L'une des figures emblématiques de la médecine marocaine vient de s'éteindre après une très longue carrière dédiée à l'enseignement, la formation médicale en chirurgie pédiatrique et en anatomie.
Parler de mon Maître le Professeur émérite Hmidane Tayaa ALAMI est un exercice très difficile pour moi surtout en ces tristes et douloureux moments tant la nouvelle de sa mort m'émeut , me serre la gorge et bloque mes phrases.
J'ai fait la connaissance de ce Maître hors pair en 1975.
J'étais alors étudiant en Année propédeutique de médecine APM.
Il nous enseignait alors une matière que je decouvrit pour la première fois en l'occurrence l'anatomie.
Nous autres étudiants de médecine étions subjugués et épatés par cet orateur qui maniait la langue de Molière avec une aisance et éloquence qui plogeaient l'amphithéâtre Faraj dans un silence religieux qui n'avait rien à voir avec le chahut qui y régnait lors des cours du Pr Berjean et bien d'autres cours.
Pr Alami imposait le silence grâce à sa maestria et son art d'enseigner.
Et quand l'un des chahuteurs du fond de l'amphithéâtre osait faire l'imbécile notre Maître jeta la craie avec laquelle il dessinait ses fameuses coupes d'anatomie et quitta illico presto la scène en balbutiant d'une voix mécontente et grave qu'il considérait le cours comme fait.
La quasi-totalité des étudiants étions désolés et désemparés et en voulions à mort aux chahuteurs.
Au fil des cours les choses rentraient dans l'ordre et les chahuteurs s'abstenaient et reservaient leurs sales besognes à d'autres professeurs.
Dans son service de chirurgie infantile la réputation du Pr ALAMI était légendaire.
Très peu de maîtres assistants et d'internes de CHU arrivaient à suivre son rythme.
Programme opératoire, Staffs , Visites et encadrement des externes se succedaient à un rythme tellement infernal et hautement soutenu que beaucoup de médecins finissaient par se décourager et jetter l'éponge et s'orienter vers d'autres services plus calmes.
Les étudiants parlaient beaucoup.
Il a fini par devenir une légende au CHU de Rabat.
On racontait qu'un jour alors qu'il opérait et avait comme aide un jeune chirurgien français celui ci commit une grave faute sûrement un geste chirurgial qui allait mettre en jeu l'enfant qui était sur le billard.
Il ne se contenta pas de chasser le pauvre médecin du bloc mais de le poursuivre dans le couloir le bistouri à la main.
Je n'ai jamais pu vérifier la véracité de cette information bien que tout le monde en parlait à l'époque.
On disait aussi qu'avant de devenir médecin il était instituteur et que son enfant était malade et quand il avait protesté contre le médecin traitant celui-ci n'avait rien trouvé de mieux que le gifler.
Cet incident motiva Pr ALAMI à faire de la médecine et se spécialiser dans la chirurgie infantile.
Je ne sais pas si cette version est véridique là aussi.
Personnellement, il m'arrivait de croiser Pr ALAMI la nuit vers 2 heures ou 3 heures du matin lors de mes gardes d'étudiant externe.
Il venait faire des visites inopinées la nuit dans son service pour voir si tout va bien.
Les parents des enfants malades l'adoraient car ce médecin hors pair était très prévenant et si attentif.
Il les tranquillisait et prenait tout son temps pour leur expliquer les protocoles thérapeutiques.
Pr ALAMI ne se contentait pas de former des médecins en chirurgie infantile mais leur transmettait des valeurs qui ont fait de lui ce médecin compétent, intègre et complètement consacré à la chirurgie infantile.
Chose qui étaient nettement perceptible chez ses disciples je ne citerai comme exemple que nos regrettés Professeurs Berrahioui et Benhamou et Notre cher Pr Outarhout auquel je souhaite longue vie.
Les étudiants appréciaient énormément Pr ALAMI car il était généreux dans sa notation des feuilles d'examen et dans les examens cliniques.
Pour ceux qui avaient l'oral même s'ils répondaient à côté il prenait la peine , en fin andragogue de les corriger et de leur expliquer et finissait par leur dire: sauvez vous en leur accordant un 10 sur 20.
Ils réussissaient et retenaient à vie la réponse.
Pr ALAMI entretenait de très bonnes relations avec l'ensemble de ses collegues enseignants et s'investissait pleinement et personnellement dans tous les efforts entrepris par le décanat pour rendre l'enseignement de la médecine au Maroc un enseignement de qualité qui forme des médecins hautement qualifiés et qui partagent des valeurs humaines et professionnelles dont lui et certainement bien d'autres Maîtres de sa trempe nous ont fidèlement transmises.
Dr Fouad Bouchareb
Ex haut cadre du ministère de la santé
Le 13 Octobre 2024
Parler de mon Maître le Professeur émérite Hmidane Tayaa ALAMI est un exercice très difficile pour moi surtout en ces tristes et douloureux moments tant la nouvelle de sa mort m'émeut , me serre la gorge et bloque mes phrases.
J'ai fait la connaissance de ce Maître hors pair en 1975.
J'étais alors étudiant en Année propédeutique de médecine APM.
Il nous enseignait alors une matière que je decouvrit pour la première fois en l'occurrence l'anatomie.
Nous autres étudiants de médecine étions subjugués et épatés par cet orateur qui maniait la langue de Molière avec une aisance et éloquence qui plogeaient l'amphithéâtre Faraj dans un silence religieux qui n'avait rien à voir avec le chahut qui y régnait lors des cours du Pr Berjean et bien d'autres cours.
Pr Alami imposait le silence grâce à sa maestria et son art d'enseigner.
Et quand l'un des chahuteurs du fond de l'amphithéâtre osait faire l'imbécile notre Maître jeta la craie avec laquelle il dessinait ses fameuses coupes d'anatomie et quitta illico presto la scène en balbutiant d'une voix mécontente et grave qu'il considérait le cours comme fait.
La quasi-totalité des étudiants étions désolés et désemparés et en voulions à mort aux chahuteurs.
Au fil des cours les choses rentraient dans l'ordre et les chahuteurs s'abstenaient et reservaient leurs sales besognes à d'autres professeurs.
Dans son service de chirurgie infantile la réputation du Pr ALAMI était légendaire.
Très peu de maîtres assistants et d'internes de CHU arrivaient à suivre son rythme.
Programme opératoire, Staffs , Visites et encadrement des externes se succedaient à un rythme tellement infernal et hautement soutenu que beaucoup de médecins finissaient par se décourager et jetter l'éponge et s'orienter vers d'autres services plus calmes.
Les étudiants parlaient beaucoup.
Il a fini par devenir une légende au CHU de Rabat.
On racontait qu'un jour alors qu'il opérait et avait comme aide un jeune chirurgien français celui ci commit une grave faute sûrement un geste chirurgial qui allait mettre en jeu l'enfant qui était sur le billard.
Il ne se contenta pas de chasser le pauvre médecin du bloc mais de le poursuivre dans le couloir le bistouri à la main.
Je n'ai jamais pu vérifier la véracité de cette information bien que tout le monde en parlait à l'époque.
On disait aussi qu'avant de devenir médecin il était instituteur et que son enfant était malade et quand il avait protesté contre le médecin traitant celui-ci n'avait rien trouvé de mieux que le gifler.
Cet incident motiva Pr ALAMI à faire de la médecine et se spécialiser dans la chirurgie infantile.
Je ne sais pas si cette version est véridique là aussi.
Personnellement, il m'arrivait de croiser Pr ALAMI la nuit vers 2 heures ou 3 heures du matin lors de mes gardes d'étudiant externe.
Il venait faire des visites inopinées la nuit dans son service pour voir si tout va bien.
Les parents des enfants malades l'adoraient car ce médecin hors pair était très prévenant et si attentif.
Il les tranquillisait et prenait tout son temps pour leur expliquer les protocoles thérapeutiques.
Pr ALAMI ne se contentait pas de former des médecins en chirurgie infantile mais leur transmettait des valeurs qui ont fait de lui ce médecin compétent, intègre et complètement consacré à la chirurgie infantile.
Chose qui étaient nettement perceptible chez ses disciples je ne citerai comme exemple que nos regrettés Professeurs Berrahioui et Benhamou et Notre cher Pr Outarhout auquel je souhaite longue vie.
Les étudiants appréciaient énormément Pr ALAMI car il était généreux dans sa notation des feuilles d'examen et dans les examens cliniques.
Pour ceux qui avaient l'oral même s'ils répondaient à côté il prenait la peine , en fin andragogue de les corriger et de leur expliquer et finissait par leur dire: sauvez vous en leur accordant un 10 sur 20.
Ils réussissaient et retenaient à vie la réponse.
Pr ALAMI entretenait de très bonnes relations avec l'ensemble de ses collegues enseignants et s'investissait pleinement et personnellement dans tous les efforts entrepris par le décanat pour rendre l'enseignement de la médecine au Maroc un enseignement de qualité qui forme des médecins hautement qualifiés et qui partagent des valeurs humaines et professionnelles dont lui et certainement bien d'autres Maîtres de sa trempe nous ont fidèlement transmises.
Dr Fouad Bouchareb
Ex haut cadre du ministère de la santé
Le 13 Octobre 2024
