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Entretien avec Najib Somoue : "Faire une offre incitative pour une meilleure intégration formelle"

Najib Somoue, économiste et analyste financier


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Jeudi 11 Mars 2021

Il prône une approche pragmatique de l’intégration du secteur informel dans la dynamique économique puisqu’il représente environ 30% du volume de création de richesses au Maroc. Najib Somoue, économiste, analyste financier et membre du groupe britannique Economic Intelligence Unit, aborde également les pistes de la relance post-Covid-19



Entretien avec Najib Somoue : "Faire une offre incitative pour une meilleure intégration formelle"
Beaucoup d’analyses et d’études ont été faites sur le secteur informel en termes de caractéristiques et des impacts sur l’économie nationale. Pourquoi autant d’intérêt ?

Il faut rappeler que l’informel est un secteur important qui correspond à environ à 30% du volume de création de richesses dans notre pays. C’est un domaine qui représente véritablement un grand manque à gagner pour l’Etat sur le plan fiscal, mais aussi c’est une activité qui nécessite une grande réforme vu les conditions de travail qui y règnent. Par ailleurs et dans le monde entier, il y a un débat ouvert sur les mesures d’intégration de l’économie informelle dans l’économie formelle. Il existe également des orientations économiques pour lutter contre le secteur informel. Certaines stipulent d’ailleurs des réflexions approfondies afin de bénéficier davantage de son potentiel pour permettre à cette activité de développer les caractéristiques socioéconomiques, humaines et de contribuer efficacement dans l’économie nationale. Je pense que le Maroc a intégré une dynamique dans la réflexion visant à faire de ce secteur un véritable levier de développement en assurant une profonde réforme des conditions de travail et des paramètres techniques.

Comment peut-on, en cette période de Covid-19, arrimer ce secteur à l’économie formelle pour en faire un levier de développement ?

L’Etat a fait un grand effort pour soutenir les travailleurs dans le secteur de l’informel pendant le confinement. Ce soutien a permis d’avoir une base de données élargie sur les travailleurs de l’informel. Par la même occasion, cette nouvelle donne va permettre d’élaborer une stratégie claire et ciblée pour que l’on puisse réformer quelques dimensions dans le secteur informel et permettre son intégration, et ce, dans la perspective de la dynamique de la reprise économique. Cette dynamique doit avoir l’âme de « recover change », cette conversion de reprise de changement. J’estime qu’avec des orientations fiscales, des révisions en termes de l’offre publique, de la protection sociale, nous pouvons intégrer intelligemment ce secteur dans la dynamique formelle.

Dans un contexte où l’activité économique est au ralenti avec un taux de chômage élevé, la lutte contre l’informel n’est-elle pas un combat vain ?

Moi, je suis contre le principe de lutte contre l’informel mais plutôt pour son intégration, laquelle peut être faite par le développement d’un cadre fiscale flexible, par une révision de quelques caractéristiques fiscales comme la TVA. Il faudra aussi ouvrir le débat par rapport à la TVA puisqu’il s’agit du premier obstacle ou entrave pour aller du secteur informel au formel. Je crois aussi que le projet de la protection sociale pourrait être élargi afin de toucher un plus grand nombre.

Aujourd’hui, la grande difficulté est liée à ce processus d’aller de l’informel au formel. Je pense qu’avec l’offre fiscale incitative, l’amélioration de l’offre fiscale et une responsabilité plus importante de l’Etat, nous pourrons atteindre de meilleurs objectifs. Nous pourrons aussi lutter contre le manque à gagner et intégrer les 300 milliards de dirhams, un grand chiffre, du marché parallèle dans l’économie formelle.

D’une manière générale, comment voyez-vous aujourd’hui la relance économique post-Covid-19 ?

L’Etat a adopté une approche pragmatique basée sur deux éléments. Le premier est la mise en place d’un cadre financier important qui atteint les 12,3 milliards de dollars et qui est le chiffre le plus important dans la région. Le pays a opté pour une Reengineering institutionnelle ainsi que la création de deux nouvelles institutions d’une grande importance en matière de gouvernance mais aussi en matière de management efficace des ressources de l’Etat dont le Fonds de Développement Mohammed VI et l’Agence de contribution de l’Etat. C’est une approche que je trouve importante qui va tirer la croissance vers le haut et préparer notre pays à la nouvelle dynamique du nouveau modèle de développement.

Je trouve que ce processus permet de dire que SM le Roi a adopté un mécanisme de management par l’impact. C’est-àdire que cette stratégie va permettre d’aller directement vers le soutien des entreprises et indirectement vers une reprise des emplois perdus pendant la crise de Covid. Elle permet aussi à notre économie, dans un délai de 18 mois, de rétablir le rythme de croissance d’avant la crise.

Propos recueillis par Wolondouka SIDIBE
Covid-19, des mesures pour la reprise
Selon Najib Somoue, une meilleure reprise nécessite l’adoption d’un cadre de management par la qualité à la fois des départements gouvernementaux, les entreprises publiques mais aussi les autres institutions étatiques. Pour lui, le défi majeur de l’agenda de développement post-Covid est de permettre une grande qualité en matière de service public et des investissements massifs pour garantir une rentabilité sur le plan socioéconomique. «Notre pays est également appelé à bénéficier de la performance de la campagne de vaccination pour un marketing de la marque « Maroc » à l’échelle internationale afin de bénéficier de ce que j’appelle le +blockinginvestiment+», dit-il.

En effet, environ 900 milliards de dollars d’investissement sont bloqués au niveau international et qui cherchent les pays méritants de la confiance de ces fonds. Je pense que nous devrions faire le nécessaire pour que le Maroc puisse bénéficier de cette manne internationale, fait-il remarquer. Parallèlement, le Maroc doit invertir dans la diversification de nos partenariats pour se positionner efficacement dans la nouvelle chaîne méditerranéenne. Ceci dans l’optique d’être un pont dans la dynamique industrielle importante entre l’Europe et l’Afrique dans un marché naissant de 1,3 milliard de consommateurs qu’est la ZLECAF, Zone de Libre-Echange Continentale Africaine.








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