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La grande évasion des blouses blanches


Rédigé par Soufiane CHAHID le Mardi 20 Juin 2023



La grande évasion des blouses blanches
Ils sont 600 à 700 médecins à quitter le territoire chaque année, soit 30% des médecins formés au Maroc. Ce sont les derniers chiffres dévoilés par la Fondation des enseignants-médecins libéraux, qui confirment une hémorragie des cadres médicaux qui n’est pas prête de s’arrêter.

Le phénomène a été même décrit avec fatalisme par le ministre de la Santé Khalid Ait Taleb, lundi dernier au Parlement, comme l’obstacle principal à la réussite de la réforme du système de santé. Malgré les récents efforts consentis dans la revalorisation des salaires, le gouvernement reste impuissant devant la fuite de ces profils considérés comme l’élite de notre système universitaire de formation.

Il faut savoir que cela prend au minimum six ans pour former un médecin généraliste, et que cette formation implique la mobilisation de moyens techniques et nanciers importants. Ainsi, le coût supporté par l’État pour la formation d’un étudiant en médecine se situe entre 87.000 et 126.000 dirhams par an, faisant de ces pro ls les plus chers à former pour le contribuable.

La solution proposée par Khalid Ait Taleb de multiplier les Facultés de médecine et d’augmenter le nombre des étudiants en médecine sonne comme un aveu de faiblesse. Le Maroc, dont les moyens sont limités, va-t-il accepter de dépenser des millions de dirhams chaque année a n d’exporter ses médecins vers l’Europe et le Canada ? Surtout qu’il subsiste des déserts médicaux dans une grande partie du territoire marocain et qu’avec une population vieillissante, les besoins médicaux ne vont que s’accentuer.

Mais si la question de la fuite des médecins, en particulier, et des professionnels de santé, en général, occupe le devant de la scène, en vérité aucun corps de métier n’échappe à ce phénomène. En commençant par les ingénieurs qui changent de cieux une fois le diplôme en poche, ou encore les techniciens dans divers domaines, les intellectuels, les artistes, les travailleurs manuels… Chaque année, ce sont des milliers de professionnels de tous bords qui s’en vont grossir les rangs des “MRE”.

La rémunération est certes une raison importante, mais elle n’est pas la seule. Les jeunes ont besoin d’un environnement désirable dans lequel ils peuvent évoluer, et qui inclut aussi bien les services publics que la liberté et la sécurité. A nous de leur construire le projet d’un Maroc nouveau et dynamique dans lequel ils s’identi ent.



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