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Interview avec Badr Bellahcen : « Les sciences à la campagne » au service des élèves du milieu rural

Badr Bellahcen, Président de l’AMPD


Rédigé par Safaa KSAANI Mercredi 10 Mars 2021

Pour que les élèves comprennent le milieu qui les entoure, quoi de mieux que de faire des expériences ! C’est l’objectif que s’assigne l’Association Marocaine des Petits Débrouillards (AMPD) depuis février dernier.



Badr Bellahcen
Badr Bellahcen
- L’AMPD a lancé il y a quelques semaines un ambitieux projet de développement des activités scientifiques en milieu rural. Une façon de sortir de votre zone de confort ?

- L’idée de ce projet est née de notre expertise depuis une trentaine d’années dans le domaine de la culture scientifique et technique, que nous souhaitons partager avec les enfants du milieu rural. Certes, de nombreux projets en milieu urbain ont vu le jour, mais cette fois-ci, avec le soutien de la Fondation suisse Drosos, nous avons jugé opportun de nous ouvrir sur les enfants du milieu rural qui éprouvent des difficultés scolaires et qui ne profitent pas d’activités de loisir, d’animation scientifique et technique, d’éducation environnementale.

Ainsi, les Petits Débrouillards mettront en place des animations et des ateliers scientifiques, techniques et d’éducation environnementale de manière permanente, à raison d’au moins une séance par semaine et par collège. A l’issue de ces activités, l’AMPD envisage d’organiser au sein des établissements bénéficiaires du programme des évènements tels que les festivals des clubs, la journée de l’eau, de l’environnement, les visites thématiques... La clôture de ce programme se fera à la Villa des Arts de Rabat par un festival auquel seront conviés l’ensemble des collégiens pour présenter leurs projets réalisés en clubs.

- Une dizaine d’établissements scolaires bénéficient de ce projet, qui est à ses débuts. Comment vous organisez-vous ?

- D’abord, nous avons signé une convention-cadre avec l’Académie de l’éducation nationale de RabatSalé-Kénitra, ce qui nous a facilité l’accès à ces établissements scolaires. Nous nous sommes organisés pour travailler avec 14 collèges, identifiés sur 7 provinces, à savoir Rabat, Salé, TémaraSkhirat, Khémisset, Kénitra, Sidi Slimane et Sidi Kacem. Ce projet sera mené sur une durée de 3 années et concernera plus de 500 enfants cette année. Il impliquera une cinquantaine de personnes, dont des enseignants volontaires, des étudiants universitaires, que nous formons sur la démarche scientifique et éducative utilisée par les Petits Débrouillards, et des membres actifs des associations de parents d’élèves, sans compter les coordinateurs régionaux de l’environnement des différentes directions provinciales concernées. Il y a également une équipe administrative qui gère, sur le plan logistique, administratif, financier et comptable tout le projet, dans les locaux de l’association.

- Quels sont les objectifs que vous vous fixez ?

- L’objectif majeur de cet ambitieux projet est d’améliorer la qualité d’apprentissage des collégiens et de créer chez eux le sens de la curiosité, de la créativité et de la responsabilité. Plusieurs actions de formation seront organisées au profit des enseignants, des universitaires bénévoles et des acteurs associatifs locaux sur les techniques d’animation scientifique. Dans les années à venir, nous comptons augmenter le nombre d’écoles bénéficiaires de notre projet. 

- Cela nécessite un grand investissement…

- Effectivement, des moyens à la fois humains et matériels. Une quarantaine de personnes bénévoles sont mobilisées. En termes de moyens logistiques, les établissements scolaires bénéficient de matériel et de supports pédagogiques spécifiques (mallettes, livres, jeux, supports multimédias,...). L’organisation de sorties pédagogiques est au programme pour permettre aux enfants du rural de découvrir des structures culturelles et de loisirs comme le musée de Maroc Télécom, le jardin exotique de Bouknadel, le parc zoologique de Rabat, …etc.

Pour amener ces élèves dans les centres, on a besoin d’une équipe d’animateurs et d’enseignants, qu’il faut former. Dans ce cadre, nous préparons un séminaire de formation à leur profit, vers la fin de ce mois-ci. Pour le moment, la Fondation suisse Drosos est la seule à nous soutenir. Des partenariats avec des banques et des structures publiques et privées sont en cours de négociation. 
 
Recueillis par Safaa KSAANI

Portrait

Celui qui prépare une génération de Petits Débrouillards

«La curiosité est le ferment de la pensée, la débrouille est le ferment de l’action», croit fort Badr Bellahcen, qui souhaite mettre fin à l’apprentissage classique dans les écoles marocaines.

Armé d’un diplôme en économie de développement et d’une expertise de plus de trente ans dans le secteur bancaire, Badr Bellahcen consacre le plus clair de ses journées à l’Association Marocaine des Petits Débrouillards (AMPD).

Ce retraité, né en 1959 à Salé, a eu cette idée après avoir découvert le concept des Petits Débrouillards, d’origine québécoise, lors d’une exposition scientifique en France. “Dès lors, j’ai compris que la démarche pédagogique utilisée marcherait dans des pays comme le nôtre”, nous racontet-il.

Basée à Rabat, et créée en 2005, l’AMPD se veut une association de promotion de la culture scientifique, technique et environnementale. A partir d’une démarche expérimentale, les jeunes et les moins jeunes s’épanouissent individuellement et collectivement, par des parcours de citoyenneté active et démocratique et découvrent des principes scientifiques de manière sérieuse et en profondeur dans les différents domaines (chimie, astronomie, eau, énergies.…).

De plus, l’association a choisi d’élargir ses alliances, en Afrique. « Dans quelques jours, nous lançons à Bouaké, en Côte d’Ivoire, un projet de formation au profit d’étudiants de l’université Alassane Ouattara. Il s’agit d’une formation en mooc, étalée sur quatre mois, sur le vivre ensemble », nous détaille-t-il. 

S. K.

Repères

Des semaines toniques à l’accueil des loisirs
L’AMPD souhaite faire sortir la science des laboratoires pour aller à la rencontre de tous : écoles, quartiers, plages… Dans ce sens, elle produit des actions innovantes, simples et attractives pour rendre la science accessible et susciter l’intérêt de tous publics. Afin d’assurer l’application de ce principe d’action, l’AMPD procède régulièrement à faire des mises à jour régulières des animations et des informations, rester connectée aux changements du monde et renseigner sur l’actualité et les innovations, maîtriser les NTIC et les recherches web comme outil d’autoformation, ainsi que favoriser la prise d’initiative et la créativité via le partage et la réflexion collective.
Innovation, vulgarisation et création d’outils pédagogiques
Convaincus de la nécessité de contribuer à la création d’outils pédagogiques et de matériels didactiques innovants, l’association intervient dans le secteur de l’édition à travers la production de livres, livrets et de jeux de société traitant des thématiques scientifiques avec une approche expérimentale, la réalisation d’expositions, de maquettes illustratives et autres supports pouvant faciliter l’accès à l’information scientifique, la conception et la réalisation d’applications et tous supports numériques. “Nous disposons d’une panoplie d’outils pédagogiques ludiques et innovants, réalisés par nos équipes, et traitant de plusieurs thématiques, d’actualité et d’autres qui accompagnent les programmes scolaires marocains et français », selon Badr Bellahcen.








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