helen Clark, estime que l’OMS aurait pu déclarer plus tôt une urgence sanitaire internationale et utiliser le terme de pandémie plus rapidement, mais elle dépend de l’action des Etats membres, insiste-il.
Appels à une réforme du Règlement sanitaire international
Tant qu’elle ne sera pas mieux dotée, l’OMS ne pourra que «difficilement» faire suivre aux Etats les indications requises «à temps» en cas d’urgence sanitaire, renchérit de son côté l’ancienne présidente libérienne. Au centre des discussions, de nombreux acteurs demandent une réforme du Règlement sanitaire international, lancé en 2007. Le financement de l’OMS est aussi insuffisant, affirment Mme Clark et Mme Johnson Sirleaf.
Il y a près de deux mois déjà, un groupe d’organisations militantes avait tiré la sonnette d’alarme, annonçant que près de 70 pays pauvres ne pourront vacciner qu’un habitant sur dix contre la Covid-19 l’année prochaine, à moins que les gouvernements et l’industrie pharmaceutique ne prennent d’urgence des mesures pour garantir une production de doses en quantité suffisante.
À l’opposé, les pays riches ont raflé les doses pour vacciner l’ensemble de leur population près de trois fois avant la fin 2021, si tous les vaccins qui font actuellement l’objet d’essais cliniques sont approuvés. Le Canada arrive en tête avec suffisamment de doses pour vacciner cinq fois chaque Canadien. Des données actualisées montrent que les pays riches, qui ne représentent que 14 % de la population mondiale, ont réservé 53 % des vaccins les plus prometteurs jusqu’à présent.
Parmi les organisations militantes qui font partie d’une alliance en faveur d’un vaccin universel (la People’s Vaccine Alliance), figurent Amnesty International, Frontline AIDS, Global Justice Now et Oxfam. Elles se sont servies des données recueillies par la société d’information et d’analyse scientifique Airfinity pour analyser les accords conclus entre les États et les huit principaux producteurs de vaccins expérimentaux.
Près de 70 pays abandonnés à la pandémie
Il apparaît ainsi que 67 pays à revenus faible et intermédiaire de la tranche inférieure risquent d’être laissés-pour-compte alors que les pays riches préparent leur échappatoire à la pandémie. Parmi ces 67 pays, cinq recensent à eux seuls près de 1,5 million de cas déclarés (le Kenya, le Myanmar, le Nigéria, le Pakistan et l’Ukraine).
Selon une responsable chez Oxfam, Anna Marriott, «plusieurs milliards» de personnes n’auront pas accès à un vaccin sûr et efficace «avant des années».
Ce délai est susceptible d’entraîner des conséquences désastreuses. Ainsi, d’après la People’s Vaccine Alliance, jusqu’à 67 pays aux revenus faibles ou intermédiaires pourraient se voir abandonnés face à la pandémie, dont le Kenya, le Pakistan, le Nigeria, la Birmanie ou bien l’Ukraine.
Appel de Guterres en faveur de la solidarité internationale
A ce jour, au moins 60 pays ou territoires, qui regroupent 61% de la population mondiale, ont lancé leur campagne de vaccination. Mais 11 pays concentrent 90% des doses injectées, laissant 10% à la cinquantaine d’autres. L’Afrique, dans presque sa totalité, n’a pour l’instant que les bons de commandes.
«L’inégalité de l’accès au vaccin constitue l’un des exemples les plus criants des inégalités actuelles dans le monde», a dit mardi devant la presse l’ancienne présidente du Liberia, Ellen Johson Sirleaf.
«Le monde est mal parti à la fois pour la justice et pour le contrôle des pandémies», a-t-elle encore ajouté, avant de présenter aux Etats le rapport intermédiaire sur la réponse à la pandémie.
Lundi, au début du Conseil exécutif de l’OMS, le directeur général de l’institution Tedros Adhanom Ghebreyesus avait estimé que le monde était même «au bord d’une catastrophe morale». Il a demandé à ce que la vaccination démarre dans chaque pays d’ici au 7 avril, grâce à l’accélérateur Covax lancé notamment par son organisation. Seul un pays pauvre a entamé l’immunisation et certaines indications montrent que certains Etats africains ne pourraient avoir accès aux doses avant l’année prochaine.
L’évaluation indépendante sur la réponse à la pandémie avait été demandée en mai par les Etats membres. Dans le rapport intermédiaire publié il y a quelques jours, le comité présidé par Mme Johson Sirleaf et par l’ancienne Première ministre néo-zélandaise Helen Clark, estime que l’OMS aurait pu déclarer plus tôt une urgence sanitaire internationale et utiliser le terme de pandémie plus rapidement, mais elle dépend de l’action des Etats membres, insiste-il.
Appels à une réforme du Règlement sanitaire international
Tant qu’elle ne sera pas mieux dotée, l’OMS ne pourra que «difficilement» faire suivre aux Etats les indications requises «à temps» en cas d’urgence sanitaire, renchérit de son côté l’ancienne présidente libérienne. Au centre des discussions, de nombreux acteurs demandent une réforme du Règlement sanitaire international, lancé en 2007. Le financement de l’OMS est aussi insuffisant, affirment Mme Clark et Mme Johnson Sirleaf.
Il y a près de deux mois déjà, un groupe d’organisations militantes avait tiré la sonnette d’alarme, annonçant que près de 70 pays pauvres ne pourront vacciner qu’un habitant sur dix contre la Covid-19 l’année prochaine, à moins que les gouvernements et l’industrie pharmaceutique ne prennent d’urgence des mesures pour garantir une production de doses en quantité suffisante.
À l’opposé, les pays riches ont raflé les doses pour vacciner l’ensemble de leur population près de trois fois avant la fin 2021, si tous les vaccins qui font actuellement l’objet d’essais cliniques sont approuvés. Le Canada arrive en tête avec suffisamment de doses pour vacciner cinq fois chaque Canadien. Des données actualisées montrent que les pays riches, qui ne représentent que 14 % de la population mondiale, ont réservé 53 % des vaccins les plus prometteurs jusqu’à présent.
Parmi les organisations militantes qui font partie d’une alliance en faveur d’un vaccin universel (la People’s Vaccine Alliance), figurent Amnesty International, Frontline AIDS, Global Justice Now et Oxfam. Elles se sont servies des données recueillies par la société d’information et d’analyse scientifique Airfinity pour analyser les accords conclus entre les États et les huit principaux producteurs de vaccins expérimentaux.
Près de 70 pays abandonnés à la pandémie
Il apparaît ainsi que 67 pays à revenus faible et intermédiaire de la tranche inférieure risquent d’être laissés-pour-compte alors que les pays riches préparent leur échappatoire à la pandémie. Parmi ces 67 pays, cinq recensent à eux seuls près de 1,5 million de cas déclarés (le Kenya, le Myanmar, le Nigéria, le Pakistan et l’Ukraine).
Selon une responsable chez Oxfam, Anna Marriott, «plusieurs milliards» de personnes n’auront pas accès à un vaccin sûr et efficace «avant des années».
Ce délai est susceptible d’entraîner des conséquences désastreuses. Ainsi, d’après la People’s Vaccine Alliance, jusqu’à 67 pays aux revenus faibles ou intermédiaires pourraient se voir abandonnés face à la pandémie, dont le Kenya, le Pakistan, le Nigeria, la Birmanie ou bien l’Ukraine.
Appel de Guterres en faveur de la solidarité internationale
Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a lancé mardi un appel en faveur de la solidarité internationale pour permettre un accès équitable aux vaccins dans le monde entier. «Nous devons travailler ensemble. La Covid-19 ne respecte pas les frontières nationales », a déclaré le chef de l’ONU dans un message vidéo diffusé lors d’un événement organisé au Royaume-Uni sur l’accès aux vaccins. Il a rappelé que le développement de vaccins antiCovid-19 en un temps record a permis de débuter l’année 2021 avec un sentiment d’espoir
Mais les approvisionnements de ces vaccins sont rares et leur distribution est inégale. « Nous constatons une énorme différence entre les pays à revenu élevé où les vaccins parviennent rapidement et les pays les plus pauvres du monde qui n’en ont pas du tout. Les fabricants et certains pays sont en train de conclure des accords bilatéraux au détriment d’une approche multilatérale, allant même jusqu’à acheter au-delà des leurs besoins », a dénoncé le Secrétaire général. « Tous les pays ont besoin de doses maintenant pour vacciner tous les agents de santé et en première ligne, au lieu que certains pays les reçoivent toutes », a-t-il ajouté. « Nous devons veiller à ce que ces vaccins soient considérés comme un bien public mondial - les vaccins des peuples - accessibles et abordables pour tous ».
Selon le chef de l’ONU, cet accès équitable est dans l’intérêt de chaque pays et est également le moyen le plus rapide de rouvrir l’économie mondiale et d’entamer une reprise durable.
Ali BENADADA