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Haro sur la fabrique à délinquants !


Rédigé par Saâd JAFRI le Mardi 8 Août 2023



Haro sur la fabrique à délinquants !
Il n’est pas condamné, il est toujours présumé innocent, mais le juge estime qu’il devrait être privé de liberté, préventivement, pendant la durée de l’enquête. Les motivations derrière cette décision sont convaincantes, du moment que le mis en cause peut commettre de nouvelles infractions, faire disparaître des preuves, ou encore s’enfuir, mais il n’en demeure pas moins que ses conséquences peuvent être irréparables, surtout si le suspect s’avère innocent.

Dans tous les cas, ce genre de décision, qui représente plus de 40% des cas de détention au Maroc, fait que les prisons nationales abritent aujourd’hui plus de 100.000 personnes, soit le double de leur capacité litière. Une situation qui rend la vie des prisonniers infernale, mais qui contribue également à perpétuer un cycle de délinquance au lieu de réhabiliter les individus et de les aider à se réintégrer positivement dans la société.

Car oui, nul ne peut contester que les prisons se sont transformées en fabriques à délinquants ! Premièrement, du fait que ces établissements offrent des conditions de détention difficiles, augmentant le niveau de frustration des détenus et donc faisant grimper le risque de récidive. L’accentuation de la délinquance vient également par la socialisation carcérale, du moment que les détenus - qui sont tous mis sur un même pied d’égalité peu importe la nature de leurs crimes - tissent des liens avec toutes sortes de hors-la-loi, les exposant à apprendre de nouvelles méthodes criminelles, à même de renforcer leurs liens avec des réseaux criminels existants.

Une fois libérés, ces détenus trouvent des difficultés d’intégration sociale, non seulement suite au rejet de la société, mais également à cause de la culture carcérale qui entraîne une compréhension complexe des dynamiques de pouvoir, de gestion des conflits et d’organisation communautaire, ce qui rend leur vie en société un vrai parcours du combattant. Désormais, le Royaume est doté d’un nouveau texte de loi qui favorise les peines alternatives, lesquelles, avec une bonne mise en application, pourraient limiter l’influence néfaste de ces « académies du crime ». Le temps n’est donc pas aux prises de bec et aux polémiques, mais plutôt aux dialogues constructifs et aux réformes.



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