En dehors du cas des petites bonnes qui suscite l’émoi populaire et sociétal de temps à autre, l’utilisation des enfants, notamment pour l’accomplissement de tâches pénibles ou périlleuses, est une réalité bien connue dans notre pays, dont on a malheureusement longtemps préféré détourner notre regard.
Qu’elles soient apprentis mécaniciens, maçons, forgerons, artisans, bergers ou agriculteurs, ces petites mains du secteur primaire et de la petite industrie populaire nationale font en effet partie intégrante de notre paysage urbain et rural où les petits travailleurs sont considérés comme les projets de futurs professionnels accomplis dans leurs secteurs d’activité respectifs. Pire, le phénomène des enfants travailleurs est souvent considéré avec un certain regard approbateur comme un outil indispensable de transmission de savoir-faire.
Ce phénomène révèle pourtant une réalité sociale des moins glorieuses où des enfants, issus de milieux défavorisés et précocement déscolarisés, sont condamnés en raison de leur extraction sociale pauvre à travailler pour pouvoir subvenir à leurs propres besoins et à ceux de leurs familles démunies. Et dans la majorité des cas (60,5% selon le HCP), ces enfants sont contraints de travailler dans des conditions dangereuses, malsaines… qui peuvent les exposer à des blessures, des maladies et des fois même à la mort !
Il est vrai que le phénomène a connu une baisse notable durant cette dernière décennie, mais il n’empêche que l’approche adoptée par le Royaume pour lutter contre l’asservissement des enfants demeure non contraignante. Les 54 points d’inspections de travail et les quelque 17 centres des organes territoriaux dont jouit le Royaume contribuent à limiter les infractions, mais, aujourd’hui, il faut renforcer davantage les garde-fous du secteur, multiplier les enquêtes et traquer les contrevenants aux niveaux local et national.
Malgré tout, tous ces dispositifs n’auraient pas l’effet escompté tant que l’on ne s’attaque pas au fond du problème, qui n’est autre que la pauvreté.